Exit le fioul, la centrale EDF du Port-Est passe à la biomasse liquide

Avec ses douze moteurs d'une puissance totale de 212 MégaWatts, la centrale EDF de Port-Est couvre 40% des besoins en production d’électricité de La Réunion et depuis peu, elle ne fonctionne plus au fioul mais avec de la biomasse liquide élaborée à partir d’huile de colza.

Alexandre Sengelin, le directeur de la centrale EDF PEI, désormais rebaptisée "centrale bioénergie", parle d'une "prouesse technologique" puisque la conversion des moteurs s'est réalisée tout en continuant à alimenter l'île en électricité.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Beaucoup moins d'émissions de poussière et de CO2

"Sur le moteur en lui-même, on a changé très peu de pièces mais on a travaillé essentiellement sur les réglages qui nous pemettent d'alimenter quotidiennement le réseau réunionnais", explique-t-il.

Grâce à sa transformation, la centrale devrait émettre 500 000 tonnes de CO2 (dioxyde de carbone) en moins par an, dégager quatre fois moins de poussière et ne plus émettre non plus de soufre.

Le colza, un "carburant vert"...

Frédéric Maillard, le PDG d'EDF PEI, souligne aussi l'intérêt du colza, décrit comme un "carburant vert". "Il n'est pas spécifiquement cultivé pour alimenter la centrale. Il est d'abord planté pour fabriquer du tourteau à destination du bétail, argumente-t-il. Avec une tonne de colza, on peut fabriquer 450 litres d'huile et 550 kilos de tourteau à destination du bétail"....

... importé par cargo maritime

Reste que cette matière première continuera à être importée par bateau, et c'est le grand bémol du discours d'EDF qui parle d'une centrale qui produit désormais "une électricité 100% renouvelable". Le bilan carbone est ainsi loin d'être neutre.

Les plus sceptiques évoquent par ailleurs les surcoûts liés à ce passage à la biomasse liquide. Des surcoûts estimés à plus d'un milliard d'euros par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en novembre 2022.

Importée de l'Hexagone, elle est stockée dans trois grosses cuves d'une capacité de 13 500 tonnes chacune. La centrale bioénergie de Port-Est devrait consommer une cuve toutes les deux à trois semaines pour continuer à fournir la même quantité d'énergie.