Sous une case en tôle, Jean-Hugues Bègue de l’association Pêche Protection Environnement tresse les vouves, ces nasses à poissons, confectionnées avec des fibres végétales destinées à la pêche aux bichiques. Il en fabrique 4 à 8 par saison. Chez une personne expérimentée, comptez deux jours pour en fabriquer une.
“Je fais ça depuis que je suis un marmaille. Il faut de la patience, de l’amour, c’est beaucoup de travail”.
Jean-Hugues BègueMembre de l'association Pêche Protection Environnement
Un retour aux techniques de pêche traditionnelles
Depuis décembre 2021, une réglementation spécifique encadre l’activité de pêche des bichiques à La Réunion, avec une période de 6 mois de fermeture chaque année pour favoriser le renouvellement de l’espèce. Parmi la nouvelle réglementation, le passage à des méthodes de pêche moins polluantes. Fini les canaux artificiels en plastique ou en ferraille.
“On aura toujours besoin de ces vouves. De nombreuses personnes veulent apprendre du modèle artisanal. Il y aura aussi une dimension pédagogique où ces personnes vont apprendre à tresser et fabriquer des vouves.”
Jean-Hugues BègueMembre de l'association Pêche Protection Environnement
Regardez le reportage de Réunion la 1ère :
S’adapter à la nouvelle réglementation
Une fois les vouves tressées, direction les canaux. À la Rivière du Mat, l’association Pêche Protection Environnement entame déjà les préparatifs quelques jours avant le début des hostilités. Joseph Damour est président de l’association Pêche Protection Environnement.
"On aménage à la main, on prépare l’ouverture qui va être officialisée dans quelques jours. Dans le chenal principal, on va récupérer 70% de bichiques pour la pêche. Les 30% qui restent seront pour la reproduction du site, on suit la configuration du lit de la rivière. On respecte les deux tiers / un tiers."
Joseph DamourPrésident de l'association Pêche Protection Environnement
Cette méthode dite des deux tiers / un tiers doit être pratiquée par tous les pêcheurs. Dans la nouvelle réglementation, les professionnels ne peuvent détenir plus de quatre vouves par pêcheur. Un quota suffisant pour Joseph Damour. Les amateurs sont quant à eux limités à deux vouves par pêcheur et 3kg de bichiques maximum par jour.
Des embouchures obstruées
Un travail de préparation des canaux essentiel avant la reprise de la pêche. Certains d'entre eux ont vu leur chenal obstrué.
“Pendant les six mois où il n’y a pas de pêche, je viens sur mon canal voir s’il n’est pas obstrué. Mais cette année, il y a un canal à côté de nous qui est bouché. Il appartient à des voisins. Si la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement, la DEAL, ne rouvre pas le chenal, ils ne pourront pas pêcher. Il faut les aider, l’Etat doit les prendre en considération.”
Philippe PauséMembre de l'association Pêche Protection Environnement
L’année dernière 800 kg de bichiques avaient été pêchés, contre des dizaines de tonnes il y a encore quelques années. Cette saison s’annonce cruciale pour les pêcheurs. Si les bichiques reviennent en nombre, la pause de six mois aura porté ses fruits. Dans le cas contraire, l’activité pourrait s’arrêter pendant plusieurs mois, voire années, le temps de remplir à nouveau les stocks de bichiques dans les eaux réunionnaises.