La nuit de samedi à dimanche dernier, le quartier de Bras Fusil à Saint-Benoît a une nouvelle fois été le théâtre de violences. Une quarantaine de véhicules a été vandalisée, au grand désarroi des habitants.
Ces faits sont attribués à des bandes de jeunes, qui se seraient affrontées en fin de soirée de samedi. "On constate effectivement des faits de bande de rue, de combats de rue", confirmait le préfet de La Réunion Jérôme Filippini dans la Matinale de Réunion La 1ère ce lundi 25 mars.
"Samedi, il y avait au moins quelques jeunes venus de Fayard, dans une espèce de logique absurde de bande, de territoire, d'affrontement", ajoute-t-il.
"Ils viennent nuire à des gens comme eux"
Au vu des dégradations commises, le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, dit comprendre "une certaine exaspération" ressentie dans le quartier. Tout en faisant remarquer que c'est à leur propre quartier que ces jeunes infligent des dégâts en agissant ainsi.
"Quand ils portent atteinte à des biens, c'est une atteinte à leur mère, leur oncle, leur tante, pas à des gens lointains. Ils viennent nuire à des gens qui sont comme eux, et ça c'est insupportable", juge Jérôme Filippini, invité dans la Matinale de Réunion La 1ère ce lundi 25 mars 2024.
Pas de "généralisation hâtive"
Pour le maire de Saint-Benoît Patrice Selly, qui réagissait dimanche aux violences commises sur sa commune, il existe un "problème d’intégration qui touche désormais l’ensemble des villes de La Réunion". Il a demandé une réunion d’urgence au président de l’Association des Maires de La Réunion.
Interrogé à ce sujet ce lundi dans la Matinale de Réunion La 1ère, le préfet de La Réunion Jérôme Filippini appelle à ne pas faire de "généralisation hâtive", estimant que les élus se sont exprimés "en responsabilité".
"Je ne parle jamais de communauté"
Jérôme Filippini, préfet de La Réunion
Pas un problème de "communauté"
Le représentant de l'Etat est ferme : "Il n'y a pas de communauté qui soit responsable du comportement de quelques-uns. Il faut éviter de généraliser. En revanche, il y a une réalité : c'est qu'il y a des faits de violences qui ressemblent à des pratiques qu'on peut constater à Mayotte, et qu'un certain nombre de personnes interpellées sont parfois originaires de Mayotte".
"Il faut être conscient des problèmes qui se posent aujourd'hui et qui sont souvent le fait de quelques individus. Mais il ne faut surtout pas généraliser".
Jérôme Filippini, préfet de La Réunion
"Mayotte c'est la France"
Aussi tient-il à rappeler à ceux qui appellent à "les renvoyer dans leur pays", que les individus interpellés ne sont pas étrangers en situation irrégulière venant des Comores, mais "des gens parfois nés à Mamoudzou ou ailleurs, effectivement, comme des gens nés dans des villes de La Réunion". Et que "Mayotte c'est la France", tout comme La Réunion.
D'ailleurs, "la très grande majorité des Français originaires de Mayotte se comporte extrêmement bien sur le territoire de La Réunion", constate-t-il.
"Pas d'état d'âme" concernant les étrangers en situation irrégulière
Ceux qui seraient effectivement en situation irrégulière ont quant à eux été renvoyés, rassure Jérôme Filippini. "Les Comoriens sont des ressortissants d'un état étranger, et s'ils sont en situation irrégulière sur notre territoire ou s'ils commettent des crimes et délits, on les reconduit à la frontière. (...) Pas d'état d'âme", affirme le préfet.
Réponse sécuritaire
Quoi qu'il en soit, ces faits de violence observés ce week-end appellent à une "réponse sécuritaire et judiciaire", mais aussi "de la médiation de quartier avec le tissu associatif", et "un travail de profondeur avec les maires dans ces quartiers", selon Jérôme Filippini, qui conteste par ailleurs tout laxisme des policiers, des gendarmes, ou de l'autorité judiciaire.
"Trouver les coupables et les sanctionner"
Le préfet rappelle ainsi la dizaine d'opérations "Place nette" effectuée par les forces de l'ordre dans les quartiers de l'île, dont celui de Bras Fusil à Saint-Benoît, depuis le mois de février. Et après les violences de ce week-end, "tout est fait pour pouvoir identifier, interpeller et proposer à l'autorité judiciaire de prendre des sanctions", souligne-t-il. "Il y a une attention très forte à trouver les coupables et les sanctionner".
"Beaucoup se fait : il y a une présence policière extrêmement intense. J'ai demandé une mobilisation totale sur ces faits qui se produisent souvent le soir, d'où la nécessité de patrouilles. (...) Cette mobilisation se traduit aussi en anticipation par beaucoup de recherches de renseignements"
Jérôme Filippini, préfet de La Réunion
Six effectifs supplémentaires en mai
Aussi, quatre brigades supplémentaires seront bientôt implantées à La Réunion, dont une à Saint-Benoît dans le quartier de Bras-Fusil dès le 1er mai prochain. Soit six effectifs de plus qui viendront renforcer la présence des gendarmes sur la commune. "La nuit, sur Saint-Benoît, ce sont quatre patrouilles qui tournent. Mais la brigade c'est surtout fait pour avoir un contact de proximité notamment en journée et en fin de journée avec les habitants", achève Jérôme Filippini.
Ne pas se faire justice soi-même
Quoi qu'il en soit, le préfet de La Réunion invite la population à faire confiance aux forces de l'ordre, sans tomber dans la tentation de se faire justice soi-même.
"Si on se fait justice soi-même, on devient un criminel ou un délinquant. Ne le faites pas, parce que croyant apporter une solution, vous allez vous-même devenir une partie du problème"
Jérôme Filippini, préfet de La Réunion
Des rencontres avec les élus prochainement
Dans les prochains jours, le préfet proposera aux maires concernés par ces phénomènes de violences de réunir un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance dédié à ces questions. Au-delà, il réunira tous les parlementaires et maires du département prochainement pour "évoquer sereinement, de façon engagée mais dépassionnée, ces questions qui sont importantes pour La Réunion".
Hier, le maire de Saint-Benoît comme le député de la circonscription avaient appelés à des rencontres pour agir sur le sujet, avec l'Association des maires de La Réunion et avec le préfet.