L’âge légal de départ à la retraite reporté à 64 ans, c’est le point clé de la réforme voulue par le gouvernement. Partir plus tard, mais encore faut-il pouvoir travailler plus tard.
En France, le taux d’emploi des 55-64 ans est plus bas que la moyenne européenne. A La Réunion, 57% des 50-64 ans étaient actifs en 2018, selon Pole Emploi. Un taux d’activité qui progresse en 10 ans, mais reste inférieur à la moyenne européenne également.
L’ "index senior" pour inciter à l’embauche des plus de 55 ans
Alors pour y remédier, le gouvernement veut mettre en place un "index seniors". Son objectif : inciter les entreprises à embaucher davantage de salariés de plus de 55 ans. Le principe est simple, les employeurs qui n’afficheront pas de bons résultats en la matière seront sanctionnés financièrement.
Le gouvernement veut appliquer cet index dès le 1er novembre 2023, puis à juillet 2024, d’abord pour les entreprises de plus de 1 000 salariés, puis celle de plus de 300 salariés. Il veut ainsi évaluer l’emploi des seniors, l’utilisation des dispositifs, et éventuellement la nécessité de les améliorer, et suivre la progression de l’emploi de cette catégorie de salariés.
La liste des indicateurs de l’index n’est en revanche pas encore claire, elle devra encore être définie par décret.
Le Medef opposé à un index au contenu inconnu
Si le Medef soutient la réforme des retraites, il est cependant opposé à l’index seniors. Au national, comme au local, difficile d'envisager un index " dont on connaîtra le contenu plus tard ".
Pour Didier Fauchard, président du Medef à La Réunion, il y a une " lacune " sur l’emploi des seniors, mais " un certain nombre de propositions " a été fait. Il évoque le cumul emploi-retraite, à savoir partir à la retraite en poursuivant une activité pour un complément de retraite, ou encore la retraite progressive. Les dispositifs de formation des seniors sont, selon Didier Fauchard, la clé.
Avoir un maintien des compétences, avoir une évolution des compétences, nécessite des dispositifs de formation différents en ce qui concerne les seniors.
Didier Fauchard, président du Medef Réunion
Des dispositifs d’insertion plutôt que des sanctions pour la CGPME
La CGPME préfère également l’accompagnement et l’insertion des seniors. Pour Gérard Lebon, son président, trouver des dispositifs en ce sens serait plus logique.
Il y des dispositifs qui existent pour l’embauche des jeunes, il y a peu de dispositifs au niveau des seniors. Il serait peut-être préférable, plutôt que d’aller à la sanction, de mettre en place des dispositifs qui facilitent l’embauche des seniors, avec des allègements comme on peut le faire sur les emplois aidés, et avoir un coût salarial supportable par des entreprises de plus petites tailles.
Gérard Lebon, président de la CGPME Réunion
La nécessaire adaptation des conditions de travail pour le maintien dans l’emploi
Au-delà de l’accès à l’emploi et de la formation continue, il y a aussi les conditions du maintien dans l’emploi pour les seniors salariés. " Est-ce qu’on est maintenu en capacité physique de travail ? ", interroge l’économiste Philippe Jean-Pierre.
Les entreprises sont-elles aidées pour adapter le poste de travail, poursuit-il. Philippe Jean-Pierre prend l’exemple de l’Allemagne, où des actions ont été faites en ce sens. Si au début, l’utilisation de la loi et des quotas pour inciter les entreprises est nécessaire, " à terme il faut que cela se fasse de façon plus naturelle ", estime-t-il.