Au Jardin de l'Etat de Saint-Denis ce week-end, il y a tout pour bien vieillir. Sur une île où la population des plus de 60 ans croît chaque année, le sujet est d'intérêt pour grand nombre de personnes. D'ici à 2030, c'est un quart des Réunionnais qui seront âgés de 60 ans ou plus.
Depuis hier samedi et encore toute cette journée de dimanche s'y tient le 7ème Salon des Seniors, pour son édition Nord du moins. Une autre édition se tiendra dans le Sud les 30 novembre et 1er décembre prochains, aux Grands Kiosques du Tampon.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
S'amuser et sortir de l'isolement
"Notre volonté, c'est de permettre aux seniors de connaître leurs droits, de ne plus être isolés, et de pouvoir s'amuser et se renseigner auprès de toutes les institutions qui sont là", résume Jeannine Vellayoudom, la présidente de l'Association pour le développement et le rayonnement de La Réunion (Aderr) qui est à l'origine de la manifestation.
Pour ce faire, une soixantaine d'exposants se sont installés au Jardin de l'Etat pour proposer leurs services et conseils, dans divers domaines : santé et bien-être, services à la personne, emploi et formation, assurances, banques et mutuelles, habitat et accessibilité, loisirs et culture, associations, ou encore droits, aides et démarches.
Savoir ce à quoi ils ont droit
Ces aides et droits justement, sont encore méconnus d'une partie des personnes âgées, fait remarquer Jeannine Vellayoudom.
"Certaines personnes âgées s'y intéressent et connaissent leurs droits, mais il y a encore des seniors isolés qui ne savent pas, et ne bénéficient pas de tous leurs droits, de tout ce qu'on leur offre"
Jeannine Vellayoudom, présidente de l'Aderr
L'intérêt de réunir les professionnels et institutions au même endroit est donc de faciliter aux seniors la prise d'informations, sans avoir à attendre leur tour ou prendre un rendez-vous. "Ici il y a tout, et les personnes sont à leur disposition, explique la présidente de l'Aderr. On leur apporte des réponses à des questions qu'ils ne se posent même pas".
"Il y a des initiatives qui aident les personnes à bien-vieillir", rappelle-t-elle, soulignant qu'il ne faut pas négliger les collectivités et structures telles que les CCAS, la Région, ou la Sécurité Sociale qui proposent de nombreux outils aux seniors.
Se préparer à la retraite plusieurs années avant
Tout est histoire de préparation, indique Jeannine Vellayoudom. Dès l'âge de 50 ou 55 ans, elle conseille de se renseigner sur ce qui est faisable, pour pouvoir s'adapter à cette nouvelle vie une fois le temps de la retraite venu. Car il n'y aura alors plus d'activité professionnelle, et il faudra composer avec des revenus moins élevés, par exemple.
"Si on attend les 60 ans, là on se retrouve devant quelque chose qui paraît insurmontable. Alors que si cinq ou dix ans avant, on intègre des associations, on se fait des amis, et on essaie de penser un peu à la vieillesse, on peut être accompagné. Et on passe une bonne retraite parce qu'on s'y est préparés, et on sait de quoi on peut bénéficier. Surtout, il faut avoir la volonté de rompre l'isolement, parce que si on reste enfermés, on déprime"
Jeannine Vellayoudom, présidente de l'Aderr
La retraite, "une nouvelle vie"
Pour sa part, le départ à la retraite a été synonyme d'un réel changement. "Parce que c'est une nouvelle vie : il n'y a plus le travail, on vit pour soi", a-t-elle constaté.
Il devient alors nécessaire d'occuper son quotidien en se créant d'autres habitudes, mais des habitudes qui permettent de rester en forme et autonome. Pour bien vieillir, "il y a plusieurs aspects dont il faut tenir compte", souligne quant à elle Corinne Laou-Hine, responsable du pôle partenarial de la CGSS Réunion.
Des ateliers thématiques avec le GIE Vieillissement actif
Pour chacun de ces aspects, des ateliers thématiques financés par l'ensemble des caisses de retraite, ont été mis en place par le GIE Vieillissement actif, qui regroupe toutes les caisses de retraite. Tout y est pour se sentir bien dans son âge : mobilité, nutrition, habitat, mémoire, mais aussi autonomie numérique, "parce que l'outil numérique est facteur de lien social", ajoute Corinne Laou-Hine.
Savoir conduire pour garder le lien social
Dernièrement, un nouvel atelier a fait son apparition, autour de la prévention routière.
