Heureux sont les lapins de l'exploitation d'Annie Naze à la Plaine-des-Grègues à Saint-Joseph. Sur leur nouveau lieu de vie, la matinée ce mardi 24 septembre 2024 commence en musique, avec du Otis Redding dans leurs grandes oreilles.
Finies les cages exiguës où ils s'entassaient par "cinq, six ou sept", sourit fièrement Jimmy Payet, directeur de la coopérative des producteurs de lapins de La Réunion (CPLR). Elles ont ici été remplacées par des enclos de 2x3 mètres, où les lapins - une centaine par enclos - ont la liberté d'aller et venir à leur guise. "Ils sont beaucoup plus actifs. Ils ont beaucoup plus d'espace donc ils se défoulent !", remarque-t-il.
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Mezzanines et tubes en PVC
Des efforts ont également été faits sur l'aménagement et de l'équipement des enclos, renchérit le directeur CPLR. Soit des tubes en PVC où ils peuvent s'engouffrer et s'amuser.
"L'environnement a été enrichi avec des mezzanines, ces caillebotis surélevés pour qu'ils puissent se mettre dessus, dessous, et on a rajouté des tuyaux pour qu'ils puissent s'y cacher".
Jimmy Payet, directeur de la coopération des producteurs de lapins de La Réunion
Le plan BEATRIX déployé
Un enclos avec davantage d'espace, de la musique, différents "jeux" à l'intérieur du parc destinés à améliorer leur bien-être... Ces lapins de dix semaines bénéficient d'une expérimentation, dans le cadre du plan BEATRIX (Bien-Être Animal, Transition Relance Innovation Expérimentation), initié par la filière cunicole péi et soutenu par l'ARIV et l'ARIBEV (filières animales interprofessionnelles) et l'Etat.
"Ils ont une vie pendant laquelle ils peuvent bouger, ils ont de l'espace, peuvent grimper sur les mezzanines, ils se sentent en sécurité. Il y a différents modules pour leur bien-être, et même de la musique. L'ambiance est importante".
Candice Bessac, secrétaire générale adjointe de l'ARIBEV
L'exploitation d'Annie Naze à la Plaine-des-Grègues est la deuxième à expérimenter une telle méthode, depuis la mise en oeuvre du plan BEATRIX à La Réunion l'an dernier à Sainte-Rose. Les résultats sont probants, selon la présidente de la CPLR, Clémentine Hubert. "Les résultats sont déjà très satisfaisants, on attend ceux de la deuxième exploitation", dit-elle.
Mettre fin à l'élevage en cages
"On a préféré faire cette expérimentation pour prouver aux éleveurs que ça se passe très bien et en inciter d'autres", souligne Jean-Yanis Etouaria, technicien à la CPLR.
A terme, la Coopérative des producteurs de lapins de La Réunion ambitionne de supprimer l'élevage en cage avant 2027 - en voie d'interdiction dans les prochaines années - et d'établir ce type d'élevage respectueux sur les exploitations familiales de petite taille.
"C'est le bonheur"
L'éleveuse cunicole de la Plaine-des-Grègues, Annie Naze, semble en tout cas aussi heureuse que ses lapins, qui passeront ici six semaines pour leur engraissement, avant d'être envoyés à l'abattoir. "Je peux voir dès le matin mes animaux dans les cages, constater s'ils ont bien mangé, s'il y a un petit problème... C'est le bonheur !", s'exclame la Saint-Joséphoise qui espère élever ainsi 15 000 de ces animaux chaque année.
"Les conditions de travail sont plus agréables pour moi, et pour le lapin"
Annie Naze, éleveuse cunicole à la Plaine-des-Grègues
Une filière dynamique
En dehors des lapins, c'est toute la filière qui profite de ce type d'actions vertueuses : la filière cunicole réunionnaise est ainsi la première de France à avoir décroché le label de commerce équitable "Agri-éthique". D'ailleurs, le lapin péi affiche une belle dynamique. "C'est une filière qui se porte bien, et qui devient de plus en plus attractive", avance Candice Bessac, la secrétaire générale adjointe de l'ARIBEV.
Les précisions de Candice Bessac, secrétaire générale de l'ARIBEV, sur Réunion La 1ère :