Mayotte : que vont devenir les étrangers visés par l’opération Wuambushu ?

L'opération Wuambushu doit débuter à la fin de la semaine à Mayotte, après le Ramadan. Cette action d’envergure, avec déploiement massif des forces de l’ordre vise à éloigner les étrangers en situation irrégulière des bidonvilles. Mais rien ne permet d’affirmer aujourd’hui qu’ils seront relogés ni même acceptés par leur pays d’origine.

Wuambushu (« reprise » en mahorais)  est une opération conduite par les forces de l’ordre à Mayotte. Bien qu’elle n’ait, à ce jour, pas été officiellement reconnue par le gouvernement, l’arrivée massive de renforts dans le 101eme département conforte la thèse d’une opération d’envergure en préparation. Objectif poursuivi : raser les bidonvilles et les vider de leurs habitants en situation irrégulière, en majorité d’origine comorienne.

Des étrangers sans papiers soumis à une mesure d’éloignement

A ne pas confondre avec l’expulsion, la procédure d’éloignement ou Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) impose aux autorités de placer les personnes interpellées dans un centre de rétention administrative. Elles y resteront le temps nécessaire à leur départ, tout dépendra de la décision de l’Etat Comorien.

Si l'Etat comorien refuse de les accueillir, ces personnes seront remises en liberté puisque rien, à ce moment-là, ne justifie qu'elle soient privées de liberté

Mihidoiri Ali , avocat spécialisé dans le droits des réfugiés

La destruction de bidonvilles… et après ?

 

Depuis l’annonce de l’opération Wuambushu dans les colonnes du Canard Enchainé, les associations de la diaspora comorienne ont partagé leur inquiétude quant au sort réservé aux habitants des bidonvilles.

Des craintes infondées selon Mansour Kamardine, député LR de Mayotte, pour qui l’Etat français n’en est pas à sa première opération de « décasage » à Mayotte. L’élu rappelle qu’aucune personne délogée n’a été laissée à la rue.

Il  balaie par ailleurs d’un revers de main, la condamnation  de la Cour Européenne des Droits de l’Homme du 25 juin 2020. La France a été épinglée pour avoir expulsé  des personnes en situation régulière sans aucune possibilité de recours.

Cette condamnation n'est pas un frein, elle invite au contraire à améliorer les procédures

Mansour Kamardine, député LR de Mayotte

Enfin le parlementaire  mahorais rappelle que les opposants à l’opération Wuambushu n’ont pas le monopole de l’humanisme.  « Au sein des institutions, il y aussi  des hommes et des femmes épris de liberté et d'humanisme qui font les choses dans le  respect, personne ne sera lésé» a-t-il affirmé ce mardi 18 avril, dans Gran Matin, sur Réunion la 1ère.