La population continue d’augmenter à La Réunion, annonce l’INSEE dans une étude à paraître ce jeudi 5 juillet. En 2016, on comptait ainsi 860 800 personnes sur l’île, pourtant on y enregistre moins de naissances et plus de décès.
Plus 5 600 habitants par an, soit 0,7%, la population continue d’augmenter à La Réunion, mais à un rythme deux fois moins important qu’entre 1999 et 2009. Pourtant, le nombre de décès augmente tandis que celui des naissances diminue. En réalité, il naît toujours plus d’enfants que de personnes ne décèdent.
Natalité en baisse mais toujours élevée
Si l’écart entre les naissances et les décès se réduit, les naissances restent plus importantes, mais en légère baisse. Ainsi, 2016 a été la première année depuis 1999 où leur nombre est passé en-dessous de la barre des 14 000.
Une baisse due au fait qu’il y a moins de femmes en âge d’avoir des enfants. Des femmes en majorité jeunes, 28% d’entre elles ont moins de 25 ans et 2,7% sont mineures. Le taux de fécondité reste pourtant stable, soit 2,4 enfants par femme, plaçant ainsi La Réunion au rang de 3ème région de France, après Mayotte et la Guyane, où la natalité est la plus élevée.
Mortalité en hausse et toujours élevée
Si la mortalité continue d’augmenter, c’est notamment parce que la population vieillit, même si dans l’ensemble elle reste plus jeune qu’en métropole. Les générations du baby-boom des années 1950 arrivent en effet à des âges plus élevés. Ainsi, le taux de mortalité s’élève, en 2016, à 5,5 décès pour 1 000 habitants.
Les hommes sont les plus nombreux, soit 2 570 décès contre 2 120 pour les femmes. Ils décèdent également plus jeunes, en moyenne la moitié ont moins de 70 ans contre 80 ans pour les femmes. L'alcoolisme, le tabagisme et les accidents sont plus fréquents chez les hommes, augmentant ainsi leur risque de décéder prématurément.
Pourtant l’espérance de vie est un peu plus importante. Sur les 10 dernières années, les hommes ont gagné 4,2 ans, plaçant ainsi cette espérance de vie à 77,3 ans, et les femmes à 83,8 ans, soit un gain de 3 ans. Si ces chiffres s’améliorent, ils placent toujours La Réunion en bas de tableau, juste avant les Hauts-de-France.
La mortalité infantile reste également élevée dans l’ile, soit deux fois plus qu’en métropole, et ne baisse plus depuis 1990. En 2016, 98 nourrissons sont décédés avant leur premier anniversaire. Les conditions socio-économiques moins favorables et les facteurs à risque pesant sur les grossesses, comme la jeunesse des mères, l’obésité ou le surpoids et les maladies chroniques, expliquent ces chiffres, selon l’INSEE.
Le mariage préféré au Pacs
Sur les 3 800 unions célébrées en 2016 à La Réunion, trois quarts étaient des mariages, soit 2 880, et le quart restant des Pacs, soit 960. Plus attachés au mariage, les Réunionnais se marient légèrement plus tôt qu’en métropole, en moyenne à 34,1 ans pour les femmes et 37,3 pour les hommes.
- Ravi Baktavatsalou, chef de la division études et diffusion et Claude Touzet, chargé d'études: La baisse des naissances est liée uniquement à celle du nombre de femmes en âge d’avoir un enfant (âgées de 15 à 50 ans). En revanche, le nombre d’enfants par femme n’a pas diminué.
Quant aux décès, ils continuent d’augmenter car les générations nombreuses du baby-boom des années 1950 à La Réunion arrivent maintenant à des âges plus élevés, où la mortalité est plus forte.
