Historiquement tournée vers la mer, Saint-Pierre, la capitale du Sud a changé de visage devenant un centre-ville aux commerces attractifs. Quartier de pêcheurs, Terre-Sainte s'est transformée. En périphérie, la Ravine Blanche est sortie de terre. Reportage.
Assis sur un petit mur de pierre, à l'ombre d'un pied de bois au bout de l'allée des banians, Joseph, Paul et leurs dalons se retrouvent chaque jour au coucher du soleil. "Avant, il n'y avait pas la poissonnerie là, il n'y avait rien, raconte Joseph, 73 ans. Ma belle-mère habitait ici, il y avait des petites cases, ce n'était pas bétonné comme ça. Un bonhomme avait des charrettes bœuf au fond là-bas". Pêcheur, Joseph a grandi sur les rives de la Rivière d'Abord, frontière naturelle entre Terre-Sainte et Saint-Pierre. "Aujourd'hui, il n'y a presque plus de pêcheurs. Les vieux sont partis, les jeunes n'ont pas pris la relève", s'attriste Joseph.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Pour des commerçants du front de mer, préférant rester anonymes, l'insécurité existe bien à la nuit tombée. "Des caméras de surveillance ont été installées, mais s'il n'y a personne pour regarder les écrans, à quoi ça sert ?", interroge l'un d'eux.
Même constat pour Marie-Louise. Mère de famille, elle attend ses enfants à la sortie du centre-aéré. "De nouveaux bâtiments, une jolie école, et la mentalité des gens qui a changé, c'est moins agressif", remarque Marie-Louise qui se souvient du temps où la Ravine Blanche n'était faite que de "champs de canne et d'herbes". "Il y avait la petite chapelle en bas", sourit Epiphana qui vit dans le quartier depuis 57 ans. Marmaille, il jouait "aux cow-boys et aux indiens dans la ravine". "Les déchets descendaient des hauts dans le canal ici", montre-t-il du doigt. Parfois, le quartier "chauffe encore", remarque-t-il. "Des jeunes n'ont pas de travail et en veulent à la société, poursuit Epiphana. Mais ça, ce n'est pas propre à la Ravine Blanche, c'est pareil dans les 24 communes de La Réunion". En 2016, 20 % des habitants de Saint-Pierre ont moins de 30 ans.
1945 – 1950 : Fernand Colardeau
1950 – 1966 : Pierre-Raymond Hoarau
1966 – 1982 : Alfred Isautier
1982 – 2001 : Elie Hoarau
2001 – 2020 : Michel Fontaine
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Ça "bèk pu"
Tous les matins, "quand le temps le permet", vers 6 heures, Joseph et ses camarades partent pêcher "à l'ancienne" avec Lélaine, une barque traditionnelle jaune et bleue. A 10h30, de retour de pêche, ils entrent dans le Port de Saint-Pierre. Ce matin-là, Joseph est déçu. Il amarre l'embarcation au ponton, range ses lignes, écope l'eau du fond de la barque et sort le saut qui contient sa maigre pêche. D'une main, il soulève une pieuvre : "voilà !" "Quelques béquines, des jaunes, et un petit moun", se désole le gramoune, les mains dans le poisson. "Ce n'est pas bon du tout, le courant était fort, poissons "i bèk pa"". Pêcheur depuis les années 40, Joseph se souvient d'une époque où le retour de pêche était prospère. Sur le front de mer de Terre-Sainte, "il y avait les bichiques, de petits parcs à moules et des huîtres partout, affirme-t-il. Aujourd'hui : plus rien!".Des pêcheurs aux ouvriers et employés
"Pas de ponton, des bancs de sable, des barques qu'ils tirent à la main", à 71 ans, Paul se souvient aussi de l'époque "où le pont n'existait pas". Surnommé le "village de pêcheurs", Terre-Sainte compte environ 10 000 habitants. Des ruelles étroites, des pieds de bois, de petites cases et des cours ombragées, Terre-Sainte a été délaissée des pêcheurs et a connu l’arrivée d’ouvriers et d’artisans avec la construction du port de Saint-Pierre au milieu du XIXe siècle. En 1968, Saint-Pierre comptait 40 355 habitants contre 84 212 en 2017. La population a plus que doublé en moins de 50 ans. Le taux de chômage s'élève à 28,5 %.Un centre-ville attractif
Marie a 20 ans. Originaire de la Plaine des Cafres, elle déambule dans les rues du centre-ville avec sa grand-mère. "Je suis venue faire du shopping avec mamie, je trouve tout ce que j'ai besoin", confie Marie. A 71 ans, Jeanne sa grand-mère, se rappelle de ces "rues de terre". "Autrefois, on venait à Saint-Pierre acheter ce dont on avait besoin, aujourd'hui on se fait plaisir car il y a tout sous la main. Il y a trop de magasins, affirme Jeanne. On achète partout et après la poche est vide !"De l'insécurité sur le front de mer ?
