Le ras-le-bol du monde de la culture péï : les locaux de la Fabrik occupés par la CGTR Spektak

Une trentaine de membres de la CGTR Spektak ont investi samedi après-midi les locaux de la Fabrik

Une trentaine de membres de la CGTR Spektak a investi hier après-midi le Centre dramatique national de l’Océan indien, dans leurs locaux de la Fabrik, à Saint-Denis. Une "occupation" pacifique qui devrait s’inscrire dans la durée. Le monde de la culture réclame plus de dialogue.

"Nous appelons à une révolution culturelle", lance ce week-end les membres de la CGTR Spektak. La jeune section syndicale a annoncé dans un communiqué qu’une trentaine de ses membres avait "investi" les locaux de la Fabrik, l’un des deux sites du Centre dramatique national de l’Océan indien (CDNOI), ce samedi 13 mars 2021.

Une "occupation" pacifique qui a donc débuté hier après-midi, aux alentours de 15h. "On a établi un protocole avec la direction du CDNOI qui nous a très bien accueilli, souligne Rémi Cazal, porte-parole de la CGTR Spektak et accessoirement membre du groupe de musique Grèn Sémé. L’association des centres dramatiques nationaux soutient ce mouvement d’occupation des centres culturels".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Les membres de la CGTR Spektak occupent depuis samedi les locaux de la Fabrik à Saint-Denis

Le CDNOI reste ainsi normalement ouvert au public et son programme d'activité est maintenu. Les spectacles jeune public programmés le lundi 15 et le mardi 16 mars sont donc confirmés, précise-t-on du côté de la Fabrik.

"La culture, l'étendard de la société"

"On a tous décidé de s’investir pour protéger notre métier", explique l’artiste syndicaliste. "La culture, c’est un peu l’étendard de notre société et nous ne comprenons pas pourquoi aujourd’hui nous sommes stigmatisés", réagit-il encore, en revenant les mesures prises jusqu’à présent par le gouvernement en raison de la situation sanitaire

Il s'agit d'un mouvement de solidarité pour réclamer la réouverture des salles de spectacles dans l'Hexagone. Mais pas seulement. "Nous avons conscience que nous avons plus de chances que nos collègues de l’Hexagone parce que nous pouvons continuer à travailler mais nous voyons très bien que les mesures sanitaires sont en train d’être à nouveau durcies. On entend notamment parler de reconfinement le week-end…"

Regardez l'interview de Rémi Cazal sur Réunion La 1ère :

Pour davantage de dialogue social

Ces acteurs culturels demandent ainsi à être "associés aux décisions qui seront prises dans le secteur", afin de ne pas "subir" une nouvelle mesure, à l’instar de ce qui est arrivé aux professionnels de la restauration avec la mise en place "surprise" d'un couvre-feu à 18h dans l'île.

"Ce que l’on ne comprend pas, c’est qu’on peut entrer par centaine dans les centres commerciaux, mais que l’on ne peut pas faire la même chose dans les salles de spectacles où l’on est également capable d’appliquer un protocole sanitaire…", lâche encore Rémi Cazal.

Occupation et débâts

Celui-ci indique que le mouvement est voué à s’inscrire dans la durée. "Le théâtre c’est la maison des artistes ! Il faudra venir négocier avec nous. Nous ne pouvons pas subir tout ça passivement et s’il n’y a pas de dialogue social, nous réfléchirons à d’autres formes d’actions", promet le porte-parole de la CGTR Spektak.

Un peu moins d’une dizaine de ces manifestants ont passé la nuit dernière sur place, dans la partie accueillant les artistes en résidence à la Fabrik. Une salle de réunion leur a également été mise à disposition. "On va organiser des débats et d’autres événements". Reste à savoir si des élus s’inviteront à ces échanges.

Interview de Rémi Cazal, porte-parole de la CGTR Spektak 2ème partie

Les revendications du syndicat

La CGTR Spektak réclame "une reconnaissance des “artisans de la culture” de la Réunion dans la mise en place d’une politique culturelle réinventée avec eux", "une clarification des mesures d’adaptation à la situation sanitaire et au couvre-feu", un plan massif de soutien pour l'emploi "pour permettre à la création de se poursuivre dans un contexte économique très dégradé", "la prolongation de l’aide aux compagnies et aux artistes et aux jeunes qui débutent", "une refonte du système de protection sociale des acteurs du monde culturel", "une prolongation de l’année blanche et son élargissement à tous travailleurs précaires, aux jeunes et aux chômeurs" mais aussi la prise en compte des spécificités réunionnaises.