Ce vendredi 6 octobre, à l'issue d'une journée de déferrement, deux des quatre mineurs présentés au palais de justice de Champ Fleuri, à Saint-Denis, ont été écroués et mis en examen finalement pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et non pour "assassinat".
Il leur est reproché d'avoir jeté des galets depuis le pont de l'échangeur du Sacré-Coeur, au Port, dans la soirée du samedi 30 septembre. L'un des projectiles avait traversé le pare-brise d'un véhicule et blessé grièvement une jeune femme de 25 ans qui est finalement décédée, le mardi 3 octobre, à l'hôpital.
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Poursuivis aussi pour dégradations
Le parquet de Saint-Denis souhaitait poursuivre les deux jeunes pour "assassinat" et "tentative d'assassinat" mais, le juge qui a été saisi pour mener l'instruction a, lui, retenu une qualification criminelle moins lourde, à savoir celle des coups mortels.
Les deux adolescents ont par ailleurs été mis en examen pour des faits de "violences ayant entraîné une incapacité de 8 jours", "en réunion", "avec arme", et "préméditation", ainsi que pour "dégradations d'un bien destiné à l'utilité publique", des qualifications délictuelles.
Le meneur présumé et son complice écroués à Domenjod
Âgé de 14 ans, le meneur presumé et son complice ont été conduits dans la soirée au centre de Domenjod où ils ont été placés en détention provisoire.
"L'intention de donner la mort et la préméditation n'ont pas été retenues. C'est une satisfaction aujourd'hui que les qualifications collent à la réalité du dossier", a réagi Me Aïza Cadjee, l'avocate du meneur présumé.
L'avocat du complice, le bâtonnier Georges André-Hoarau, a demandé de son côté à ce que son client fasse l'objet d'une protection particulière et d'une expertise psychiatrique. "On est face à une génération qui ne fait pas la différence entre le réel et le virtuel", a-t-il réagi. "[Ils] n'ont même pas conscience de la gravité des conséquences".
Les deux autres mineurs laissés libres
Les deux derniers adolescents ont, eux, été laissés libres et placés sous contrôle judiciaire, à l'issue de leur mise en examen pour des faits de "dégradations" et d'"abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit contre l'intégrité d'une personne".
Ils ont donc pu retrouver leur famille à l'issue des auditions qui se sont terminées dans la soirée. Certains des proches qui ont patienté toute la journée dans la salle des pas perdus du tribunal judiciaire confient ne pas comprendre comment leurs marmailles en sont arrivés là.
Le déroulé des faits
Au fil des auditions pourtant, le déroulé des faits a été retracé. Le groupe de mineurs a passé l'après-midi à la plage et ils ont ensuite raté un premier bus, d'où leur arrivée tardive, dans la soirée, au Port.
Certains d'entre eux auraient alors commencé par caillasser un véhicule de police avant de récupérer un marteau dans un camion et de l'utiliser pour briser la vitre d'un bus en stationnement. Dans le courant de la soirée, le groupe se serait ensuite séparé.
Un charriot rempli de gros galets
Les deux mineurs mis en examen pour les faits les moins graves seraient rentrés chez eux. Tout comme le cinquième jeune qui est, lui, ressorti libre et sans poursuite de garde à vue, jeudi soir, au commissariat Malartic.
Les deux principaux mis en cause ont, eux, récupéré un caddie découvert à proximité d'un fast food et du centre-commercial du Sacré-Coeur, pour le remplir de galets pesant entre un et trois kilos. Des galets et un caddie que les deux principaux mis en cause ont ensuite projeté sur la quatre-voies, avec l'issue mortelle que l'on connait.