Certificat de décès la nuit et le week-end : la proposition de Juliana M'Doihoma pour Saint-Louis

Juliana M'Doihoma, la maire de Saint-Louis, parle d'un "geste symbolique" pour ses administrés.
Il est toujours difficile pour les familles réunionnaises endeuillées d’obtenir un certificat de décès la nuit ou le week-end, faute de médecins disponibles. Une situation que condamne Juliana M'Doihoma. La maire de Saint-Louis propose d’expérimenter un nouveau dispositif à l’échelle de sa commune.

"Un médecin de disponible dans mes contacts pour constater un décès à domicile ? J’ai déjà fait tout mon répertoire sans succès !" Ce message publié dans la nuit du dimanche 21 novembre par la maire de Saint-Louis Juliana M'Doihoma, sur sa page Facebook, illustre à quel point il est compliqué pour les familles réunionnaises endeuillées d’obtenir un certificat de décès, la nuit et le week-end.

L’élue interrogée par visioconférence, sur Réunion La 1ère, parle d’une "problématique qui aggrave la douleur des familles". Le sujet reste en effet d’actualité alors que l’on sait à quel point les Réunionnais sont attachés à leurs traditions et à leurs religions.

Une solution à l'échelle de la commune

"C’est une situation qui est insoutenable pour les familles et qui va à l’encontre de nos traditions. On ne peut pas laisser autant de temps entre un décès et son constat", s’insurge Juliana M'Doihoma.

Alors la maire de Saint-Louis propose d’expérimenter un nouveau dispositif à l’échelle de sa commune. "Ce qui m’intéresse c’est de trouver localement nos propres solutions. Je suis en train de finaliser un courrier à l’attention de l’ensemble des médecins de la ville de Saint-Louis, et d’associer à la démarche le Samu, l’ARS et les autorités compétentes", explique Juliana M’Doihoma.

Regardez l'intervention de Juliana M'Doihoma en direct sur Réunion La 1ère :

Juliana M'Doihoma : maire de Saint-Louis. La problématique des certificats de décès

Mettre en place un système de roulement

"L’objectif est de recueillir un certain nombre de médecins volontaires pour que nos services d’astreintes puissent faire le lien avec les médecins qui voudraient bien organiser un système de roulement", rajoute-t-elle. Une solution qui aurait un coût, mais l’élue l’assure : les textes de loi offrent la possibilité de proposer un forfait de remboursement pour les médecins "dès lors qu’ils seraient en relation avec le 15".

"On bâtirait donc une liste de volontaires à l’échelle de Saint-Louis et de la Rivière qu’on communiquerait au centre 15 ce qui permettrait d’avoir non pas seulement des dispositifs qui existent sur le papier, mais des dispositifs qui fonctionnent de manière concrète pour les familles endeuillées", conclut Juliana M'Doihoma.

La problématique du créneau de nuit 

Invité sur le plateau de Réunion La 1ère, le Dr Alain Domercq, président du conseil de l’ordre des médecins interrégional, confirme que le problème est complexe. "Je crois qu’il y a des communes qui ont trouvé des accords et aussi des associations de médecins de garde, mais je crois qu’entre 0h et 6h, en nuit profonde, ça va être très difficile", a-t-il réagi.

Le spécialiste de rappeler que les médecins libéraux n’assurent plus les urgences dans ce créneau horaire de nuit. Reste que le Samu n’est pas toujours disponible, comme la maire de Saint-Louis a pu dernièrement le constater.

Quid de la rémunération des astreintes ?

"Il faut pouvoir rémunérer les médecins et ça c’est déjà prévu, mais il faut pouvoir aussi les rémunérer quand vous les bloquez sur une astreinte. Ce sont des professionnels qui sont déjà très mobilisés sur le terrain, donc la solution n’est pas facile", a argumenté le Dr Domercq.

Le problème n’est pas nouveau. En 2017, la Mutualité de La Réunion avait lancé une pétition en partenariat avec l'Union des consommateurs réunionnais (UCOR) afin d’alerter les pouvoirs publics sur la question. Celle-ci avait recueilli près de 19 000 signatures.

En mars 2019, c’est Ericka Bareigts, alors députée, qui était intervenue durant la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale afin de proposer que les certificats de décès soient délivrés par d'autres personnels de santé, en plus des médecins. Une demande restée lettre morte.