Pompier disparu : la gestion des ressources humaines du SDIS mise en cause par ses collègues

Après la disparition brutale d’un soldat du feu, la profession est en deuil. Certains pompiers dénoncent aujourd’hui des dysfonctionnements au sein du SDIS. Le Service Départemental d’Incendie et de Secours serait-il en cause ?

Après la découverte du corps sans vie du Lieutenant Daniel Hoareau, sapeur-pompier à la caserne de Saint-Paul, de nombreuses questions se posent. Le soldat du feu a été retrouvé hier, mardi 16 avril, dans le cirque de Mafate, à Marla. L’homme n’avait plus donné de signe de vie depuis une sortie en montagne dimanche. Il aurait mis fin à ses jours.
 
Pompier engagé et dévoué de l’avis de ses collègues, il était cependant décrit comme fragile psychologiquement par ses proches. En octobre dernier, il faisait partie des premiers sapeurs-pompiers à être intervenus sur l'incendie mortel dans une entreprise à Cambaie.

Selon ses collègues, le soldat du feu aurait été très affecté de ne pas avoir pu sauver l'employé qui a laissé sa vie dans ce sinistre. Cette intervention était un échec à ses yeux.

Le reportage de Nadia Tayama et thierry Chenayer.
©Reunion la 1ère
 

Y’aurait-il eu des défaillances ?  

Dans un compte-rendu, un pompier décrit l’intervention de Cambaie comme « une situation catastrophique sans directive ». Pour lui, les obligations de sécurité des équipements professionnels individuels n’étaient pas respectées ce jour-là.
 
La direction du SDIS se défend.
 

" Les sapeurs-pompiers étaient équipés pour l’intervention. Ils avaient un véhicule adapté, ils avaient les équipements individuels qu’il fallait. La seule chose qui nous a manqué à Cambaie, c’est de l’eau ", explique Thierry Chabas, directeur adjoint du SDIS 974.


De leur côté, certains sapeurs-pompiers s’interrogent. Pour Ludovic Payet, vice-président du SNPP, syndicat des sapeurs-pompiers professionnels, tout a été fait pour accompagner ce collègue en détresse. A aucun moment, son niveau de mal-être extrême n’a pu être détecté, explique-t-il.
 

La gestion des ressources humaines épinglée par la CRC

Au sein du SDIS 974, des voix s’élèvent pour dénoncer l’actuelle gestion des ressources humaines et des compétences des sapeurs-pompiers du département. Un problème soulevé dans le dernier rapport de Chambre Régionale des Comptes datant du mois dernier.

Il évoque un vieillissement des effectifs, dont la moyenne d’âge est proche de 48 ans. Cela pourrait " avoir des répercussions sur les capacités opérationnelles de l’établissement ", estime Gilles Bizeul, le président de la Chambre.
 
Un autre élément semble être une source d’inquiétude, selon lui, constat a été fait que le SDIS ne se serait pas mis en position d’anticiper, grâce à une gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences, les départs à la retraite et les recrutements qui devront être effectués.

Autre signal d’alarme révélant un profond malaise au sein du SDIS, le taux élevé d’absentéisme, 3 fois supérieur à la moyenne nationale, précise la Chambre Régionale des Comptes.