Océan Indien : les thons albacore, obèse, germon et listao en danger d'extinction

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L’avenir des thons dans l’océan Indien est suspendu aux intérêts économiques. Les discussions, début février 2023, entre les états de la zone et la Commission des thons de l’océan Indien avancent très lentement. Des accords pour réduire le nombre de DCP sur les thoniers senneurs sont signés.

Les accords signés à Mombasa au Kenya, début février 2023, entre les pays de la zone, Commission des thons de l’océan Indien (CTOI) et l’Union Européenne n’ont satisfait personne.

Finalement, les thoniers senneurs qui travaillent dans nos eaux doivent réduire leur nombre de dispositifs de concentration de poisson de 300 à 250 en 2026. La première proposition nettement plus ambitieuse qui devait aboutir à une réduction de 50% des DCP, soit au maximum 150, n’a pas été retenue, nous apprend L’Express de Maurice.

Des pièges pour les bancs de thons

Un dispositif de concentration de poisson est un « radeau » dérivant au gré des courants. Comme les épaves, le DCP permet de reconstituer la chaîne alimentaire. Il est équipé d'un GPS indiquant au bateau de pêche où il se trouve et donc de revenir vers lui. Le plancton attire les petits poissons, qui eux même sont les proies des bonites, des thons, marlins, requins…

Quand le bateau usine arrive à proximité, le sondeur lui indique s’il doit mettre sa senne à l’eau. Cet immense filet, entoure le DCP et piège le banc de poisson qui s’est installé dessous.

Les thons de l’océan Indien en danger

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Ce mode de pêche est dévastateur. Avant l’apparition des thoniers senneurs européens dans nos eaux, les captures de thons des senneurs étrangers étaient de 20 à 60 tonnes par an. En 1993, le nombre de senneurs et de DCP a explosé. Les captures ont été multipliées par 7 pour atteindre 400 000 tonnes. En gros, depuis l’albacore (thon jaune), le thon obèse (gros yeux) sont en danger d’extinction.

Le thon listao est subitement apparu sur les rayons des supermarchés. Longtemps, la bonite à dos rayé était le poisson du pêcheur. Ce petit thonidé servait d’appât, voire de repas les jours de disette. Aujourd’hui, il est ciblé par les thoniers senneurs.

Pas de pêche pendant trois mois

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Le Kenya devait proposer aux pays invités à Mombasa de voter une suspension de la pêche à la senne trois mois par an. Un texte important pour les organisations qui luttent pour la sauvegarde du thon dans l’océan Indien. Il devait permettre à la ressource de se reconstituer.
Les participants et les observateurs ont été surpris en apprenant que la proposition phare du pays hôte avait été retirée.

Selon Parallèle-Sud : “Les autorités publiques de l’UE et les lobbies industriels ont fusionné en un organisme unique qui, en plus de nuire à la faune et aux écosystèmes marins, porte également préjudice aux économies du Sud”, a déclaré Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM. “La posture de l’UE est en contradiction flagrante avec la philosophie même de son programme d’aide au développement", conclut l’expert.

L’avenir des usines de Maurice et des Seychelles en question

Une usine de transformation du thon à Madagascar. Des structures similaires ont été installées à Maurice et aux Seychelles. Elles ont été financée en grande partie par la Banque mondiale et l'Union européenne

L’île Maurice et les Seychelles sont les deux hubs de déchargement et de transformation du thon pêché dans l’océan Indien destinés au marché européens. 

Ces deux pays, soutenus par l’Europe, ont pesé de tout leur poids dans les débats pour limiter l’incidence des décisions sur leurs usines : "Maurice n'est pas encore une grande nation de pêcheurs. C'est une nation de transformation. Pour cela, Maurice a besoin de matière première. La pêche à la senne représente 20 000 emplois et garantit l'accès au marché de l'UE, ce qui offre de bonnes opportunités à Maurice pour renforcer son économie."

Dans ce contexte général, Europêche Tuna Group a clairement fait part de son inquiétude pour la filière, si la législation venait à  changer : "Nous demandons instamment à l'Union européenne de contester cette décision, en accord avec les pays en développement concernés, afin de sauver la flotte de thoniers senneurs et de soutenir ses Etats partenaires à l'étranger. Dans le cas contraire, l'approvisionnement en thon [des européens] sera abandonné à des flottes non européennes et à des intérêts étrangers".

En clair dans une économie mondialiser, la question est désormais : comment faire pour préserver la biodiversité ?