Protestation, projet, travaux, terrain : ce qu’il faut savoir de la ZAC Renaissance III dans la savane de Plateau-Caillou

Le projet de ZAC renaissance III, dans la savane de Plateau-Caillou.
Depuis plusieurs années, des habitants de Saint-Paul se mobilisent contre le projet de ZAC Renaissance III, dans la savane de Plateau-Caillou. La construction de 2 000 logements et l’aménagement de 90 hectares près de la savane protégée fait bondir des citoyens. Pour la mairie de Saint-Paul, c’est une nécessité car les logements manquent dans l’île. Réunion La 1ère fait le point.

C’est comme un paysage d’Afrique du Sud posé dans l’Ouest de La Réunion. La savane de Saint-Paul est un espace emblématique de l’île et très prisé des randonneurs. Depuis la savane et ses herbes sèches surplombant la mer, il est souvent possible d’apercevoir les baleines durant l’hiver austral.

Située en partie sur le quartier de Plateau-Caillou, la Savane de Saint-Paul, offre des vues uniques. Elle est un espace naturel remarquable qui abrite une faune et une flore précieuse.

Depuis le mois de mai, ce paysage commence à changer avec le projet de la ZAC Renaissance III, rebaptisé Eco-projet Savane des Tamarins. Il est porté par la Sedre, (Société d’Équipement du Département de La Réunion) et la ville de Saint-Paul.

La savane de Plateau-Caillou.

La protestation

En face, le collectif Protège Nout Savane se mobilise depuis des mois. Ce mercredi 23 octobre, un nouveau rassemblement a eu lieu à Saint-Paul. Le 6 novembre prochain, il rencontrera le maire, Emmanuel Séraphin.

Les membres du collectif protestent contre le projet de construction de la ZAC Renaissance III. Tous dénoncent l’impact environnemental de cet aménagement urbain de 90 hectares. Une pétition en ligne réclame l’arrêt des travaux et elle récolte à ce jour plus de 20 750 signatures.

Des membres du collectif Protège Nout Savane manifestent devant la mairie de Saint-Paul.

Le projet

D’ici 2035, le projet de la ZAC Renaissance III prévoit l’aménagement de 90 hectares de cette savane pour accueillir 2000 logements, dont la moitié de logements sociaux.

Des équipements commerciaux, une nouvelle gendarmerie, une école, des aires de jeux, des places publiques et des activités économiques doivent également sortir de terre. Un nouvel échangeur doit aussi être aménagé pour rejoindre plus rapidement la route des Tamarins. Le projet inclut 30 hectares d’espaces de verdures avec "des corridors écologiques", sur les 90 hectares.

En revanche, la municipalité de Saint-Paul affirme qu’il n’y aura pas de construction d’un centre commercial de 24 000 m². Cette partie du projet a été retirée en 2021.

Le projet de ZAC renaissance III, dans la savane de Plateau-Caillou.

Les travaux

En mai dernier, le projet de la ZAC Renaissance III a connu un coup d'accélérateur. Les riverains expliquent avoir appris le début des travaux en découvrant les engins de chantier qui circulaient près de leurs jardins.

Désormais, camions, tracteurs et pelleteuses sont sur place pour aménager les 90 hectares de logements et commerces. La Sedre, la Société d’équipement du département de La Réunion est en charge des travaux. Elle explique les avoir débuté hors de la période de nidation des espèces répertoriées sur place.

L’environnement

Cette ZAC Renaissance III va sortir de terre à quelques mètres seulement de la zone protégée de la Savane. Cette zone protégée de 207 hectares est située au-dessus du Cap Lahoussaye. Elle est considérée comme propriété publique gérée par le Conservatoire du Littoral, et classée comme espace naturel sensible (ENS).

Le projet se construit sur un terrain qui lui n’est pas protégé, mais où se trouvent plusieurs espèces protégées. L’inventaire de ces espèces a été réalisé par la société Cynorkis pour le compte de la Sedre. Elle a répertorié cinq espèces protégées vivant dans la savane : l’oiseau-lunette gris, la tourterelle malgache, le caméléon panthère, ainsi que les végétaux zornia gibbosa et le bois de lait.

La société Cynorkis a préconisé une "réaffectation écologique" des espèces concernées avec la création d'un jardin indigène. La savane de Saint-Paul regorge d'une biodiversité unique et d'une flore exceptionnelle. La législation interdit en principe toute activité susceptible de porter atteinte aux espèces protégées, mais la Sedre a obtenu une dérogation de la préfecture de La Réunion.

Le déplacement de ces espèces pourrait toutefois causer des perturbations irréversibles. De plus, les espèces végétales et animales "en danger critique d’extinction" n’ont pas été répertoriées.

La savane à Saint-Paul

L’origine du projet

Ce projet de la ZAC Renaissance III ne date pas d’hier. L’aménagement de Plateau Caillou a été initié en 1975, sous la forme d’une ville nouvelle. Il y a d’abord eu les ZAC Renaissance I et II. La première a été construite en zone pavillonnaire, tandis que la deuxième a été orientée vers le logement social collectif. 

Dans la poursuite de l’aménagement des ZAC Renaissance I et II, la commune de Saint-Paul avait engagé en 1990 la création de la ZAC Renaissance III. Il s'agit d'une Zone d'Aménagement Concertée (ZAC) qui a pour objectif de "structurer le développement urbain de manière équilibrée et durable".

Le projet de ZAC renaissance III, dans la savane de Plateau-Caillou.

Le site de la Savane est morcelé entre des parcelles du conservatoire et des parcelles privées. A la demande de la commune de Saint-Paul et de la Sedre, l’EPF, Etablissement Public Foncier de La Réunion, a mis en œuvre la procédure d’expropriation pour les acquisitions nécessaires au projet de la ZAC Renaissance III. La Déclaration d’Utilité Publique a été prise par le préfet en 2016 et en 2018, l’EPF Réunion avait déjà acquis 61 des 90 hectares du périmètre de la DUP, pour environ trois millions d’euros.

La mairie et la Sedre défendent un projet qui répond "aux besoins de logements" de la ville de Saint-Paul. La commune comptabilise 5 000 demandes de logements en souffrance. Ils veulent "améliorer la qualité de vie des habitants en intégrant des espaces publics, des logements, et des équipements de services". Selon la Sedre, "le but est de créer un environnement urbain cohérent et fonctionnel, tout en respectant les spécificités locales et les besoins de la population".