C’est un spectacle exceptionnel que le Piton de la Fournaise offre ces derniers jours. De la Route des Laves, les passionnés peuvent observer en toute sécurité la progression des coulées de lave. De nuit, le phénomène est le plus beau.
Entré en éruption le 19 février dernier, le Piton de la Fournaise était resté sage jusque-là. Ces derniers jours, les choses évoluent cependant rapidement et l’éruption prend une tournure inattendue. En plus de la bouche active du début d’éruption, deux fissures se sont ouvertes en à peine 48 heures. Le front de lave se trouve désormais à moins de 3 km de la route.
Regain d'activité confirmé
Le 5 mars dernier, alors que les scientifiques pressentaient un regain d’activité du fait de différents indicateurs, une nouvelle fissure s’est ouverte sur le flanc Nord-Ouest du Piton Madoré. 5 nouveaux points d’émission de lave ont également été signalés à proximité.
Deux jours plus tard, jeudi 7 mars, une autre fissure est apparue, à 300 mètres de l’évent actif cette fois et à 1 800 m d’altitude. De cette fissure, s’échappent alors 2 belles fontaines de lave de 50 mètres de haut. La coulée principale s’épanche du côté Nord et progresse vers l’Est, en direction de la pente.
L’épisode confirme alors l’augmentation de l’intensité du trémor éruptif, selon les scientifiques de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise qui ont effectué une reconnaissance aérienne avec la SAG et le PGHM hier matin, vendredi 8 mars. D’autres fissures pourraient encore se produire, en attestent les nombreux séismes de ces dernières 36 heures, plus d'une centaine.
Les concentrations relevées en SO² , hier, sont 3 à 4 fois plus importantes qu'au début de l'éruption. Un panache de SO² se propageant à l'Est a même été détecté par les satellites. Il peut ainsi être suivi sur 450 à 550 km, ce qui le fait passer au Sud de l'île Maurice.
Spectacle visible depuis la route
Ces nouvelles fissures alimentent ainsi les coulées de lave, dont la progression dans les Grandes pentes se fait de plus en plus rapidement. Hier soir, vendredi 8 mars, le front de coulée se trouvait ainsi à 700 mètres d’altitude. En 24 heures, 1 km environ a été parcouru. Ce samedi 9 mars au matin, il se trouvait à une distance de la route estimée entre 2,5 et 3 km.Les coulées, bien visibles depuis la Route des Laves, ont attiré les plus courageux. Le ciel s’étant dégagé en fin de journée, quelques curieux ont fait la route pour profiter du spectacle cette nuit. Le reportage sur place de Henry-Claude Elma et Willy Fontaine.
Deux magmas différents pour une même éruption
La mission menée vendredi 8 mars par une équipe de l’OVPF, la SAG et le PGHM a permis d’effectuer des prélèvements de lave, en plus du relevé de l’extension des coulées. Ces derniers montrent ainsi que les laves issues des évents éruptifs du 5 mars et celles du 7 mars sont de compositions différentes.Ces deux laves sont deux basaltes, composition typique du Piton de la Fournaise, mais de nature différente. Les scientifiques de l’OVPF ont fait part ce samedi 9 mars au matin des deux hypothèses envisagées pour expliquer cela.
L’une suppose que le magma des laves émises par la fissure du 7 mars proviendrait d’une source différente de celui émis par la fissure du 5 mars. La seconde hypothèse, un premier stock de magma formé depuis un certain temps à faible profondeur et dégazé aurait été remanié et émis dans un premier temps avant qu’un nouveau magma ne sorte.