Le quartier de la Plaine-des-Grègues à Saint-Joseph pleure ce matin la disparition d'une figure du quartier, à l'origine de la fameuse Maison du Curcuma. C'est à l'âge de 66 ans qu'Aimé Rivière, plus connu sous le nom de "Mémé" Rivière, est décédé ce mardi 13 février, des suites d'une maladie.
Le reportage de Réunion La 1ère :
Cet agriculteur, amoureux de la terre et des produits de qualité, avait consacré la grande partie de sa vie à la valorisation du bien-manger réunionnais, et surtout des épices, dont le curcuma ou "safran péi", qu'il affectionnait particulièrement, sous toutes ses formes.
"Un génie créatif"
Jessy Rivière, sa fille, "garde l'image d'un homme combatif, d'un génie créatif, et de quelqu'un qui allait au bout de ses idées". Son fils Cyril ajoute : "Il a fait pas mal de choses pour le curcuma, pour la Plaine-des-Grègues, pour Saint-Joseph, pour La Réunion, et surtout pour nous".
"Il y a une part de mon papa partout dans le monde"
Tous deux, ce mardi, disaient déjà leur intention de prendre la relève à la Maison du Curcuma qu'il avait fondée. "On essaiera de faire, peut-être pas aussi bien que lui, mais en tout cas avec tout notre coeur et notre courage. On sait que c'est son bébé, et on veut faire les choses bien", dit sa fille avec émotion.
"Je pense que sans mon papa, il n'y aurait plus de curcuma à la Plaine-des-Grègues, parce qu'il a vraiment relancé la production. Aujourd'hui, on n'est pas seulement connus à La Réunion ou en France, je vois parfois des messages qui viennent de l'autre bout du monde. Je me dis qu'il y a une part de mon papa partout dans le monde, et ça, c'est vraiment incroyable"
Jessy Rivière, fille de Mémé Rivière
Ecoutez Jessy et Cyril Rivière, enfants de Mémé Rivière, sur Réunion La 1ère :
Promotion du safran péi
Au-delà du safran péi, Mémé Rivière cultivait aussi les agrumes, comme il le précisait à Claude Montanet lors de l'émission Radio Péi il y a deux ans, en février 2022. Mais l'objectif qu'il chérissait le plus restait la valorisation et la promotion du curcuma. Si bien qu'il effectuait, à une époque, "entre 12 et 13 salons par an en métropole". Son fils rappelait d'ailleurs que Mémé Rivière avait été parmi les premiers à créer un site internet pour vendre son curcuma par-delà les frontières.
Promotion de la région
"Je suis un maillon de la chaîne touristique : parce que quand je suis sur un salon en métropole, je vends bien sûr mon curcuma, mais je vends la Plaine-des-Grègues, je vends Saint-Joseph, je vends La Réunion ! Beaucoup des exposants qui ne connaissaient pas La Réunion, et qui allaient en vacances en Martinique et en Guadeloupe, quand ils m'ont connu, à force de discuter, ils ont pris l'initiative de venir à La Réunion ! Et certains reviennent tous les ans", disait-il fièrement.
Le Saint-Josephois exploitait toutes les qualités et vertus du curcuma, sous la forme de poudre, de sirop, en vinaigres...
Impliqué à Saint-Joseph
Mémé Rivière était également impliqué dans la vie de sa commune, conseiller municipal pendant trois mandats, du temps de Guy Hoarau puis de Fred K'Bidi. "Mi connaissais mieux les habitants de la Plaine-des-Grègues que le maire !", souriait-il il y a deux ans.
Enfin, il avait ouvert le restaurant "Le Tangor" à Saint-Joseph.
Le maire de Saint-Joseph, Patrick Lebreton, a salué sur Réunion La 1ère ce "vrai yab la kour, un pat jaune comme nous". Il rappelle aussi le travail d'Aimé Rivière pour la relance de la culture du safran sur la commune. "Il fallait le faire, il a osé, il a su amener une âme dans ce très beau village de La Réunion qu'est la Plaine-des-Grègues", dit Patrick Lebreton.
La réaction de Patrick Lebreton au décès de Mémé Rivière, sur Réunion La 1ère :
"Un Réunionnais authentique"
Le président du Département, Cyrille Melchior, a salué la mémoire de cette "figure emblématique du curcuma à La Réunion". "Je tiens à saluer la mémoire d’un Réunionnais authentique, pilier de l’agriculture réunionnaise, qui fut l’un des premiers à porter l’excellence de notre territoire au Salon international de Paris, notamment", écrit l'élu.
"Fondateur de la Maison du Curcuma, à Saint-Joseph, Mémé Rivière n’a eu de cesse de valoriser cette épice emblématique que nous retrouvons dans les cuisines de chaque famille réunionnaise. Le bien manger n'avait aucune limite pour lui, qui faisait la promotion du curcuma sous toutes ses formes, épice, vinaigre, ou encore confiture. Mémé Rivière exerçait ce métier avec passion et démontrait que l’agriculture n’est pas seulement une profession exigeante, mais qu’elle se vit aussi avec beaucoup d’amour".
Cyrille Melchior, président du Département
"Une certaine idée de l'art de vivre à la créole"
La présidente de Région Huguette Bello a elle aussi salué "une figure emblématique du sud sauvage et zarboutan de l'agriculture réunionnaise".
"Aimé Rivière a cultivé toute sa vie une certaine idée de l’art de vivre à la créole, fondé sur le bien-manger et le respect de la faune et de la flore. Il était un promoteur exceptionnel de ce patrimoine qui fait notre fierté. La Réunion lui doit beaucoup".
Huguette Bello, présidente de la Région Réunion
"Il a fait tellement de choses"
"Il a fait tellement de choses, et déjà, il a remis le curcuma en avant. C'est lui qui a créé la fête du curcuma", se souvient une Saint-Josephoise ce mardi. "C'était une personne très franche, très gentille. Je le connaissais depuis petite. Ca me touche, parce que c'est une personne avec qui on a grandi dans le quartier", raconte une autre, originaire de la Plaine-des-Grègues.
Une autre dame, très émue, l'a cotoyé de longues années. Elle se souvient de cette époque où "avant, quand on n'avait pas encore de télé, tous les gens venaient la regarder chez lui".