"Je veux qu'on nous laisse travailler tranquillement. Je ne veux pas fermer mon entreprise, se désole Evelyne Mardé, gérante d'Evelyne fleurs. On nous donne un délai de moins de trois semaines pour déguerpir. Vous voulez qu'on déménage ? Donnez-nous du temps et un autre emplacement pour travailler".
Situé à proximité d'Evelyne fleurs, le commerce de fruits et légumes du couple Ramsamy est lui aussi menacé d'expulsion. Les deux entreprises ont reçu un avis d'expulsion en recommandé jeudi dernier.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Des commerces classés en "zone rouge"
La DEAL (Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement) par le biais de la Région, demande aux commerces de fermer définitivement leurs portes avant la fin du mois. Pourtant, l'AOT (autorisation d'occupation temporaire) devait expirer uniquement le 31 décembre 2025.
Selon le Plan de Prévention des Risques naturels (PPRn) de la DEAL, les deux commerces sont classés en "zone rouge pour les aléas inondation et mouvements de terrain".
Je travaille ici depuis dix ans avec mon mari. Je suis désemparée. On doit quitter les lieux le 31 décembre et on a cinq mois pour démolir la structure à nos frais. On est classé en zone rouge. Où est-ce qu'on va partir ? Qu'est-ce qu'on va faire ? Comment est-ce qu'on va faire ?
Nicole Ramsamy, gérante d'un commerce de fruits et légumes
Six salariés au chômage
Le couple Ramsamy craint de se retrouver soudainement au chômage. "On a huit enfants et on se demande comment on va subvenir à leurs besoins, déplore Nicole Ramsamy. Là, à la fin du mois, on va se retrouver sans emploi. On ne sait pas comment va faire".
Même son de cloche pour Evelyne Mardé, gérante d'Evelyne fleurs. "Je suis arrivée ici le 11 novembre 2014 et je suis fleuriste depuis 28 ans. Mes six salariés vont se retrouver au chômage. On est tous affectés", dit-elle, remplie d'émotion.
Mes salariés sont en larmes. Ils pleurent tous les jours. Cela fait quatre jours que je ne dors plus et que mes employés n'arrivent pratiquement plus à manger. On doit déménager, mais où ? Je viens d'investir dans une chambre froide à 12 000 euros il y a deux mois. C'est un gros investissement. Avec la chaleur, les fleurs ont besoin d'être au frais. Avec cette décision, on nous met tous en péril, mon entreprise ainsi que d'autres commerces aux alentours.
Evelyne Mardé, gérante d'Evelyne fleurs
Écoutez l'interview d'Evelyne Mardé sur Réunion La 1ère :
Une pétition pour soutenir les commerces
Evelyne Fleurs est soutenue par les Réunionnais à travers une pétition en ligne publiée sur sa page Facebook. Celle-ci a déjà recueilli près d'un millier de signatures.
Le commerce de fruits et légumes du couple Ramsamy a également lancé une pétition en ligne. "S'ils nous proposent de nous mettre sur un autre emplacement dans le secteur, tout en gardant notre clientèle, ce serait bien. Là, on a aucune autre proposition", lance Nicole Ramsamy.
Quel avenir pour les deux commerces concernés ?
"Toute décision administrative peut être contestée", souligne Maître Frédéric Hoarau, avocat au barreau de Saint-Pierre.
Si vous avez un accord qui vous a été donné pour exploiter le domaine public pendant X années et qu'on réduit ce temps-là, on peut demander une indemnisation. Les décisions qui sont prises ont des impacts économiques et cela cause des préjudices. Il faut consulter un avocat spécialisé en droit administratif. Ce sont des décisions de modifications de terrains qui peuvent être prévues à l'avance et qui peuvent, à mon sens, entraîner des indemnisations s'il y a une rupture brutale du droit d'exploitation.
Maître Frédéric Hoarau, avocat au barreau de Saint-Pierre
Écoutez l'interview de Maître Frédéric Hoarau sur Réunion La 1ère :
Une réunion ce lundi après-midi avec la Région
Les deux commerces vont essayer de plaider leur cause ce lundi après-midi lors d'un rendez-vous avec la Région.
Aux alentours de 14 heures, les salariés ainsi que les propriétaires des deux commerces étaient devant l'accueil de la pyramide inversée avec des pancartes. Sur celles-ci sont apposés les slogans suivants : "La filière horticole en danger", "Nou tienbo, nou largue pas", Sauve nout l'entreprise".
"Il faut trouver une solution"
Frédéric Maillot, député de la 6ème circonscription de La Réunion, apporte son soutien aux entreprises concernées. Présent lors de la réunion à la Région, il demande, par le biais d'une lettre adressée au préfet, de ré-évaluer le PPRn.
Na poin de possibilité de renouveler l'AOT. Mwin la appelé le directeur de cabinet du préfet, mwin la appelé la DEAL, pour une ré-évaluation, pour voir comment nous peut maintenir l'activité sur cette parcelle-là dans un premier cas. Et dans un deuxième cas, comment nous peut propose à zot un endroit à proximité ?
Frédéric Maillot, député de la 6ème circonscription
Pour les deux commerces, le nécessaire est fait pour tenter de stopper l'expulsion notamment via les pétitions lancées, ou du moins, de gagner du temps, à la recherche de la meilleure solution possible pour eux.