"Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse faire une chose pareille... Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse tuer mon enfant, qu'il puisse tuer sa maman..." Malgré la douleur immense qui la touche, Carole a encore du mal à croire qu'Abraham B., 39 ans, soit l'auteur de ce double meurtre familial, puis de la prise d'otage mortelle de samedi matin.
"Pour moi, c'est dans les films qu'on tue les gens comme ça... C'est pas normal", réagit encore la mère endeuillée. L'auteur présumé des faits a tué sa propre mère, Yvonne, 69 ans, ainsi que Lorane, sa nièce de cinq ans que la sexagénaire gardait pour Carole.
"Sa tête y bloque"
Ce matin-là, rien dans son attitude ne semblait suspect. Abraham B. vivait chez sa mère. Son entourage le décrit comme quelqu'un de réservé et de taciturne, ne parlant à personne au-delà d'un bonjour.
Mais ses proches rajoutent que de temps en temps, il arrivait que "sa tête y bloque", qu'il déraille. Des crises qui l'auraient conduit à séjourner en hôpital psychiatrique il y a une dizaine d'années, indiquent encore ces derniers.
"Avant il tapait tout le monde"
"Il était un peu "gazé", c'est sa maman qui l'a envoyé là-bas", rajoute Harry, le compagnon de Carole et le père de la petite Lorane.
"Avant il tapait tout le monde, et même son papa, explique encore Harry. C'est pour ça qu'on l'a poursuivi et que son papa a quitté la maison".
Revoir le reportage de Réunion la 1ère :
Jugé en 2008 pour des violences
Abraham B. n'a officiellement aucune mention à son casier judiciaire, a précisé la procureure de Saint-Denis Véronique Denizot lors d'un point presse organisé samedi après-midi.
Mais l'intéressé a bien été poursuivi et reconnu coupable pour des violences en 2008. Reste qu'il a été dispensé de peine, peut-être en raison de ses antécédents psychiatriques.
Selon la procureure, "à aucun moment, [l'auteur présumé des faits] n'a exprimé de mobile particulier pour ces faits". Pour les proches du trentenaire, c'est donc toujours l'incompréhension.
Pas d'autre plainte contre lui
"Il vivait avec sa maman, il ne travaille pas", confirme Carole. "Récemment, sa maman s'était cassé le pied", poursuit la mère de la fillette tuée. Certains se demandent ainsi si Abraham B. n'était pas également violent avec la sexagénaire.
Mais aucune nouvelle plainte n'est jamais venue confirmer de tels soupçons. "Il a peut-être bu ou pris de la drogue", se demande encore Carole.
"Je reste chez moi, je sauve des vies"
Sur l'une de ses trois pages Facebook, Abraham B. s'affiche torse nu avec ce qui ressemble à un joint à la bouche. Sur une autre, c'est cette fois-ci une bouteille de bière qu'il porte à la bouche et sa cigarette derrière l'oreille.
Sur la troisième page, il arbore des lunettes de soleil d'une célèbre marque de sport. Et puis il y a ce message qui s'affiche en faisant défiler les publications sur son "mur" : "Je reste chez moi, je sauve des vies". Un message évocant la crise passée du Covid.
Un intérêt pour les arts martiaux et les armes blanches ?
L'un de ses profils révèle aussi un certain intérêt pour les arts martiaux, dont l'aïkido, mais aussi les cours d'autodéfense publiées par un certain "professeur Ahmed Al-Houli".
Cet homme se présente comme un coach en arts martiaux et publie notamment sur les réseaux sociaux des vidéos de démonstration de combattants armés de couteaux ou encore d'une hache.
"L'hypothèse terroriste n'est absolument pas retenue"
La procureure Véronique Denizot souligne qu'Abraham B. n'est pas connu pour radicalisation et qu'il ne fait l'objet d'aucune fiche. "Il n'y a à ce stade aucune motivation terroriste, l'auteur présumé des faits n'est pas connu pour des éléments de radicalisation".
Pour la cheffe du parquet de Saint-Denis, "toutes les hypothèses sont ouvertes mais à ce stade, l'hypothèse terroriste n'est absolument pas retenue". Le mystère reste ainsi entier quant à l'origine de ce qui a été qualifié hier de "crise de démence".