Saint-Louis : depuis le passage de Belal, le champ de cannes de cet agriculteur est resté inondé

Saint-Louis : depuis le passage de Belal, le champ de cannes de cet agriculteur est resté inondé
A Saint-Louis, sur le plateau du Gol, plusieurs parcelles agricoles sont gorgées d'eau depuis le passage du cyclone Belal et les fortes pluies qui ont suivi. Jean-François Moutama, un des agriculteurs concernés, voit ses cannes mourir, leurs racines asphyxiées. Il est à la recherche de solutions.

Depuis le passage du cyclone Belal, mi-janvier dernier, le champ de cannes de Jean-François Moutama, situé sur le plateau du Gol à Saint-Louis, est inondé. Si bien que plus d'un mois après, c'est toute une partie de la parcelle qui a des allures de marécages, l'eau stagnant au pied des cannes. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Champ de cannes inondé à Saint-Louis ©Réunion la 1ère

Sur une dizaine d'hectares exploités par l'agriculteur saint-louisien, 8 000m2 environ sont inondés, dit-il. Le champ se situant au niveau de la mer, l'eau ne s'évacue pas. Le phénomène se reproduit à chaque épisode de fortes pluies. 

"A chaque phénomène météorologique je me retrouve avec ça. L'eau était au moins à 60cm à un moment, impossible d'y aller. Et même là en ce moment je ne peux pas y aller" 

Jean-François Moutama, agriculteur sur le plateau du Gol

"Les racines ne peuvent plus respirer"

Tant d'eau n'est pas sans conséquence pour ses cannes. Si la paille, en surface, a séché, le sol en dessous est resté très humide. "Les racines ne peuvent plus respirer, et la canne finit par mourir asphyxiée", se désole Jean-François Moutama.

Saint-Louis : depuis le passage de Belal, le champ de cannes de cet agriculteur est resté inondé

La fertilisation elle aussi à l'arrêt

Une situation qui a aussi un impact sur le reste de la parcelle, qui bien qu'elle n'a pas été inondée, ne peut plus bénéficier de l'irrigation. "L'autre partie de la parcelle est très sèche, il faut arroser. Mais comme je suis en goutte-à-goutte, quand j'ouvre l'eau, forcément j'arrose partout, et même là où il y a encore de l'eau", explique l'agriculteur. 

Or, la fertilisation de son champ passe par cet arrosage en goute-à-goutte. "Je n'ai pas pu irriguer tout le mois de janvier, et le programme de fertilisation a pris un très gros retard".

"Je fertilise quand j'irrigue, donc je ne peux pas fertiliser."

Jean-François Moutama, agriculteur

Ruissellement des eaux en amont 

 Avec d'autres agriculteurs du plateau du Gol, Jean-François Moutama a monté une association, et a commandé une étude hydrologique du site. Ce qui leur permet aujourd'hui de savoir qu'à l'origine de ces inondations, il n'y a pas que les fortes pluies. Le ruissellement naturel du trop-plein d'eau des parcelles en amont participe également à la situation.

Une solution globale 

 Aujourd'hui, les agriculteurs du plateau réfléchissent à des solutions pour pouvoir cultiver dans de bonnes conditions. "La gestion de l'eau ne peut pas se faire uniquement sur nos parcelles. Elle doit être globale, il faut gérer toute l'eau du bassin versant qui arrive naturellement sur le plateau du Gol", souligne Jean-François Moutama.

Saint-Louis : depuis le passage de Belal, le champ de cannes de cet agriculteur est resté inondé

Renforcement de la canalisation d'évacuation, pose d'andains de protection... ou même surélèvement des parcelles pour éviter que l'eau les atteigne et y stagne. C'est cette dernière solution qui est privilégiée par l'agriculteur.

Réhausser les parcelles, mais comment ? 

Le problème reste de savoir comment trouver la matière première mais aussi les fonds pour le faire. "Est-ce qu'il y aurait une collectivité qui pourrait nous accompagner pour qu'on puisse récupérer de la terre quand il y a du terrassement ?", s'interroge Jean-François Moutama. Tout en évoquant la possibilité éventuelle d'utiliser le fonds de compensation agricole pour financer ces aménagements.

Des champs abandonnés

 Pour couronner le tout, les déchets végétaux charriés par les éléments pendant le cyclone Belal ont entravé l'accès aux parcelles du plateau du Gol. Face à ces multiples difficultés, plusieurs de ses collègues auraient ainsi abandonné leurs champs, aux dires de l'agriculteur. 

Ce dernier nourrissant "un rêve" : "on ne fait plus d'agriculture ici mais on installe un poumon vert, et on paye les agriculteurs à le mettre en place et à l'entretenir".

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