Les chiffres de Parcoursup à La Réunion sont pour la première fois analysés dans une étude publiée par l'Insee, en partenariat avec l'Education nationale, ce mardi 10 décembre 2024.
L'étude publiée sur "les orientations et les mobilités post-bac à La Réunion" s'intéresse aux élèves qui ont eu leur bac à La Réunion en 2022 et qui ont souhaité prolonger leurs études en acceptant une inscription sur Parcoursup.
Peu de départs vers l'Hexagone
L'Insee constate que les élèves de La Réunion "souhaitent moins souvent quitter leur région que dans des territoires comparables". En effet, les néo-bacheliers sont moins nombreux à sauter la mer : 19% à peine à La Réunion, contre 29% pour la Martinique et 26% pour la Guadeloupe.
Les jeunes Réunionnais restent donc de plus en plus sur l'île. Ce choix correspond aussi au développement des filières de formations.
L'offre est peut-être meilleure. Dans tous les cas, il faut avoir à l'esprit qu'il y a potentiellement autant d'offres de formations que de candidats sur Parcoursup, ce qui voudrait dire que personne ne partirait car l'offre existe à La Réunion et que ça pourrait répondre à toutes les demandes. Bien évidemment, ce n'est pas aussi simple, parce que toutes les spécialités n'existent pas ici. Par conséquent, il faut garder cette possibilité d'ouverture qui représente une possibilité pour environ 15 % des jeunes d'une classe d'âge, chaque année.
Michel Muller, conseiller du recteur pour l'information et l'orientation
Les jeunes bacheliers s'orientent plus vers les BTS à La Réunion
À La Réunion, en 2022, les néo-bacheliers sont plus souvent diplômés des baccalauréats professionnel et technologique qu'ailleurs dans l'Hexagone ou en Outre-mer. Sur l'île, ils s'orientent davantage vers un BTS, notamment pour ceux qui ont une mention au bac professionnel. Ainsi, 25% des élèves acceptent une proposition d'inscription en BTS contre 19% dans l'Hexagone.
Sur les 10 700 élèves qui ont obtenu leur bac à La Réunion en 2022, ce sont 8 280 élèves qui acceptent une proposition d'inscription à une formation à l'issue de la phase principale de Parcoursup.
Ces élèves sont plus souvent issus d'un bac pro à La Réunion. Parmi ces élèves, on en a 20% qui viennent d'un bac pro alors que c'est 12% dans l'Hexagone. Cet écart se justifie par le fait que l'origine sociale est plus modeste à La Réunion que dans l'Hexagone. Le milieu professionnel des parents va avoir un impact sur l'orientation des élèves.
Aurore Fleuret, cheffe de projet à l'Insee
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Plus d'élèves d'origine modestes dans les filières "prestigieuses" en Outre-mer
Les filières dites "prestigieuses" telles que la médecine, les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et les écoles d’ingénieurs ou de commerce recrutent sur dossier. Elles sont plus accessibles aux jeunes qui ont une mention au bac et qui ont donc plus souvent une origine sociale favorisée, relate le rapport de l'Insee.
Cependant, dans ces filières dites "prestigieuses", à La Réunion tout comme aux Antilles, la part d’élèves d’origine sociale modeste est plus importante que dans l’Hexagone.
Par exemple, d'après les chiffres communiqués par le rectorat et l'Insee, à La Réunion, 35% des élèves qui valident une proposition d’admission en classe prépa sont d’origine défavorisée ou moyenne, contre 20% dans l’Hexagone. Cela s’explique notamment par des dispositifs qui visent à élever l’ambition des élèves, tels que les bourses, les aides à la mobilité, les cordées de la réussite.
Des choix d'orientation plus genrés qu'ailleurs à La Réunion
Les choix d'orientation sont aussi plus genrés qu'ailleurs. D'après les analyses menées conjointement par le rectorat et l'Insee, dans les filières "prestigieuses", à origine sociale identique, filles et garçons ne choisissent pas les mêmes orientations, ce qui reflète des choix différents dès le lycée.
Ainsi, à La Réunion, 78% des élèves ayant formulé un souhait d’inscription en classe préparatoire littéraire sont des filles, alors qu’elles ne sont que 29% pour les classes préparatoires scientifiques et les formations aux écoles d’ingénieur.
Même tendance pour les choix universitaires des filles et des garçons. La licence économie et gestion, par exemple, attire 59% de filles contre 48% dans l’Hexagone et 47% aux Antilles. À l’inverse, les filles sont encore moins représentées qu’ailleurs dans les filières "masculines" comme en STAPS : 20% contre 31% dans l’Hexagone et 25% aux Antilles.
La majorité des Réunionnais font leurs études sur l'île
Il y a un peu plus de deux ans, en juillet 2022, sur Parcoursup, 6 730 élèves valident un vœu d’inscription à La Réunion pour étudier en première année dans le supérieur, ce qui représente quatre élèves sur cinq.
Parmi eux, 3 130 élèves restent à La Réunion, mais ils changent de zone : 2 030 jeunes bacheliers s’orientent vers une formation située dans le Nord de l’île et 780 étudiants dans le Sud. 3 600 élèves de La Réunion acceptent une proposition d’admission leur permettant de rester étudier dans leur zone de résidence.
Les arrivées d'étudiants à La Réunion sont peu nombreuses. Sur les 720 jeunes qui viennent étudier en première année sur l’île, 500 sont d'origine Mahoraises et s’orientent principalement vers une licence.