Municipales 2020 : les Réunionnais restent attachés à leurs élus malgré la crise des Gilets Jaunes

Faut-il s’attendre à un grand bouleversement du paysage politique réunionnais lors des municipales de 2020 ? Selon le baromètre Sagis pour Réunion la 1ère et le JIR, la crise des Gilets Jaunes n’aurait pas eu raison des élus locaux. Le "dégagisme" massif évoqué alors n’aurait finalement pas lieu.
A six mois des élections municipales, la société de sondages SAGIS publie les résultats d’un baromètre de popularité des principales personnalités politiques réunionnaises. Qui bénéficie de la bonne opinion de la population ? Qui est au contraire plus sévèrement jugé ? L’étude propose une tendance recueillie sur l’ensemble de l’île.

Réalisé du 24 juillet au 3 août dernier auprès de 500 personnes constituant un échantillon représentatif de la population de La Réunion, ce baromètre veut prendre le pouls à six mois des élections municipales et au lendemain de la crise des Gilets Jaunes. Le renversement des élus promis par certains pourrait-il avoir lieu ?
 

Vers un renversement politique post-Gilets Jaunes ?

Le discours de défiance envers la classe politique entendu durant la crise des Gilets Jaunes va-t-il se confirmer dans les urnes les 15 et 22 mars prochains lors des élections municipales ? Lors des dernières européennes, les votes protestataires ont été nombreux, s’orientant vers les partis très à gauche ou très à droite. Une tendance déjà présente lors de l’élection présidentielle de mai 2017 et qui s’est accentuée avec la crise de Gilets Jaunes.  

Une partie de la société réunionnaise a alors exprimé sa défiance envers la classe politique, mais peut-être pas envers les élus locaux. Selon les résultats du baromètre SAGIS pour Réunion la 1ère et le JIR, la crise de confiance semble davantage se porter sur la gouvernance nationale. L’action publique serait principalement concernée.
 
 

Défiance envers l’action publique

La popularité du duo à la tête de l’exécutif national en atteste. Selon les résultats recueillis, les cotes de popularité d’Emmanuel Macron et de Edouard Philippe sont basses, respectivement 23% et 35%, soit moins encore qu’au niveau national, 31% et 32% à la même période. 76% des sondés déclarent même avoir une mauvaise opinion du président de la République, plus sévèrement jugé que son premier ministre, à 55% d’opinions défavorables.
 

La cote de confiance du gouvernement est, elle, au plus bas. 82% des personnes interrogées disent ne pas faire confiance au gouvernement pour améliorer la situation à La Réunion. Seuls 16% semblent confiants. Si le gouvernement est jugé sévèrement, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, semble tirer son épingle du jeu. Elle bénéficie d’une opinion favorable à 56% contre 40% d’opinion négative. Sa gestion de la crise des Gilets Jaunes lors de sa venue à La Réunion fin novembre dernier pourrait en être la raison.

Les présidents de Région et de Département, Didier Robert et Cyrille Melchior, ne s’en sortent pas si mal. Leur cote de popularité s’élève tout de même à 51% et 56%. A noter qu’avec près de 47% d’opinion défavorable, contre 25% pour Cyrille Melchior, Didier Robert semble plus clivant.
 

38% prêts à voter pour le maire actuel

Si le premier tour des élections municipales avait lieu dimanche prochain, 38% des personnes interrogées prêtes à aller voter choisiraient le maire actuel. Ainsi, le baromètre révèle qu’il n’existe pas de volonté massive de changer d’élus et donc de sanctionner au niveau local.
 

La tendance observée lors des dernières échéances électorales, à savoir la montée du vote protestataire, ne semblerait donc pas se retrouver pour les municipales. Il faut dire que le comportement des électeurs pour ce scrutin est bien souvent très différent. Ces élections sont en effet plus personnalisée et donc moins partisanes.

Les municipales sont aussi des élections très difficiles pour les nouveaux, la primeur étant le plus souvent donnée aux candidats connus, c’est en tout cas une constante réunionnaise.
 

Bello, Miranville et Bareigts à plus de 70% d’opinion favorable

Le discours généralisant de rejet des politiques peut être d’autant plus nuancé à la vue des tendances de popularité recueillies. Si rejet massif il devait y avoir, certaines cotes n’atteindraient alors pas les 70% ou plus d’opinion favorable.

En tête de classement, on retrouve 3 femmes. Ainsi à l’échelle de l’ensemble de l’île et non par commune, la députée Huguette Bello, la maire Vanessa Miranville et la députée Ericka Bareigts obtiennent respectivement 83%, 72% et 72% d’opinion favorable. Elles sont suivies de près par le député Jean-Hugues Ratenon, apprécié par 70% des personnes interrogées.
 
André Thien-Ah-Koon, maire du Tampon, bénéficie lui aussi d’une bonne popularité, sa cote s’élevant à 66%. Inversement, les sondés pose un regard très critique sur l’action menée par Joseph Sinimalé, le maire de Saint-Paul. La sénatrice Nassimah Dindar, le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette, et celui de Saint-Pierre, Michel Fontaine, se situe dans la bonne moitié, les autres sont en revanche en-dessous. La sénatrice Viviane Malet semble pour sa part laisser indifférents les Réunionnais.
 

46% des électeurs voteraient pourtant pour un autre candidat

Si 38% des électeurs interrogés seraient prêts à voter pour le maire actuel, 46% choisiraient un autre candidat. Cela signifie qu’il n’existe pas de volonté de " dégagisme " automatique et que tous les élus ne basculeraient pas pour autant. A six mois des élections municipales, le match reste donc ouvert, selon Philippe Fabing, directeur des études politiques de Sagis.
 

" Les maires en place ne sont pas majoritairement souhaités pour faire un mandat supplémentaire, mais il n’y a pas de rejet tel qu’ils partiraient déjà battus ", selon Philippe Fabing.


Ces municipales sont des élections à enjeux extrêmement forts car elles vont redessiner toute une gouvernance réunionnaise. De leurs résultats dépendront ceux des départementales et des régionales qui suivront. Aux termes de ces scrutins locaux, l’ensemble du paysage politique réunionnais sera réélu pour plusieurs années. Les municipales pourraient ainsi bien faire figure de mère de toutes les batailles.