Historiquement tournée vers la mer, Saint-Pierre, la capitale du Sud a changé de visage devenant un centre-ville aux commerces attractifs. Quartier de pêcheurs, Terre-Sainte s'est transformée. En périphérie, la Ravine Blanche est sortie de terre. Reportage.
Assis sur un petit mur de pierre, à l'ombre d'un pied de bois au bout de l'allée des banians, Joseph, Paul et leurs dalons se retrouvent chaque jour au coucher du soleil. "Avant, il n'y avait pas la poissonnerie là, il n'y avait rien, raconte Joseph, 73 ans. Ma belle-mère habitait ici, il y avait des petites cases, ce n'était pas bétonné comme ça. Un bonhomme avait des charrettes bœuf au fond là-bas". Pêcheur, Joseph a grandi sur les rives de la Rivière d'Abord, frontière naturelle entre Terre-Sainte et Saint-Pierre. "Aujourd'hui, il n'y a presque plus de pêcheurs. Les vieux sont partis, les jeunes n'ont pas pris la relève", s'attriste Joseph.
Si Marie et Jeanne se promènent sereinement dans les rues de Saint-Pierre, elles affirment que le soir, elles ne fréquentent pas la ville. "L'insécurité a toujours existé, c'est dangereux le soir", confie Jeanne qui affirme qu'une de ses nièces s'est déjà faite agressée en ville. Mère de famille, Chrislaine, jeune trentenaire originaire du Tampon, raconte aussi une malheureuse rencontre en décembre : "on se promenait en famille sur le front de mer, avant 18 heures, lorsque deux jeunes sont venus nous demander de l'argent. Le ton est monté, heureusement on a réussi à partir, mais on a eu peur". "Je ne laisserais jamais mes enfants sortir le soir ici", affirme Chrislaine.
En périphérie de Saint-Pierre, dans le récent quartier de la Ravine Blanche, les habitants affirment que l'insécurité fait désormais partie du passé. Des barres de logements sociaux bordent les rues principales. En 2008, un grand chantier de rénovation urbaine a commencé. "Il y a moins de délinquance, de nouvelles structures existent pour faire avancer le quartier et aider la population", affirme Virginie, éducatrice de jeunes enfants. Elle habite la Ravine Blanche depuis 2012 et estime que ce quartier autrefois "réputé difficile" est désormais "apaisé".
Même constat pour Marie-Louise. Mère de famille, elle attend ses enfants à la sortie du centre-aéré. "De nouveaux bâtiments, une jolie école, et la mentalité des gens qui a changé, c'est moins agressif", remarque Marie-Louise qui se souvient du temps où la Ravine Blanche n'était faite que de "champs de canne et d'herbes". "Il y avait la petite chapelle en bas", sourit Epiphana qui vit dans le quartier depuis 57 ans. Marmaille, il jouait "aux cow-boys et aux indiens dans la ravine". "Les déchets descendaient des hauts dans le canal ici", montre-t-il du doigt. Parfois, le quartier "chauffe encore", remarque-t-il. "Des jeunes n'ont pas de travail et en veulent à la société, poursuit Epiphana. Mais ça, ce n'est pas propre à la Ravine Blanche, c'est pareil dans les 24 communes de La Réunion". En 2016, 20 % des habitants de Saint-Pierre ont moins de 30 ans.
Contexte politique
Depuis 2001, Michel Fontaine (LR) est le maire de la ville. Il a succédé à Elie Hoarau (PCR) qui a été à la tête de la commune de 1982 à 2001. Voici la liste des maires de Saint-Pierre.