Migrants sri-lankais : que va-t-il arriver à Rusgan après l'injonction de retour du tribunal administratif ?

Rusgan, Sri-lankais expulsé lundi du territoire français, pourrait être en danger.
Lundi, Rusgan, Sri-lankais arrivé à La Réunion il y a quelques années, a été expulsé du territoire français. Mais depuis, le tribunal administratif a décidé d'une injonction de retour à la lumière des dangers qui pèsent sur lui au Sri Lanka. Son retour doit être organisé dans les prochains jours.

Lundi matin, le 18 septembre 2023, sept ressortissants sri-lankais ont été reconduits à la frontière, placés dans un avion, affrêté par la préfecture de La Réunion, en direction de Colombo au Sri Lanka. Leur demande d'asile a été rejetée. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

VS Un migrant sri-lankais expulsé un peu trop tôt par les autorités françaises, suite

Parmi eux, Rusgan, un jeune Sri-lankais arrivé dans l'un des bateaux de migrants en 2018. S'il a été reconduit dimanche, il avait rendez-vous l'après-midi même pour présenter de nouveaux éléments qui auraient pu changer la donne et lui éviter un retour au Sri Lanka. Car sur place, son avocate Me Nacima Djafour, craint des mauvais traitements, alors que son père a déjà été enlevé et que sa famille fait l'objet de menaces. 

"Le retrouver ne sera pas le plus complexe"

Lundi soir, le tribunal administratif a réexaminé le dossier de Rusgan et délivré une injonction de retour, à la lumière des risques de représailles à son encontre au Sri Lanka. Mais son exécution paraît bien compliquée, d'après son avocate Me Nacima Djafour, qui reste en contact avec le jeune Sri Lankais. 

"Il est toujours à Colombo. Le retrouver ne sera pas l'étape la plus complexe, mais par contre ça pourrait être plus compliqué d'organiser le voyage de retour et d'obtenir la délivrance d'un laisser-passer consulaire", s'exprime-t-elle.

Une situation dangereuse 

Après cette décision d'injonction de retour, c'est à l'administration de prendre en charge le voyage, explique l'avocate, qui craint que plus longtemps Rusgan restera là-bas, plus il risque des mauvais traitements de la part des autorités. Car, si dans un premier temps il aura à faire aux services de l'immigration, à son arrivée, dans les prochains jours, ce sont les services des renseignements, des forces spéciales de police, ou les militaires, qui pourraient s'en mêler. "Dans l'immédiat, on peut espérer qu'il ne lui arrivera rien, mais dans les prochains jours, s'il retourne chez lui, ça risque d'être beaucoup plus dangereux", achève Me Nacima Djafour. 

"Il se cache un peu"

Audrey Clausse, la présidente de l'association Réunion Solidarité Migrants, a pu avoir des nouvelles de Rusgan cette nuit. Il sortait alors du bureau d'investigations de la police aux frontières de Colombo. "Il est en déplacement, il se cache un peu des autorités", raconte-t-elle. Les Sri-lankais renvoyés de La Réunion ont été, dit-elle, "sous contrôle judiciaire, assignés à résidence sous surveillance constante des autorités, et convoqués à une audience". 

La présidente d'association se dit aujourd'hui soulagée de la décision du tribunal administratif. 

"Je suis soulagée que Rusgan puisse revenir et qu'il puisse croire à nouveau à la justice et faire exercer ses droits, puisqu'il a été persécuté par les autorités de son pays et s'est aussi trouvé dans une situation injuste ici"

Audrey Clausse, présidente de l'association Réunion Solidarité Migrants

Cinq jours pour organiser le retour 

Désormais, l'avocate de Rusgan comme l'association Réunion Solidarité Migrants espèrent voir le jeune homme revenir rapidement sur le territoire français. Selon la loi, l'Etat a cinq jours pour exécuter l'injonction de retour et donc organiser le voyage de Rusgan vers la France. "Si la décision est exécutée comme elle doit l'être, Rusgan devrait être de retour sur le territoire d'ici dimanche", souligne Audrey Clausse.  

"Il ne s'agit pas d'une mission impossible"

En théorie, cela devrait être simple, selon l'avocat Me Mihidoiri Ali, qui souligne que Rusgan doit se rapprocher du consulat de France au Sri Lanka. "Il peut s'y rendre à tout moment", dit l'avocat.

"Il suffit qu'on lui délivre un laisser-passer ou un visa, pour qu'il puisse prendre l'avion et revenir à La Réunion. Il ne s'agit pas d'une mission impossible ou d'une exfiltration, il s'agit juste de jouer avec le bon sens". 

Me Mihidoiri Ali, avocat