Procès Valencourt : l’évêché se constitue partie civile

Augustin Valencourt, ex-patriarche de l’association « Marie porte du ciel » est jugé en correctionnelle pour abus de faiblesse. Monseigneur Gilbert Aubry, évêque de La Réunion, a dénoncé les pratiques sectaires du prévenu et s’est constitué partie civile.
Augustin Valencourt comparaît depuis ce jeudi 15 juin 2017 devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre pour abus de faiblesse. Il n’est pas seul à la barre. Trois autres membres de sa famille sont poursuivis pour complicité.
Les faits visés par la justice se limitent à la période 2012/2015. Pendant ces trois années et peut-être beaucoup plus, Augustin Valencourt et ses proches organisaient toutes les semaines des groupes de prières. Une pratique, répandue dans le département. En revanche, ce qui l’est beaucoup moins, c’est de profiter de ces réunions pour mettre en place un commerce. Un commerce facilité par l’état psychologique et physique des adeptes. C’est bien, cela que vise la procédure.
 
Plus de trois millions d’euros en trois ans
 
En trois ans, les Valencourt ont empoché plus de trois millions d’euros avec lesquels ils se sont offert des berlines allemandes de luxe et des voyages au Canada, au Japon ou à Dubaï. En fait, tout était payant. Le moindre colifichet, la plus petite médaille, l’huile d’olive du supermarché reconditionné dans des fioles et censée posséder des pouvoirs. 10 euros, la messe, certaines victimes en avaient acheté 120, malgré de maigres revenus.
Monseigneur Aubry, comme la justice, rejoint la justice et a condamné ces dérives sectaires précisent que le prévenu : « A bafoué les valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité », mais aussi les valeurs simples de l’église, précisant, « le père de famille doit avant tout s’occuper des siens. Prier n’implique pas des heures passées à genoux ».
 
4 ans ferme contre Augustin Valencourt
 
Augustin Valencourt a bien tenté, maladroitement de justifier l’injustifiable, mais les faits sont têtus et cette question du président du tribunal résume parfaitement le dossier : « Trouvez-vous normal de faire commerce avec la religion? ».
En fin d’audience ce jeudi 15 juin 2017, la procureure de la République note lors de son réquisitoire que, « les adeptes étaient comme sous tutelle », il était donc facile de ruiner des personnes en détresse, avant de requérir 5 ans de prison dont une année avec sursis à l’encontre d’Augustin Valencourt et des peines assorties pour l’essentiel de sursis contre les autres accusés.

Le jugement sera rendu le 29 juin 2017.

En images avec Laurent Pirotte et Rodolfo Ozan.
©reunion