Comme en 2017, les électeurs réunionnais ont largement placé Jean-Luc Mélenchon en tête du premier tour de l’élection. Un premier tour qui, comme en 2017 toujours, a vu les extrêmes, gauche et droite, ainsi que le candidat LREM, devancer les partis traditionnels, pour ne nommer que le Parti Socialiste et Les Républicains.
La tendance de 2017 se confirme
Jean-Luc Mélenchon progresse à La Réunion, recueillant 40,26% des suffrages en 2022 contre 24,53% en 2017, soit 139 604 voix contre 85 987 voix à la précédente élection présidentielle. Le candidat de l’Union Populaire, leader de La France Insoumise, fait donc un bon de 53 617 voix.
Marine Le Pen, de nouveau 2ème du 1er tour, voit son nombre de voix augmente de façon moindre, engrangeant 3 551 voix supplémentaires. La candidate du Rassemblement National passe ainsi de 23,46% des suffrages en 2017 à 24,73% en 2022.
Enfin, si Emmanuel Macron reste 3ème du 1er tour à La Réunion, le président sortant perd des voix. Crédité à 18,91% en 2017, il passe à 18,04% en 2022, soit de 66 292 voix à 62 542, perdant 3 750 voix.
A noter, l’abstention améliore elle aussi son score, passant de 41,32% en 2017 à 46,36% en 2022 au 1er tour.
Les partis traditionnels n’attirent plus
Pour la deuxième élection présidentielle consécutive, La Réunion voit donc les extrêmes s’imposer au premier tour, au grand damne des partis traditionnels. Le Parti Socialiste et Les Républicains sont, presque, aux abonnés absents. Leurs candidates respectives, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, ne cumulent que 1,60% et 2,81% des suffrages.
Des scores certes attendus mais qui révèlent une désaffection massive des Réunionnais pour ces partis, symbole d’un bipartisme aujourd’hui disparu. A gauche, la déception est grande du côté de la Fédération socialiste de La Réunion.
Son Premier secrétaire fédéral et député de La Réunion, Philippe Naillet, indique que le score de la candidate du PS était prévisible. Mais pour lui, le problème du Parti Socialiste ne date pas de cette élection, " donc c’est tout un travail de reconstruction, de réflexion intellectuelle, d’ouverture sur la société civile qu’il faudra faire en son temps, avec courage et avec lucidité ".
Les socialistes, problème de forme pas de fond pour Philippe Naillet
Philippe Naillet estime que les causes que les Socialistes, " c’est-à-dire le refus des inégalités, des injustices, du racisme, du sexisme, la transition écologique, toutes ces causes-là sont plus que jamais d’actualité ". Des causes d’ailleurs également défendues par Jean-Luc Mélenchon, dit-il.
Sauf que les réponses que nous apportons, la façon dont nous abordons ces thèmes-là, nous ne sommes pas crédibles. Nous ne l’avons pas été dans cette élection.
Philippe Naillet, premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste à La Réunion
La campagne de Jean-Luc Mélenchon est jugée meilleure que celle d’Anne Hidalgo dans les rangs socialistes locaux. " Il est venu à La Réunion, il a su parler aux Réunionnais à travers des thématiques sociales, que ce soit le pouvoir d’achat, l’emploi, les injustices, le refus de la précarité, l’autosuffisance alimentaire ", concède Philippe Naillet.
Pour moi qui suis socialiste, l’enseignement que je tire de tout ça, c’est que nous avons un gros travail de reconstruction à faire et nous le ferons en toute lucidité.
Philippe Naillet, premier secrétaire fédéral de PS à La Réunion et député de La Réunion
La faute aux primaires pour Les Républicains ?
Pour le député Les Républicains David Lorion, la faute revient au calendrier.
C’est un échec indéniable de Valérie Pécresse et des Républicains, mais c’est plus un processus électoral, notamment des primaires, qui a abouti à ce que la candidate soit élue trop tard et qu’elle perde cette relation avec les territoires, avec les élus, et donc au bout de ce processus cela a été un échec indéniable.
David Lorion, député Les Républicains de La Réunion
Nathalie Bassire, députée de La Réunion, soutien de Valérie Pécresse, reconnaît la "débâcle". " Je crois qu’il y a eu vraiment un ras-le-bol des Réunionnaises et des Réunionnais envers les grands partis, qui aujourd’hui se sont exprimés librement et qui sont allés vraiment vers les extrêmes pour bien faire entendre leur voix ", analyse la parlementaire. Nathalie Bassire estime que les Réunionnais ont voulu être entendus au niveau national.
Convaincue que les valeurs de droite sont toujours présentes, elle estime nécessaire que " des hommes et des femmes de bonne volonté soient capables de reconstruire un parti à partir de toutes ces idées ".
Pour Jean-Jacques Morel, le mal est plus profond. La faute aux hommes et aux femmes politiques de La Réunion, selon lui, " tous ont été pour Emmanuel Macron au premier tour ". Les dissensions au sein du parti Les Républicains semblent fortes en l’écoutant. " Il y a un proverbe qui dit qu’on est jamais trahi que par les siens ", lance Jean-Jacques Morel.
Pour Jean-Jacques Morel une " page se tourne ", les deux partis de gouvernement qui ont structuré la Vème République " s’écroulent complétement ". Il estime que le résultat de ce premier tour traduit un " cri de souffrance, un vote contestataire, un vote de colère ".
Le "difficile" choix pour le second tour
Le Conseil fédéral des socialistes s’est réuni lundi soir pour décider du positionnement de la fédération socialiste de La Réunion au second tour.
C’était difficile pour les socialistes, choisir entre Macron et Le Pen, ce n’est pas simple. Choisir entre une candidate qui prône la priorité nationale, qui a un programme social démagogique, inapplicable, qui va coûter 100 milliards d’euros, et un candidat libéral, ce n’est pas simple.
Philippe Naillet, premier secrétaire fédéral des Socialistes de La Réunion
Un choix difficile, en faveur d’Emmanuel Macron pour faire "absolument" barrage à Marine Le Pen pour les Socialistes.
La consigne de vote n’est en revanche pas si "claire", ou plutôt pas unanime, du côté des Républicains. Le député David Lorion votera personnellement pour Emmanuel Macron, mais ne donne pas de consigne de vote.
Nathalie Bassire, députée, préfère ne pas donner de consigne de vote et ne fait pas état de son intention de vote.Jean-Jacques Morel attend pour se prononcer. Le patron des Républicains à La Réunion, Michel Fontaine, appelle quant à lui les réunionnais à voter pour Emmanuel Macron au deuxième tour.