Le défilé des partisans du Collectif des dix candidats, samedi après-midi dans la capitale malgache, a entraîné de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. À l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, la tension est clairement montée d’un cran.
Les manifestants opposés au président sortant ont affiché leur intention en déclarant haut et fort : "Il est temps de mettre fin à cette manifestation pacifique, il faut sortir les griffes", écrit Midi-Madagascar.
Alors que le cortège se dirigeait, une fois encore en direction de la Place du 13 mai, certains partisans du Collectif ont érigé des barricades à proximité du Cosmos Behoririka dans le quartier d’Analakely. C’est là que s'est déroulé l’essentiel des affrontements.
Des manifestants et des gendarmes blessés
Les cordons de gardes mobiles prépositionnés ont essuyé une pluie de pierres. Ils ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Les militaires ont fait reculer les belligérants et ont démonté les barricades installées à Antaninandro, Andravoahangy et Ankadifotsy.
Dix manifestants ont été interpellés et placés en garde à vue, quatre militaires et de très nombreux partisans ont été blessés. Un père de famille, qui a reçu un flash Ball dans le visage, a perdu un œil.
Les commandants malgaches de la gendarmerie ont affirmé devant la presse que les quatre gardes blessés avaient été touchés par des flèches. Ils auraient également saisi sur le sol des barres de fer. Des accrochages très violents sont à craindre jeudi 16 novembre, jour du premier tour.
Des observateurs internationaux
Des observateurs de la Communauté de développement des Etats d’Afrique Australe (SDAC) sont déployés à travers Madagascar. Leur mission est de s’assurer que l’Etat organise les élections dans le respect "des dispositions pertinentes, les principes et les lignes directrices régissant les élections démocratiques de la SDAC". (La SDAC : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Comores).
Afin de lever toute ambiguïté sur le rôle des observateurs présents, le chef de mission a expliqué à L’Express de Madagascar : "Nous sommes ici pour observer. Je pense qu’il est essentiel de savoir que nous n’avons pas mandat de reporter des élections, ou donner des conseils en ce qui concerne les élections".
Un débat entre les trois candidats
Andry Rajoelina, Siteny Randrianasoloniaiko et Sendrison Daniela Raderananirina, les trois candidats en campagne devraient débattre, ce lundi soir, à la télévision. Contrairement au Collectif des dix autres postulants, ils ont parcouru le pays et tenu des meetings.
Siteny Randrianasoloniaiko, ancien membre du Collectif, s’est lancé dans la course, fin octobre 2023, sera-t-il présent ? Samedi, le candidat n°13 voulait tenir son dernier meeting au stade Makis Andohatapenka, mais un match de rugby était déjà programmé.
Dimanche, le favori du prochain scrutin, Andry Rajeolina, a terminé sa campagne devant plusieurs milliers de partisans réunis au Coliseum. Assuré de sa victoire, éventuellement au premier tour, le président sortant a souligné le succès de cet ultime rendez-vous, note 2424.mg : "Onze candidats sont venus avec des artistes de renom mais n’ont pas réussi à remplir [le Coliseum]. Cela signifie que la population malgache ne veut plus de trouble et de crise".