Nichée entre cannes à sucre et épis de maïs, Saint-Louis se raconte encore dans des vestiges du passé. Porte d'entrée sur le cirque de Cilaos, la fenêtre des Makes et le Sud de l'île, Saint-Louis est devenue une ville de passage. Reportage.
"Quand j'étais petite, les cultivateurs venaient moudre leur maïs dans le moulin ici, se souvient Raymonde, 68 ans. Il y avait des files de charrettes bœufs remplies de cannes à sucre. La pesée se faisait sur la balance juste là". Bâti au XIXème siècle, le site du Moulin à maïs se situe entre le centre-ville de Saint-Louis et La Rivière, dans la partie basse du quartier de Bois de Nèfles Coco. Il reste aujourd'hui des vestiges de cette époque où le maïs tenait une place importante dans l'agriculture locale. Fermé en 1984, le moulin est devenu un lieu de mémoire.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Julien, 32 ans, ne veut "plus entendre parler de politique". Son seul désir : "améliorer l'avenir des enfants". "Il faut remettre les écoles en état, affirme-t-il. Je suis délégué des parents d'élèves, j'ai un marmaille en maternelle et quand je vois l'état de sa classe, j'espère que ça va changer".
A 84 ans, cet ancien coiffeur du centre-ville s'est installé "face à la mer" à la fin des années 70. Mais la mer lui "fait plus peur qu'avant", surtout depuis que le cyclone Hyacinthe "a fait monter l'eau" dans sa case en 1980. "Avant à l'Étang du Gol, il y avait des poissons, des crevettes, mais il n'y en a presque plus et ils sont devenus immangeables tellement c'est sale, remarque Roland. Le bord de mer aussi est sale. Rien n'est fait. Il n'y a même plus de choka". Roland aurait aimé voir cet espace littoral "mieux aménagé". Sur son vélo, un Saint-Louisien arpente le front de mer. Souhaitant garder l'anonymat, il regrette : "il y a de quoi faire à Saint-Louis, encore faut-il qu'il y ait de vraies volontés politiques".
1945 – 1949 : Hippolyte Piot (CRADS)
1949 – 1964 : Valère Clément (UNR)
1964 – 1971 : Théophile Hoarau (DVD)
1971 – 1977 : Christian Dambreville (PS (PSR))
1977 – 1983 : Jean Fontaine (UDF-PR)
1983 – 1995 : Claude Hoarau (PCR)
1995 – 2001 : Guy Ethève (PCR)
2001 – 2008 : Cyrille Hamilcaro (UDF puis NC)
2008 – 2014 : Claude Hoarau (PCR)
2014 : Cyrille Hamilcaro (UDI-NC) (démission)
2014 – 2020 : Patrick Malet (UDI)
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La canne à sucre et le moulin à maïs
Dans les années 80, Raymonde y travaille. "Il y avait de la canne partout autour, un forgeron ferrait les bœufs à l'entrée", raconte-t-elle. Raymonde fait de la couture "des vêtements, des tapis, des coussins, des poupées", pendant que d'autres entretiennent le parc. "Il y avait des petits canaux d'eau partout, ils sortaient du moulin, et traversaient la ville jusqu'à l'usine du Gol, poursuit Raymonde, émue de se rappeler cette "belle époque où tout le monde travaillait dans la canne et le café Bourbon". "J'ai connu la ville avec ses routes de terre, le pont de bois et les maisons à bardeaux. Ça me chagrine de voir notre patrimoine disparaître", poursuit-elle. En contre-bas, l'usine du Gol est l'une des dernières installations sucrières de ce type en activité à La Réunion, avec celle de Bois-Rouge, à Saint-André.Un sentiment d'insécurité
A l'époque, Raymonde vient à pied au travail, elle habite une case créole au centre-ville. Aujourd'hui, son jardin est niché entre commerces et nouvelles habitations. Parmi les pieds de bois et les pots de fleurs, un poteau électrique en béton trône depuis peu et témoigne du changement. Cette Saint-Louisienne ne "sort plus le soir, car il y a trop de délinquance", affirme-t-elle. A quelques mètres de là, devant l'église de Saint-Louis, Maxime, 57 ans, confirme : "cette place était plus calme dans ma jeunesse, on pouvait y rester tard, il n'y avait pas de violence comme aujourd'hui". En 1968, Saint-Louis compte 26 663 habitants, contre 53 365 en 2017. En 2016, la commune affiche un taux de chômage de 28,5 %.Les animations, les écoles et les routes
