Réduction du déficit public : La Réunion compte 25 000 emplois dans les collectivités locales

La Cour des Comptes préconise de réduire de près de 100 000 le nombre d’emplois dans la fonction publique territoriale. Une mesure que dénoncent les syndicats, qui mettent en avant son " rôle social indéniable ", particulièrement à La Réunion.

Réduire le nombre de fonctionnaires territoriaux pour diminuer les dépenses des collectivités et ainsi redresser les finances publiques. Dans son rapport sur les finances publiques locales, la Cour des comptes annonce que le déficit global des collectivités va fortement s’accroître en 2024, et formule des préconisations pour faire des économies.

Les collectivités sont notamment invitées à réduire leurs effectifs pour les ramener, d’ici 2030, à ce qu’ils étaient au début des années 2010, soit une baisse de 100 000 emplois. Le non-remplacement des départs à la retraite est privilégié.

 

25 000 emplois territoriaux à La Réunion

A La Réunion, on compte près de 25 000 emplois territoriaux, titulaires et non-titulaires, hors emplois aidés. Selon Jean-Pierre Lallemand, la mesure de la CRC reviendrait à supprimer près de 1 000 emplois.

Le conseil départemental est la collectivité locale qui emploie le plus, avec 6 000 à 7 000 agents. Viennent ensuite la Région, les communes de Saint-Denis, de Saint-Paul ou encore de saint-Pierre.

 

Un rôle social indéniable

Pour Jean-Pierre Lallemand, président du syndicat SAFPTR, la suggestion de réduire les effectifs n’a " aucun sens " à La Réunion. Du fait d’un fort chômage, la fonction publique territoriale remplie un rôle social indéniable, selon lui.

Pour combler le budget de l’Etat, il serait préférable selon lui de taxer les grandes sociétés, notamment celles qui ont faits d’énormes profits durant la crise Covid. Ce à quoi se refuse le gouvernement actuel, souligne le syndicaliste. Il appelle les maires à ne pas suivre la mesure de suppression de postes dans la fonction publique territoriale.

Cours des Comptes et baisse des fonctionnaires : interview de Jean-Pierre Lallemand ©Réunion la 1ère

 

Même son de cloche pour Patrick Jayme, secrétaire général de l’UNSA territoriaux de La Réunion : " On a besoin d’un service public de proximité à La Réunion ". C’est un faux débat.

Nous ne pensons pas que supprimer des postes dans la fonction publique territoriale règlera le problème de déficit de la France, ce n’est pas vrai. Je pense qu’on ne peut pas faire porter le déficit uniquement à une catégorie de personnes. 

Patrick Jayme, secrétaire général de l’UNSA territoriaux de La Réunion

  

Retrouver les niveaux du début des années 2010

En 2011, la fonction publique employait 75 200 personnes à La Réunion, soit 3 emplois sur 10, dont 35 600 personnes dans la fonction publique territoriale. Les communes employaient alors deux agents territoriaux sur trois. La fonction publique territoriale véhiculait une grande précarité avec 20% des emplois sous forme de contrats aidés et 56% des agents étaient non-titulaires.

Fin 2018, 80 900 personnes travaillaient dans la fonction publique à La Réunion, 39 000 emplois dans la fonction publique territoriale et 10 300 dans la fonction publique hospitalière, selon l’INSEE.

Dans la fonction publique territoriale, entre 2011 et 2018, la croissance des effectifs est forte. Le Département connait une hausse de 1 300 personnes, autant pour la Région. Les effectifs des centres communaux d’action sociale augmentent de 1 000 salariés et ceux des intercommunalités de 400.

 

Les dépenses de fonctionnement des collectivités se sont accélérées

Les collectivités font face à la persistance des effets directs et indirects de l’inflation, aux dépenses de fonctionnement pour la rémunération des agents, les achats de biens et de prestations de service ou encore les prestation et aides sociales.  

Des dépenses qui peuvent être améliorées, de l’avis de la CRC, pour participer au redressement des finances publiques, notamment du côté des dépenses de personnel, soit les effectifs, la durée du travail ou encore l’absentéisme, sur les achats de biens et de prestations de service, sur les investissements, ainsi que sur la mutualisation des services administratifs des communes au sein d’une même intercommunalité.

 

Cinq grandes mesures à mettre en œuvre

La CRC présente un ensemble de mesures afin que les collectivités contribuent au redressement des finances publiques. Une demande formulée par l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal, en mars 2024.

  • Mieux associer les collectivités aux décisions relatives à la fonction publique territoriale
  • Faire contribuer les collectivités au retour à l’équilibre financier du régime de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, la CNRACL
  • Rendre obligatoires les schémas de mutualisation des intercommunalités
  • Rationaliser le concours de l’Etat à l’investissement des collectivités afin de privilégier la transition écologique

Répartir les transferts financiers entre l’Etat et le s collectivités d’après des données contemporaines de population et de richesse, et non plus des situations passées.