Les investisseurs privés réunionnais mobilisés pour "sauver" Air Austral ont dévoilé leur plan de vol ce mercredi 11 janvier. Le 5 janvier dernier, la Commission européenne a validé le plan de restructuration d’Air Austral, permettant l’octroi d’une aide de l’Etat de 119,3 millions d’euros, auxquels s’ajouteront 25 millions d’euros injectés par la Sematra et 30 millions d’euros apportés par les investisseurs privés.
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Run Air "prend les rênes" d’Air Austral
Un peu moins d’une trentaine d’investisseurs réunionnais, de la santé, du tourisme ou encore de la grande distribution, s’engagent à "sauver" Air Austral. Réunis au sein de la société privée Run Air, dont le groupe Delefie détient 55% des parts, ils entrent au capital de la compagnie aérienne locale. Un sauvetage sans retour sur investissement garanti. Pour eux, il s’agit avant tout de "sauver un fleuron" et d’assurer à La Réunion son indépendance en disposant d’une compagnie aérienne locale.
Ces investisseurs réunionnais deviennent désormais majoritaires dans la gestion de la compagnie. Run Air prend ainsi "les rênes" d’Air Austral, la Région souhaitant voir des actionnaires prendre les commandes et s’impliquer dans la gestion de la compagnie. La société publique Sematra conserve 73,5% du capital d’Air Austral.
Désormais, il n’y aura plus de Directoire avec un président à sa tête, mais un conseil de surveillance, dont 5 sièges reviendront à la Sematra et 7 à 8 sièges pour Run Air. Les "nouveaux dirigeants" d’Air Austral vont devoir relever un défi de taille, du fait de la situation de la compagnie, mais aussi du fait de leur "inexpérience" en matière de gestion aérienne.
La situation dans laquelle se trouvait Air Austral au sortir de la crise Covid, en décembre 2021, révélait un passif de près de 300 millions d’euros qu’il était difficile d’apurer après dans le cadre d’un plan de continuation, donc il fallait trouver des solutions, d’abandon de créances en partie et de restructuration financière, donc d’apports en capitaux à travers la société Run Air et la Sematra.
Jean-Claude Pradine, le directeur général de la SAS Delefie
Air Austral doit "se transformer"
Les nouveaux dirigeants d’Air Austral fixent 5 objectifs prioritaires pour la compagnie, parmi lesquels la prise en compte des clients, le développement des compétences des salariés en interne ou encore être une compagnie de référence en matière de ponctualité.
La compagnie aérienne réunionnaise s’oblige également à garantir toutes les connexions dans l’Océan Indien. Elle veut aussi s’inscrire dans une démarche de protection de l’environnement en modifiant sa flotte d’avion. Il s’agira de se doter d’appareils moins consommateurs en carburant d’ici 2026, date jusqu'à laquelle la compagnie reste engagée avec sa flotte actuelle.
Enfin, et surtout, le conseil de surveillance d’Air Austral aura pour préoccupation majeure d’assurer la rentabilité économique de la compagnie aérienne locale pour garantir sa pérennité. Des décisions doivent être prises quant à certaines liaisons, comme celle de Chennai qui est déficitaire. La ligne entre Mayotte et Paris pourrait voir sa fréquence augmentée, passant de 4 à 6, ou 7 rotations, par semaine.
D’autres difficultés doivent être prises en compte comme la parité euros / dollars, le coût du baril et le risque d’une nouvelle crise, sanitaire ou autre.
Encore des étapes à franchir d’ici la fin du mois
" Le business plan qui a été établit est basé sur une activité de plusieurs années ", indique Harold Cazal, directeur général de Run Air. Mais pour que ce business plan puisse voir le jour, des étapes restent encore à franchir.
Pour les investisseurs, la principale sera de convaincre et faire adhérer les personnels au projet d’entreprise pour amener la compagnie vers le maintien et le développement.
Le 25 janvier prochain, le tribunal de commerce sera chargé d’homologuer le plan de restructuration d’Air Austral, déjà validé par la commission européenne. Le 5 janvier dernier, elle autorisait l’Etat à octroyer une aide de restructuration de 119,3 millions d’euros. S’y ajouteront les 25 millions d’euros injectés par la Sematra et 30 millions par les investisseurs privés de Run Air.
Enfin, la semaine prochaine, la Commission de vérification devra s’assurer qu’il n’y a pas d’avantages tirés du transfert des actifs de la société publique à l’entreprise privée.