Lundi 9 octobre, les enquêteurs du Service territorial de la police judiciaire ont démantelé un réseau de trafic de faux papiers qui aurait débuté en 2008. Les faits reprochés sont particulièrement graves puisqu'ils impliquent des fonctionnaires du tribunal judiciaire et de la mairie de Saint-Pierre.
Le cerveau du réseau se serait en effet fait aider par l'ancien greffier en chef du Sud ainsi que par une employée de l'état-civil à la mairie pour "aider" des ressortissants étrangers à se procurer illégalement des papiers d'identité.
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Le trio interpellé lundi
L'ex-greffier en chef, aujourd'hui à la retraite, a été arrêté à son domicile. Tandis que l'employée de l'état-civil de la mairie a, elle, été interpellée sur son lieu de travail. Un troisième suspect les a rejoints en garde à vue. Il s'agit d'un homme d'une cinquantaine d'années qui serait donc la tête pensante du trio.
Hier, mercredi 11 octobre, les trois suspects ont été présentés à un juge d'instruction du tribunal judiciaire de Saint-Denis où la procédure a été "dépaysée".
Deux suspects écroués, l'employée municipale laissée libre
Le cerveau présumé du réseau ainsi que l'ancien directeur de greffe ont tous les deux été placés en détention provisoire après avoir été mis en examen des chefs de faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique et recel, abus de confiance, corruption, aide au séjour irrégulier d'étrangers commise en bande organisée et complicité d’obtention indue de document administratif.
La fonctionnaire territoriale a, elle, été mise en examen du chef de corruption et elle a finalement été laissée libre, sous contrôle judiciaire. Mais il lui est désormais interdit "d’exercer l’activité professionnelle ou sociale en lien avec l’infraction". Elle ne pourra donc pas reprendre son poste au service d'état-civil de la mairie de Saint-Pierre
Un mode opératoire très précis
Selon les premiers résultats de l'enquête menée par les policiers spécialisés de la brigade mobile de recherches dans cette affaire "inédite à La Réunion", plus de 40 pièces d'identité auraient été délivrées selon un mode opératoire très précis.
L'ancien greffier imprimait de faux certificats de nationalité française. Tandis que sa complice présumée à la mairie de Saint-Pierre produisait elle aussi des documents, et notamment des actes de naissance.
De faux documents pour obtenir de vraies pièces d'identité
Ces divers certificats et documents permettaient à des étrangers d'obtenir un passeport ou une carte d'identité. Un service pour lequel chaque suspect recevait une contrepartie financière.
"C'est vraiment une affaire inédite de par son ampleur", souligne Mickaël Hoareau, le secrétaire départemental à l'UNSA-Police Réunion. Notamment au vu du nombre de documents délivrés".
"C'est une affaire criminelle puisqu'elle implique des personnes chargées d'une mission de service public et que la qualification de bande organisée a aussi été visée", précise encore Mickaël Hoareau.
Regardez l'interview de Mickaël Hoareau sur Réunion La 1ère :