"A La Réunion, si on n'est pas mobiles, qu'on n'ose pas conduire, on se retrouve facilement isolé chez soi. Or pour bien-vieillir, il faut avoir du lien social"
Corinne Laou-Hine, responsable pôle partenarial de la CGSS
En partenariat avec des centres de sécurité routière, les gramounes frileux de reprendre le volant se voient proposer une auto-évaluation de leurs connaissances, mais aussi un volet pratique avec un moniteur "pour leur rappeller les basiques qu'ils sont censés avoir, et surtout essayer de les rassurer, et détecter avec eux ce qui leur manque pour aller sur la route", précise Corinne Laou-Hine.
Une centaine d'activités seniors avec Ogenie.fr
Une fois la mobilité retrouvée, il est plus aisé pour les gramounes de sortir et de participer à diverses activités. Pour les recenser, l'association Groupe SOS Seniors et le Département ont lancé sur l'île la plateforme Ogenie.fr.
"C'est une plateforme numérique pour retrouver des activités de lien social partout sur l'île", résume Emilie Laurelli, chargée de projet Ogénie. "Aujourd'hui on sait que le lien-social a vraiment une incidence très positive sur le fait de garder son autonomie", justifie-t-elle.
"Encourager les personnes en situation de solitude"
60 structures (associations, CCAS, clubs seniors) inscrites sur cette plateforme proposent à l'heure actuelle une centaine d'activités de loisirs, sportives, culturelles, ou de prévention, sur tout le territoire. Elles vont de la marche nordique à l'atelier couture en passant par l'aquagym ou la randonnée découverte...
"Le but est d'encourager les personnes qui sont un peu en situation de solitude à participer à des activités, de les pousser à rencontrer de nouvelles personnes"
Emilie Laurelli, chargée de projet Ogénie
La réalité virtuelle pour repérer les risques domestiques
Parmi les exposants du Salon des Seniors, Kaëlig Aubert lui, fait découvrir aux personnes âgées un monde tout nouveau pour eux, celui de la réalité virtuelle. La technologie sert ici à identifier les dangers, dans le cadre d'un jeu pédagogique. 63 personnes décèdent chaque année suite à une chute lors d'un accident domestique.
"On leur propose des activités en réalité virtuelle pour garder leur autonomie à la maison. Le jeu dure 5 minutes, avec du visuel et de l'audio : ils doivent se déplacer dans un appartement en réalité virtuelle pour identifier les dangers : dans la cuisine, la salle de bains, autour des médicaments, des risques électriques, des endroits où ils peuvent chuter... Et ils doivent les pointer avec un laser"
Kaëlig Aubert, gérant d'Akali Formations
"Je ne m'ennuie pas !"
Jacqueline, croisée dans les allées du salon, n'a pas attendu pour se trouver des occupations. "Je ne m'ennuie pas !", rigole-t-elle. "J'habite toute seule mais j'ai un jardin, je fais de la zumba, du yoga, pour la forme, et je sors tous les dimanches pour aller danser !"
Marie-Lourdes, à 80 ans, est quant à elle dans un club de 3ème âge, et "beaucoup d'associations". "Ça me permet de ne pas rester enfermée", explique-t-elle.
"C'est difficile"
Un contraste avec Marie-France, elle, qui à 72 ans avoue ne rien avoir anticipé. "Maintenant je me rends compte qu'il me faut quelqu'un pour m'aider. C'est difficile. Je n'arrive plus à faire les choses comme avant, je suis fatiguée et je suis toute seule", soupire-t-elle.
Aujourd'hui, elle est venue à la recherche d'aide pour se déplacer. "Je suis isolée et il n'y a pas de moyens de locomotion là où j'habite. Il faut que je me déplace loin pour avoir un bus, je n'y arrive plus", explique Marie-France.
15 000 personnes âgées attendues pour le bal la poussière
Que ce soit pour s'informer, trouver de l'aide, ou tout simplement découvrir de nouveaux loisirs, toutes ces personnes âgées auront de quoi faire au Salon des Seniors.
Ce dimanche, 9 000 gramounes ont afflué vers le Jardin de l'Etat pour célébrer la Journée départementale des personnes âgées. Une exposition photos était consacrée à Joël Bègue, disparu en mars, pour lui rendre hommage. Avant un de ces "bals la poussière" qu'il affectionnait animer. Celui-ci se fera en présence de Jean-Pierre Boyer et de Raynaud Sadon.
Les gramounes du Sud eux, ont rendez-vous les 30 novembre et 1er décembre aux Grands Kiosques du Tampon, pour la deuxième partie de ce Salon des Seniors.