Pourquoi la baleine Billy a été enfouie à La Réunion ?

La dépouille de la baleine Billy a été enfouie au Cap La Houssaye.
C’est une première en France, selon la préfecture de La Réunion. Ce vendredi 9 novembre, la dépouille de la baleine Billy, échouée sur nos côtes le 29 octobre dernier, a été enfouie au Cap La Houssaye. Retour sur cette opération.
 

Acte 1 : Billy s’échoue

Le 29 octobre dernier, la baleine Billy s’échoue sur les côtes, près de la Pointe du Gouffre, aux pieds de la Nouvelle Route du Littoral. Malgré deux opérations de sauvetage, impossible de ramener le cétacé vers l’océan. 24 heures plus tard, la baleine décède. Le destin de Billy suscite l'émotion de nombreux Réunionnais.
La baleine échouée à la Pointe du gouffre


Acte 2 : L’autopsie

Très vite, des questions se posent. Quelles sont les raisons de la mort du cétacé ? Pourquoi Billy est décédée à cet endroit ? La dépouille de la baleine est alors transportée au Port pour une autopsie. Des vétérinaires sont à pieds d’œuvre durant une journée entière.

Les résultats tombent : Billy est une femelle âgée de 4 ans, à peine sevrée. Elle pèse 21 tonnes et souffrait d’une parasitose et de l’obstruction d’un rein par des vers. Les douleurs intenses qu’elle ressentait expliquent probablement son comportement d’errance et sa désorientation, selon les scientifiques.
 
La baleine Billy souffrait d'un rein, selon les premiers résultats de l'autopsie.
 

Acte 3 : Les options envisagées

Que faire du corps de Billy ? Dans les jours qui suivent, les autorités, des scientifiques bénévoles, et les vétérinaires de l’association Globice sont mobilisés pour tenter de trouver une solution. L’animal de 21 tonnes est en état de décomposition.

La préfecture explique que la première option envisagée est de découper le corps de la baleine et d’envoyer les morceaux en haute mer, loin des côtes et hors des courants maritimes. Découper le cétacé permettait ainsi d’éviter les risques de collision avec des bateaux. Problème : la dépouille a été congelée en deux parties, dans deux containers, et la remettre à la mer nécessite une opération trop complexe. Il n’y a pas de moyens adaptés pour la renvoyer au large.

La seconde option envisagée est l’équarrissage. C’est ce qui a été fait pour les organes prélevés lors de l’autopsie. Ils ont été brûlés. Mais compte tenu du volume de chair trop imposant, le reste de la dépouille ne peut être brûlée. Billy n’entre pas dans le four.

Regardez le reportage de Laurent Figon et Alix Catherine :
©reunion
 

Acte 4 : L’enfouissement

Les autorités décident alors d’enfouir la baleine. Un terrain stable, neutre et appartenant à l’Etat est choisi, avec un hydrogéologue du BRGM, le Bureau de Recherche Géologique et Minier, au niveau du Cap La Houssaye, face à la mer.

Les containers où ont été stockés Billy sont débranchés pour permettre à la chair de se décomposer plus vite et faciliter l’enfouissement. Hier, jeudi, un trou est creusé d’une profondeur de 4,5 mètres d’une largeur de 4m et d’une longueur de 12m. Ce vendredi, Billy y a été déposé sur un lit de chaux vive pour permettre sa décomposition dans de bonnes conditions. Elle a ensuite été recouverte par une épaisse couche de chaux vive, près de deux tonnes au total, puis de terre.

Il faudra un à deux ans pour que la chair de l’animal disparaisse, le reste du corps, les os et les arrêtes disparaîtront ensuite. Il faudra 25 à 30 ans pour une disparition totale de l’animal. Les autorités affirment que cela ne représente aucun risque sanitaire pour la population. Du sauvetage à l'enfouissement, le coût total des opérations est compris entre 25 000 et 30 000 euros.

Regardez le reportage de Thierry Chapuis : 
©reunion
 

Acte 5 : Quid des prochaines fois ?

Les services de l’Etat ont décidé d’établir un protocole si jamais une telle expérience se reproduit. Désormais, une autopsie sera pratiquée si besoin, mais l’animal ne sera pas congelé. Ses organes vitaux devront être envoyés à l’équarrissage et le reste de l’animal sera découpé plus rapidement et envoyé au large en plusieurs morceaux. Ainsi, sans congélation, les étapes seront raccourcies.

Billy devrait donc rester la première et dernière baleine à être enterrée dans l’île. D’après les autorités, il ne devrait plus y avoir d’enfouissement de baleine à La Réunion.