Le pont suspendu de la rivière de l'Est reprend des couleurs : ça y est, le bois est posé, les câbles sont en train d'être tendus, et l'heure est aux finitions sur l'ouvrage, au bout de 18 mois de travaux.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Pour ces centaines de pièces déployées sur le tablier du pont, le choix s'est porté sur de l'okan, un bois tropical de classe 5, importé du Gabon, imputrescible, pour participer à la durabilité de l'ouvrage.
L'heure des derniers réglages
Sur l'une des piles du pont, des ouvriers travaillent à la tension des câbles. Mathieu Pys, responsable de chantier, travaille règle en main. "Sur un ouvrage comme ça c'est au millimètre, là je regarde justement l'alignement du chariot par rapport à ses butées, qu'on doit à peu près centrer avec une tolérance de 15mm", explique-t-il.
Plus bas, d'autres s'attèlent à fixer la poutre de haubanage, destinée à tendre le pont, pour que "toute lé bien serré ansanm'", comme dit Freddy Bijoux, ouvrier polyvalent.
"On a posé le premier lit de platelage de bois en longitudinale, et on a posé les différents fardeaux du lit secondaire, ce qui permettra d'affiner les réglages de structure et de simuler le poids réel du chargement en place", explique Nicolas Aho, chargé d'opérations ouvrages d'art au conseil régional.
2,5 millions d'euros de coût supplémentaire
Comme sur tous les chantiers, des aléas de prix sont venus s'en mêler : ici, le garde-corps, qui initialement devait rester en place, a été enlevé pour être traité contre la corrosion. Le contexte en Ukraine et la crise de l'énergie ne facilitant pas davantage les choses, le coût total a explosé de 2,5 millions d'euros supplémentaires. "L'Europe a remis deux millions d'euros et le ministère de la Culture 220 000 euros, ça nous permet d'avoir un chantier fortement co-financé", souligne Franck Orgerit, responsable des travaux du pont de la rivière de l'Est pour le conseil régional.
Sélectionné par la Fondation du Patrimoine de Stéphane Berne pour son intérêt historique, le projet a également reçu 500 000 euros sur les 17 millions nécessaires.
Rendre au pont son aspect d'origine
D'autant que l'objectif de la rénovation de ce monument classé est de le ramener à son état d'origine, tel qu'il a été conçu par Ferdinand Arnodin, et construit en 1893. "Au cours de sa vie, l'ouvrage a subi plusieurs réparations : on avait réhaussé l'appui sur la pile, là on l'a rabaissé. On a mis une nouvelle selle, ce qui fait la jonction entre les câbles de suspension et les câbles de retenue, on a enlevé les deux anciennes, celles de 1894 et 1991. On est revenu à l'aspect d'origine", précise Franck Orgerit.
Un pont historique
Pour admirer leur travail, il faudra encore patienter six mois lors de la livraison de l'ouvrage, fermé au public depuis 2016. A sa réouverture, il sera rendu accessible aux piétons, après avoir permis la liaison entre l'Est et le Nord dès sa construction. Le pont suspendu a notamment permis le développement de l'industrie sucrière par le transport des cannes sur un pont et non plus par un passage à gué de la rivière, très risqué et incertain. Le pont est,en son temps, une innovation majeure pour la Réunion. Il est implanté à 3 500 m du rivage, à 60m au-dessus de la rivière et mesure 149,5 m de portée. Il était le plus long pont du monde lors de sa livraison.
Depuis 1979, il était fermé à la circulation, ne répondant plus aux normes de sécurité.