Dans plusieurs pharmacies du département, il devient de plus en plus compliqué de trouver des antiarythmiques, des antibiotiques ou encore des anti-inflammatoires. Les tensions d'approvisionnement sont de plus en plus fortes pour ces médicaments, comme pour d'autres produits.
Comment l'expliquer ? Fred Laroza, pharmacien à Saint-Pierre, donne l'exemple de l'amoxicilline. "C'est un problème très caractéristique puisque la matière première est fabriquée en Asie. On est censé en refabriquer en Europe mais en attendant, il n'y a jamais de quantités suffisantes", explique-t-il.
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"Des ruptures à effet yoyo"
"Tous les laboratoires génériqueurs en fabriquent mais la réception de ces produits est aléatoire", poursuit le professionnel qui parle de "ruptures à effet yoyo".
L'industrie pharmaceutique européenne est donc aujourd'hui dépendante des importations, confirme Claude Marodon, le président de l'ordre des pharmaciens à La Réunion. Et notre département, comme le reste des Outre-mer, fait aussi face à des difficultés d'approvisionnement liées à son éloignement.
"On est tout le temps dans l'ajustement"
"On n'aura pas de résolution définitive à court terme, déplore Claude Marodon. Mais on remet en place la chaine du médicament pour que dans quelques années, on puisse avoir de nouveau un approvisionnement normal".
En attendant, la gestion des stocks de médicaments relève du casse-tête dans les 250 officines de l'île. "On est tout le temps dans l'ajustement", souffle une pharmacienne. "On a à peu près une ordonnance sur quatre où nous sommes obligés d'intervenir et d'appeler les médecins pour essayer de trouver des solutions", témoigne encore Fred Laroza.
Une situation qui ne s'améliore pas
Pour les patients, "il ne faut pas s'alarmer mais consulter son médecin pour trouver un substitut, indique lui aussi Claude Marodon Quand il y a des génériques, c'est facile, mais quand on est obligé de chercher un médicament d'une autre classe thérapeutique, c'est plus compliqué".
Plus de 3 700 médicaments ont subi des pénuries ou des tensions d’approvisionnement en 2022. Et la situation ne s'améliore pas cette année avec déjà 3 500 déclarations de rupture ou risque de rupture à fin août selon l’Agence nationale de sécurité du médicament.