La surmortalité masculine est liée à des comportements à risque plus fréquents parmi les hommes : alcoolisme, tabagisme, accidents. Le taux de mortalité infantile reste à un niveau relativement élevé à La Réunion. En 2016, le taux de mortalité infantile y est deux fois supérieur à celui de la métropole : 6,8 décès pour 1 000 enfants nés vivants contre 3,4 ‰ en métropole. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce constat. D’une part, les conditions socio-économiques sont moins favorables sur l’île. D’autre part, les facteurs à risque pesant sur les grossesses sont plus présents qu’en métropole : davantage de mères jeunes, ou concernées par l’obésité et le surpoids, ou par des maladies chroniques. Enfin, une entrée plus tardive des femmes enceintes dans le parcours de santé périnatale pourrait également être en cause.
- Dans votre étude, vous rappelez que 860 800 personnes vivent à La Réunion. La population continue de progresser à un rythme supérieur à celui de la métropole : + 0,7 % par an entre 2009 et 2017, contre + 0,5 %....Est-ce que selon vous le cap du million d’habitants sera un jour atteint sur l’île? Et si oui à quelle échéance ?
- L’Insee et le Ceser ont publié en novembre 2017 des projections de la population réunionnaise à l’horizon 2050. Le cap symbolique du million d’habitants serait franchi en 2037, selon le scénario dit « de référence » (une fécondité stable, une espérance de vie qui continue de croître et un solde migratoire légèrement déficitaire). Les résultats de cette étude sont en ligne sur le site Internet de l’Insee : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3254355
- A La Réunion, les hommes et les femmes préfèrent se marier plutôt que se pascer…Pourquoi ?
-Les spécificités des unions sur l’île renvoient pour partie aux caractéristiques socio-démographiques de ses habitants, et notamment la jeunesse de sa population. Les Réunionnais semblent attachés au mariage, qui est la forme la plus traditionnelle de contractualisation. En effet, si la population réunionnaise présentait les mêmes caractéristiques que celles de la métropole en termes d’âge, de diplôme, de catégorie sociale, la part de personnes pacsées demeurerait inférieure au niveau national, et celle des personnes mariées serait supérieure. Ces résultats sont issus d’une étude que l’Insee a publiée en février 2018 et disponible en ligne sur son site Internet : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3323938
Propos recueillis par Elyas AKHOUN
Natalité en baisse mais toujours élevée
Si l’écart entre les naissances et les décès se réduit, les naissances restent plus importantes, mais en légère baisse. Ainsi, 2016 a été la première année depuis 1999 où leur nombre est passé en-dessous de la barre des 14 000.
Une baisse due au fait qu’il y a moins de femmes en âge d’avoir des enfants. Des femmes en majorité jeunes, 28% d’entre elles ont moins de 25 ans et 2,7% sont mineures. Le taux de fécondité reste pourtant stable, soit 2,4 enfants par femme, plaçant ainsi La Réunion au rang de 3ème région de France, après Mayotte et la Guyane, où la natalité est la plus élevée.
Mortalité en hausse et toujours élevée
Si la mortalité continue d’augmenter, c’est notamment parce que la population vieillit, même si dans l’ensemble elle reste plus jeune qu’en métropole. Les générations du baby-boom des années 1950 arrivent en effet à des âges plus élevés. Ainsi, le taux de mortalité s’élève, en 2016, à 5,5 décès pour 1 000 habitants.
Les hommes sont les plus nombreux, soit 2 570 décès contre 2 120 pour les femmes. Ils décèdent également plus jeunes, en moyenne la moitié ont moins de 70 ans contre 80 ans pour les femmes. L'alcoolisme, le tabagisme et les accidents sont plus fréquents chez les hommes, augmentant ainsi leur risque de décéder prématurément.
Pourtant l’espérance de vie est un peu plus importante. Sur les 10 dernières années, les hommes ont gagné 4,2 ans, plaçant ainsi cette espérance de vie à 77,3 ans, et les femmes à 83,8 ans, soit un gain de 3 ans. Si ces chiffres s’améliorent, ils placent toujours La Réunion en bas de tableau, juste avant les Hauts-de-France.
