Tresta Star : pour le BEA Mer, une succession d’erreurs explique ce naufrage

Les conclusions du BEA mer (Bureau d’enquêtes sur les événements de mer) sont sans appel. Le naufrage du Tresta Star sur les côtes réunionnaises était inévitable. Les responsabilités sont partagées par l’ensemble des acteurs, mais plus particulièrement par le capitaine et l’armateur.

Dès le lendemain du naufrage à La Réunion du Tresta Star (4 février 2022), des voix pointaient la responsabilité du capitaine du pétrolier-ravitailleur basé à l’île Maurice. Pour une raison, encore mystérieuse, le bâtiment de 74 mètres de long (NDLR : conçu pour ne jamais s’éloigner de son port d’attache) naviguait en haute mer.

Un choix d’autant plus incompréhensible que les services météorologiques de l’île Maurice, comme ceux de La Réunion, suivaient depuis plusieurs jours le cyclone Batsirai.

Cette sortie, dans ces conditions était d’autant plus risquée, que le Tresta Star, "était au mouillage depuis trois mois", nous apprend le rapport qui précise, "sans aucune activité".

(Archives)

Un navire mal entretenu


Entre janvier 2020 et octobre 2021, les services du ravitailleur étaient régulièrement sollicités et pour une raison encore inconnue, le contrat n’a pas été reconduit. Le Tresta Star, qui appartient à un armateur Indien, effectuait 15 à 30 soutages par mois et, du jour au lendemain, plus rien.
Son entretien est devenu aléatoire.

Quand le ravitailleur sort de Port-Louis en ce début de mois de février 2022, plusieurs contrôles n’ont pas été effectués. L’état de la coque est incertain, mais pas seulement, nous apprend L’Express de Maurice qui a épluché l’intégralité des conclusions du BEA : "Les grilles d’aspiration de la réfrigération des moteurs sont un peu colmatées, ce qui provoque des arrêts répétés de ces moteurs. Le Tresta Star n’est pas maître de sa manœuvre dans ces conditions météorologiques".

L'épave du Tresta Star, le 5 décembre 2022.

Une dérive de 20 heures


Le capitaine n’alerte pas immédiatement les autorités des difficultés qu’il rencontre. Il pensait protéger son navire, s’il parvenait à se réfugier au Sud de Maurice, mais en voulant s’éloigner de la zone d’influence du phénomène, l’un des moteurs est tombé en panne.

Poussé par le vent, le bateau dérive vers les côtes réunionnaises. Cela fait déjà 20 heures, quand enfin le capitaine envoie un message d’alerte par Immarsat-C au Centre de secours en mer de l’île Maurice (MRCC).

Le Cross-RU est alerté, mais ce 3 février 2022, les conditions météorologiques sont trop dégradées pour entreprendre un remorquage ou un hélitreuillage de l’équipage. Finalement, le navire de charge finit sa course contre la lave du Tremblet. Malgré des conditions dantesques, les sapeurs-pompiers de Saint-Philippe, aidés des spécialistes du SDIS Réunion, parviennent à venir en aide aux 11 marins.

L’équipe du GRIMP974 et les rescapés du Tresta Star

Un accident juste matériel


Le navire de charge gît toujours contre la lave au Tremblet. L’épave du Tresta Star devrait être découpée pour disparaître, mais le projet, un temps évoqué, ne fait plus l’actualité.
L’étude de BAE Mer survivra longtemps après la disparition de l’épave. Les spécialistes ne se contentent pas d’analyser les causes de l’accident, mais proposent des solutions pour les éviter dans l'avenir.
Un conseil simple, et qui ne coûte pas une roupie, est suggéré : "Le BEA MER recommande lorsqu’un de ses navires doit naviguer hors des limites qui lui sont réglementairement autorisées, qu’il prévienne les autorités mauriciennes, pour que celles-ci puissent donner les conditions dans lesquelles le bâtiment pourrait être autorisé à sortir de sa zone de navigation. Par ailleurs, il suggère de s’assurer qu’un navire soit maintenu en état lorsqu’il est en mouillage durant plusieurs mois, ce qui lui permettra d’utiliser toute sa propulsion".