En ce dimanche matin, Jean, 49 ans, sort de la messe. Classée monument historique, l'église de Saint-Louis est le plus grand édifice religieux de La Réunion et l'une des trois plus grandes églises du monde avec ses 25 mètres de hauteur et ses 1 000m² de superficie. Jean est né et a toujours vécu à Saint-Louis. "La ville a besoin de plus d'animations culturelles pour les jeunes et les personnes âgées", affirme Jean qui déplore "l'état des chaussées".Pas de commune à la Rivière Saint-Louis
Jean regrette le "Saint-Louis d'avant". "Il y avait plus de solidarité, la politique a divisé les gens et les familles de Saint-Louis", affirme-t-il en jetant un œil sur la mairie. La commune a bien failli être divisée géographiquement. Isolée à quatre kilomètres du centre-ville, "La Rivière Saint-Louis" aurait pu devenir la 25e commune de La Réunion. La tentative de création de "La Rivière" a connu rebondissements, affrontements et divisions politiques. Le projet a finalement avorté en 2017.Julien, 32 ans, ne veut "plus entendre parler de politique". Son seul désir : "améliorer l'avenir des enfants". "Il faut remettre les écoles en état, affirme-t-il. Je suis délégué des parents d'élèves, j'ai un marmaille en maternelle et quand je vois l'état de sa classe, j'espère que ça va changer".
Les Makes et la porte d'entrée de Cilaos
La ville de Saint-Louis s'étend sur une centaine de kilomètres carrés. Depuis 1991, elle abrite notamment l'Observatoire astronomiques des Makes, à 1 000 mètres d'altitude. Jean-Yves, 55 ans, vit depuis 30 ans aux Makes. "Quand je m'y suis installé, il n'y avait pas de docteur, ni de pharmacie, se souvient-il. Aujourd'hui, il y a un magasin, une route pour rejoindre la fenêtre des Makes et une aire de pique-nique".L'Étang du Gol
Saint-Louis est l'unique porte d'entrée sur la route des 400 virages qui mène au cirque de Cilaos. Telle une ville de passage, elle s'ouvre aussi sur le Sud de La Réunion et bénéfice d'une petite surface littorale. Roland habite sur le front de mer, à deux pas de l'Étang du Gol.A 84 ans, cet ancien coiffeur du centre-ville s'est installé "face à la mer" à la fin des années 70. Mais la mer lui "fait plus peur qu'avant", surtout depuis que le cyclone Hyacinthe "a fait monter l'eau" dans sa case en 1980. "Avant à l'Étang du Gol, il y avait des poissons, des crevettes, mais il n'y en a presque plus et ils sont devenus immangeables tellement c'est sale, remarque Roland. Le bord de mer aussi est sale. Rien n'est fait. Il n'y a même plus de choka". Roland aurait aimé voir cet espace littoral "mieux aménagé". Sur son vélo, un Saint-Louisien arpente le front de mer. Souhaitant garder l'anonymat, il regrette : "il y a de quoi faire à Saint-Louis, encore faut-il qu'il y ait de vraies volontés politiques".
Contexte politique
Depuis 2014, Patrick Malet (UDI) est le maire de la ville. Il a succédé à Cyrille Hamilcaro (UDI-NC) qui a démissionné après quelques mois à la tête de la commune. Voici la liste des maires de Saint-Louis.1945 – 1949 : Hippolyte Piot (CRADS)
1949 – 1964 : Valère Clément (UNR)
1964 – 1971 : Théophile Hoarau (DVD)
1971 – 1977 : Christian Dambreville (PS (PSR))
1977 – 1983 : Jean Fontaine (UDF-PR)
1983 – 1995 : Claude Hoarau (PCR)
1995 – 2001 : Guy Ethève (PCR)
2001 – 2008 : Cyrille Hamilcaro (UDF puis NC)
2008 – 2014 : Claude Hoarau (PCR)
2014 : Cyrille Hamilcaro (UDI-NC) (démission)
2014 – 2020 : Patrick Malet (UDI)