L’Association des Maires de La Réunion a rédigé une motion relative à la réforme de l’assurance chômage. Réforme dont le calendrier avait été maintenu en mars dernier, mais que le Conseil d'Etat vient de suspendre. Le mode de calcul des indemnités devait changer au 1er juillet.
Il était prévu qu'une partie de la réforme entre d’abord en vigueur. A partir du 1er juillet, le volet qui concerne les indemnités chômage devait évoluer, un nouveau mode de calcul des allocations devait ainsi être appliqué.Des règles de calcul que le Conseil d'Etat vient de suspendre ce mardi 22 juin.
Pas d'entrée en vigueur au 1er juillet pour le Conseil d'Etat
Saisi par plusieurs syndicats, le juge des référés a estimé que "les incertitudes sur la situation économique ne permettent pas de mette en place" ce nouveau mode de calcul du montant de l'indemnisation chômage, explique Franceinfo. Pas d'application au 1er juillet donc. Le principe de la réforme n'est cependant pas remis en cause par le Conseil d'Etat.
Face à cette décision, la ministre du Travail, Elisabeth Borne a indiqué "le Conseil d'Etat nous demande d'attendre un peu" et "censure uniquement la date d'entrée en vigueur". Elle précise à l'AFP, "on va examiner les réponses qu'on peut apporter pour rassurer sur le reprise économique et la dynamique de l'emploi", l'objectif étant "une application rapide de la réforme".
Les autres volets, comme l’allongement du délai avant de bénéficier du chômage et la dégressivité des indemnités pour les cadres devraient entrer en vigueur " quand l’économie ira mieux ", selon Elisabeth Borne, la ministre du Travail. Les sanctions concernant les contrats courts devaient s’appliquer à l’été 2022.
L’AMDR demande le maintien en l’état des acquis sociaux
Peut avant la décision du Conseil d'Etat, ce mardi 22 juin, l'Association des maires de La Réunion a publié une motion pour manifester son désaccord quant à cette réforme de l’assurance chômage. Elle y demande le maintien en l’état des acquis sociaux et rappelle l’urgence d’une grande politique de réindustrialisation, de croissance durable et de création d’emplois.
Le président de l’AMDR constate qu’une "nouvelle fois les réformes de l’Etat sont davantage conjoncturelles que structurelles et ne résolvent aucunement en profondeur les maux dont souffrent notre société".
Du fait de la situation inédite du monde du travail, des confinements et couvre-feux successifs, l’AMDR considère que "s’ouvre une nouvelle ère dans laquelle la part de chômage involontaire va crescendo". Elle évoque le contexte très fragile de l’économie, l’incertitude liée à la crise Covid et le risque de pénaliser les personnes déjà en situation de précarité.
Son président déclare que cette réforme induit une différence de traitement entre salariés, manifestement disproportionnée, au regard du motif d’intérêt général poursuivi. L’AMDR rappelle que la France hexagonale compte 15% de sa population en situation de pauvreté, soit 9,3 millions de personnes, contre 40% à La Réunion. La Réunion compte 132 350 chômeurs recensés par Pole Emploi.
Une réforme "injuste" selon les syndicats
Si elle a été "assouplie", cette réforme ne serait pas favorable aux chômeurs, selon les syndicats nationaux qui sont montés au créneau. Pour de nombreux allocataires, les indemnités devraient baisser de 22% en moyenne, ont-ils prévenus.
Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT dénonçait, le 14 avril dernier, une réforme "super injuste", qui va "accentuer les inégalités". Il accusait alors le chef de l’Etat de "renforcer les mesures contre les chômeurs".
Intermittents et salariés précaires ont manifesté dans plusieurs villes de France en mai dernier pour réclamer le retrait de la réforme de l’assurance chômage.
De profonds changements d’indemnisation
Une étude, réalisée par les équipes de France Télévisions, a mesuré les effets de la réforme de l’assurance chômage sur des cas très concrets. Elle confirme de profonds changements d’indemnisation. Les salariés qui ont travaillé en continu seront mieux indemnisés, contrairement à ceux qui n’auront pas travaillé de façon continue.
Selon le calendrier du gouvernement, l'ouverture des droits aux nouveaux chômeurs serait durcie à compter d’octobre prochain. Il faudra travailler 6 mois sur les deux dernières années pour être indemnisé, contre 4 mois actuellement. La dégressivité des allocations s’appliquerait pour les revenus hauts à partir du 7èmois au lieu du 9ème mois.