Petit coléoptère des ruches : un apiculteur de Saint-Philippe soulagé de la fin du brûlage, mais dépité de ne pas avoir été écouté

Les 44 ruches de Jean-Noël Bénard ont été brûlées en juillet 2022.
Désormais, il faut « vivre avec » le petit coléoptère des ruches, annonce la préfecture de La Réunion. Elle met fin à l’éradication des ruchers contaminés. Depuis un an, plus de 200 ruches ont été brûlées, dont celles d’un apiculteur de Saint-Philippe, dépité de ne pas avoir été écouté à l’époque.

"Je suis content que les autorités décident de ne plus brûler et détruire les ruches contaminées, je leur avais signalé dès le début qu’il y avait un problème avec cette décision", souligne Noël Benard, apiculteur à Saint-Philippe.

Mardi 7 août, la préfecture de La Réunion a annoncé la fin de l’éradication systématique des ruchers contaminés par le petit coléoptère. Depuis un an, ils étaient brûlés. Désormais, il faudra "vivre avec" ce parasite, explique la préfecture.

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Ces derniers mois, ils ont vu leurs ruches finir brûlées... Aujourd'hui, c'est le soulagement pour ces apiculteurs.

250 ruches brûlées

En 2022, l’Etat a pourtant décidé de l’éradication de 250 ruches parties en fumée à La Réunion. C’est le cas de celles de Noël Benard qui témoignait de sa douleur en juillet dernier, le jour où les abeilles de 44 de ses ruches ont été brulées sous ses yeux. "L'amour que j'ai pour mes abeilles, ça me fait mal qu'elles soient mortes, car ce n'est pas pour une bonne cause", disait-il à l’époque. Le petit coléoptère avait été retrouvé dans une de ses ruches. Par mesure de précaution, les autorités avaient brûlé l'ensemble des ruchers.

Contaminées par le coléoptère, des ruches ont été brûlées à Saint-Philippe

Levée de bouclier contre le brûlage  

Noël Benard, de nombreux autres apiculteurs, et des organisations professionnelles apicoles s’étaient alors mobilisés pour dénoncer la méthode du brûlage et demander des alternatives.

L’année dernière a été particulièrement difficile pour les apiculteurs, d’autant que les transhumances des abeilles étaient interdites. Entre allègement, interdiction et nouvelles dispositions, l’Etat décident désormais de mettre en place la stratégie du "vivre avec".

"On est au même stade, on vit avec"

Noël Benard, apiculteur, estime "qu’on est à nouveau au même stade, on vit avec".

"Ici nous sommes en pleine forêt pour faire du miel de forêt et il y a aussi des ruches sauvages à proximité, décrit-il. A l’époque, l’Etat ne s’est occupé que des ruches domestiques et pas des sauvages".

Selon lui, il n’y avait aucune chance d’éradiquer le problème ainsi. 

Je l’avais pourtant signalé, mais personne ne m’a écouté et aujourd’hui on se rend compte que le petit coléoptère est encore là et qu’on doit vivre avec.

Noël Bénard

Apiculteur

Le petit coléoptère a été détecté pour la première fois à La Réunion le 5 juillet 2022. 

Un plan de gestion pour contenir l'infestation

Pour maîtriser au mieux ce parasite, la préfecture précise aujourd'hui qu’un "plan de gestion sera élaboré et mis en œuvre par les professionnels apicoles, appuyés par le groupement de défense sanitaire et les organisations professionnelles".

Son objectif est de "contenir l’infestation dans la zone de Saint-Philippe et assurer une surveillance événementielle sur l’ensemble de l’île".