Si Marie et Jeanne se promènent sereinement dans les rues de Saint-Pierre, elles affirment que le soir, elles ne fréquentent pas la ville. "L'insécurité a toujours existé, c'est dangereux le soir", confie Jeanne qui affirme qu'une de ses nièces s'est déjà faite agressée en ville. Mère de famille, Chrislaine, jeune trentenaire originaire du Tampon, raconte aussi une malheureuse rencontre en décembre : "on se promenait en famille sur le front de mer, avant 18 heures, lorsque deux jeunes sont venus nous demander de l'argent. Le ton est monté, heureusement on a réussi à partir, mais on a eu peur". "Je ne laisserais jamais mes enfants sortir le soir ici", affirme Chrislaine.Pour des commerçants du front de mer, préférant rester anonymes, l'insécurité existe bien à la nuit tombée. "Des caméras de surveillance ont été installées, mais s'il n'y a personne pour regarder les écrans, à quoi ça sert ?", interroge l'un d'eux.
La Ravine Blanche, un quartier transformé
En périphérie de Saint-Pierre, dans le récent quartier de la Ravine Blanche, les habitants affirment que l'insécurité fait désormais partie du passé. Des barres de logements sociaux bordent les rues principales. En 2008, un grand chantier de rénovation urbaine a commencé. "Il y a moins de délinquance, de nouvelles structures existent pour faire avancer le quartier et aider la population", affirme Virginie, éducatrice de jeunes enfants. Elle habite la Ravine Blanche depuis 2012 et estime que ce quartier autrefois "réputé difficile" est désormais "apaisé".Même constat pour Marie-Louise. Mère de famille, elle attend ses enfants à la sortie du centre-aéré. "De nouveaux bâtiments, une jolie école, et la mentalité des gens qui a changé, c'est moins agressif", remarque Marie-Louise qui se souvient du temps où la Ravine Blanche n'était faite que de "champs de canne et d'herbes". "Il y avait la petite chapelle en bas", sourit Epiphana qui vit dans le quartier depuis 57 ans. Marmaille, il jouait "aux cow-boys et aux indiens dans la ravine". "Les déchets descendaient des hauts dans le canal ici", montre-t-il du doigt. Parfois, le quartier "chauffe encore", remarque-t-il. "Des jeunes n'ont pas de travail et en veulent à la société, poursuit Epiphana. Mais ça, ce n'est pas propre à la Ravine Blanche, c'est pareil dans les 24 communes de La Réunion". En 2016, 20 % des habitants de Saint-Pierre ont moins de 30 ans.
Contexte politique
Depuis 2001, Michel Fontaine (LR) est le maire de la ville. Il a succédé à Elie Hoarau (PCR) qui a été à la tête de la commune de 1982 à 2001. Voici la liste des maires de Saint-Pierre.1945 – 1950 : Fernand Colardeau
1950 – 1966 : Pierre-Raymond Hoarau
1966 – 1982 : Alfred Isautier
1982 – 2001 : Elie Hoarau
2001 – 2020 : Michel Fontaine