Comment encadrer les mineurs ? Comment redonner du sens à l’autorité parentale ? Policiers, gendarmes, représentants des missions locales ou de l’Education nationale participaient hier, vendredi 3 mai, au Conseil de la refondation consacré à la prévention de la délinquance des jeunes.
La délinquance n’explose pas mais se change de forme
Une délinquance qui n’explose pas à La Réunion, mais qui change en termes d’âge et de gravité des faits. Selon la procureure de la République, Véronique Denizot, la délinquance dans le département suit la même tendance que dans l’Hexagone. Elle évoque ainsi un rajeunissement des mineurs impliqués et une " bascule " vers de la violence, du racket, de l’extorsion, du vol avec violences, des violences sexuelles ou encore l’appartenance à des phénomènes de bande.
Cela est beaucoup plus inquiétant et beaucoup plus spécifique à prendre en compte pour apporter une réponse pénale adaptée.
Véronique Denizot, procureur de la République
Des mineurs délinquants de plus en plus jeunes
Des mineurs délinquants de plus en plus jeunes, c’est l’un des constats formulés, d’où la nécessité d’agir le plus tôt possible, estime Jérôme Filippini. Le préfet de La Réunion souligne en effet que si la délinquance n’explose pas à La Réunion, en termes de chiffres, l’âge des délinquants change.
C’est parfois des mineurs de 10 ans, 12 ans, qui commettent des bêtises au départ, qui sont entraînés par des mineurs un peu plus âgés, et parfois par des jeunes adultes qui se servent d’eux, notamment pour organiser des trafics.
Jérôme Filippini, préfet de La Réunion
Une délinquance qui se fait sur fond de trafic de drogues, de consommation d’alcool et de zamal, précise le représentant de l’Etat. " Il faut protéger ces jeunes, notamment les mineurs, d’abord comme des victimes potentielles, avant de les considérer comme, ce qu’ils deviennent parfois, c’est-à-dire des mineurs délinquants ", ajoute-t-il.
Des " repérages des situations inquiétantes " sont mis en place avec l’Education Nationale, mais davantage de réactions sont nécessaires en cas de décrochage scolaire, qui traduit d’autre choses, reconnait le préfet de La Réunion.
L'autorité parentale au cœur de la réflexion
Pour Jérôme Filippini, " il y a une difficulté pour les parents à assurer leur rôle aujourd’hui ". Il évoque " l’impact des réseaux sociaux qui sont venus éduque " les enfants " à la place des parents eux-mêmes, qui ont moins prise " sur eux. Les parents en difficulté sociale, ou qui n’ont pas été scolarisés, peuvent aussi avoir du mal à accompagner leur enfant vers l’école. Pour le préfet de La Réunion, il faut agir le plus tôt possible sur la parentalité, à savoir la capacité des parents à accompagner leurs enfants.
A La Réunion, beaucoup de jeunes accèdent à la parentalité, " beaucoup de lycéennes sont mères très jeunes, pendant leur minorité ", souligne Véronique Denizot, la procureure de la République.
Ce n’est pas facile d’être parent, quelque soit l’âge. Ce n’est pas seulement la prise en charge du nouveau-né, c’est celle de l’enfant jeune, c’est celle de l’enfant un peu plus grand, c’est celle de l’adolescent évidemment. "
Véronique Denizot, procureur de la République
Accompagner les parents
Au-delà des constats, les 150 participants, réunis en ateliers, ont formulé des propositions dans le domaine de la parentalité, de la réponse judiciaire, de l’éducation ou encore de l’insertion professionnelle.
Parmi ces propositions, une autour de l’accompagnement de la parentalité qui consiste en la création d’un numéro vert destiné aux parents. " Je pense que c’est quelque chose qu’il faut faire ", estime la procureure de la République, dans une démarche de proposer de l’aide et du soutien aux parents, le plus tôt possible.