La mortalité infantile reste également élevée dans l’ile, soit deux fois plus qu’en métropole, et ne baisse plus depuis 1990. En 2016, 98 nourrissons sont décédés avant leur premier anniversaire. Les conditions socio-économiques moins favorables et les facteurs à risque pesant sur les grossesses, comme la jeunesse des mères, l’obésité ou le surpoids et les maladies chroniques, expliquent ces chiffres, selon l’INSEE.
Le mariage préféré au Pacs
Sur les 3 800 unions célébrées en 2016 à La Réunion, trois quarts étaient des mariages, soit 2 880, et le quart restant des Pacs, soit 960. Plus attachés au mariage, les Réunionnais se marient légèrement plus tôt qu’en métropole, en moyenne à 34,1 ans pour les femmes et 37,3 pour les hommes.
3 questions à Ravi Baktavatsalou et Claude Touzet de l'INSEE
- Moins de naissances et plus de décès…C’est l’une des principales conclusions de votre bilan 2016…Vous parlez de surmortalité masculine et soulignez dans le même temps que la mortalité infantile reste élevée dans le département…Comment expliquer ces résultats ?- Ravi Baktavatsalou, chef de la division études et diffusion et Claude Touzet, chargé d'études: La baisse des naissances est liée uniquement à celle du nombre de femmes en âge d’avoir un enfant (âgées de 15 à 50 ans). En revanche, le nombre d’enfants par femme n’a pas diminué.
Quant aux décès, ils continuent d’augmenter car les générations nombreuses du baby-boom des années 1950 à La Réunion arrivent maintenant à des âges plus élevés, où la mortalité est plus forte.
La surmortalité masculine est liée à des comportements à risque plus fréquents parmi les hommes : alcoolisme, tabagisme, accidents. Le taux de mortalité infantile reste à un niveau relativement élevé à La Réunion. En 2016, le taux de mortalité infantile y est deux fois supérieur à celui de la métropole : 6,8 décès pour 1 000 enfants nés vivants contre 3,4 ‰ en métropole. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce constat. D’une part, les conditions socio-économiques sont moins favorables sur l’île. D’autre part, les facteurs à risque pesant sur les grossesses sont plus présents qu’en métropole : davantage de mères jeunes, ou concernées par l’obésité et le surpoids, ou par des maladies chroniques. Enfin, une entrée plus tardive des femmes enceintes dans le parcours de santé périnatale pourrait également être en cause.
- Dans votre étude, vous rappelez que 860 800 personnes vivent à La Réunion. La population continue de progresser à un rythme supérieur à celui de la métropole : + 0,7 % par an entre 2009 et 2017, contre + 0,5 %....Est-ce que selon vous le cap du million d’habitants sera un jour atteint sur l’île? Et si oui à quelle échéance ?
- L’Insee et le Ceser ont publié en novembre 2017 des projections de la population réunionnaise à l’horizon 2050. Le cap symbolique du million d’habitants serait franchi en 2037, selon le scénario dit « de référence » (une fécondité stable, une espérance de vie qui continue de croître et un solde migratoire légèrement déficitaire). Les résultats de cette étude sont en ligne sur le site Internet de l’Insee : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3254355
- A La Réunion, les hommes et les femmes préfèrent se marier plutôt que se pascer…Pourquoi ?
-Les spécificités des unions sur l’île renvoient pour partie aux caractéristiques socio-démographiques de ses habitants, et notamment la jeunesse de sa population. Les Réunionnais semblent attachés au mariage, qui est la forme la plus traditionnelle de contractualisation. En effet, si la population réunionnaise présentait les mêmes caractéristiques que celles de la métropole en termes d’âge, de diplôme, de catégorie sociale, la part de personnes pacsées demeurerait inférieure au niveau national, et celle des personnes mariées serait supérieure. Ces résultats sont issus d’une étude que l’Insee a publiée en février 2018 et disponible en ligne sur son site Internet : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3323938
Propos recueillis par Elyas AKHOUN