Saint-Pierre : une interdiction définitive d'exercer requise à l'encontre du médecin jugé pour avoir délivré de faux pass sanitaires

Une vingtaine de manifestants étaient soutenir le docteur Lucas jugé au tribunal judiciaire de Saint-Pierre.
Un médecin généraliste soupçonné d'avoir délivré de faux certificats de vaccination à au moins une centaine de patients, à la Ravine des Cabris, en octobre 2021, est jugé ce jeudi après-midi au tribunal judiciaire de Saint-Pierre. Un groupe de manifestants est présent sur place pour soutenir le praticien à l'encontre duquel le parquet a requis une interdiction définitive d'exercer.

Un médecin à la barre d'un tribunal. L'image est peu courante et pourtant, un praticien généraliste du quartier de la Ravine des Cabris avait bien rendez-vous au tribunal judiciaire de Saint-Pierre ce jeudi 8 juin.

Il lui est reproché d'avoir délivré au moins une centaine de faux pass sanitaires à des patients qui n'étaient donc pas réellement vaccinés. Et pour cela, le docteur Bertrand Lucas risque 7 ans de prison et une amende de 100 000 euros. Des faits remontant à fin 2021 alors que La Réunion souffrait toujours des conséquences de la crise sanitaire.

Le reportage de Réunion la 1ère :

Le médecin qui distribuait des faux pass sanitaires risque l'interdiction définitive d'exercer

Une vingtaine de manifestants présents pour soutenir le médecin 

En début d'après-midi, avant même l'ouverture du procès, un groupe de manifestants s'est rassemblé devant le palais de justice pour soutenir le mis en cause. "Tous avec le docteur Lucas, pour une médecine éclairée", pouvait-on lire sur une banderole brandie par ses supporters.

Des manifestants qui ont donc profité de cette audience au tribunal pour rappeler leur opposition à la politique gouvernementale durant et après la crise sanitaire, et leur opposition surtout au fameux pass sanitaire dont la mise en place a divisé le pays, y compris à La Réunion, où plusieurs défilés ont été organisés.

Manifestation de soutien devant le tribunal de Saint-Pierre pour le procès du médecin qui distribuait des faux pass sanitaires

Le parquet requiert une interdiction définitive d'exercer

Durant l'audience, le procureur de Saint-Pierre a requis à l'encontre du médecin une peine de six mois de prison avec sursis ainsi qu'une amende de 10 000 euros, dont la moitié avec sursis, mais surtout l’interdiction définitive d’exercer sa profession. 

Pour le représentant du Ministère public, il n'y a pas de doute : le docteur Lucas aurait agi pour des raisons pécuniaires. Mais le principal intéressé assure que non. Il aurait agi "selon sa conscience", d'après son avocat, Me Djalil Gangate. "Il a agi avec humanité face à des gens qui étaient dans une extrême détresse". Plusieurs de ces faux pass avaient été délivrés à des professionnels soumis à l'obligation vaccinale...

Des faux délivrés à des professionnels soumis à l'obligation vaccinale

L'Agence régionale de santé et la Caisse générale de sécurité sociale s'en sont rendues compte lorsque certains des patients du généraliste ont décidé de se faire vacciner... pour de vrai ! Leurs noms figuraient en effet déjà dans les bases de données !

Le médecin de la Ravine des Cabris ne demandait a priori pas de surcoût pour ces faux pass mais il touchait la partie remboursée par l’Assurance maladie. Reste que les avis divergent s'agissant le montant du préjudice. Les parties civiles estime qu'il atteint les 36 000 euros tandis que la défense avance une somme ne dépassant pas les 5 000 euros. 

Le médecin s’est effondré à la barre en fin d'audiece. "J’ai mis du trouble dans une période où il y en avait déjà beaucoup, je présente mes excuses à la cour et je vous supplie de me laisser mon métier", a-t-il déclaré.

Plus de 120 patients auditionnés

Ce sont les gendarmes de l'OCLAESP, l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, qui avaient mené les investigations. Après les auditions de quelques 120 patients en l'espace de 48 heures, les enquêteurs étaient remontés jusqu'au praticien.

Il avait été interpellé le mercredi 13 octobre 2021 et mis en examen pour "production de faux documents administratifs par une personne en charge d'une mission de service public" et "d'escroqueries à l'assurance maladie".

"Personne n'est au-dessus de la loi"

Ce médecin s'expose par ailleurs à une procédure disciplinaire si sa responsabilité pénale est confirmée. "Notre profession ne saurait tolérer tout agissement contrevenant à la santé publique et au Code de la Santé publique", avait à l'époque réagi Benjamin Dusang, le président du Conseil de l'Ordre des médecins.

"Tout le monde doit être conscient qu'on ne doit pas être au-dessus de la loi", avait pour sa part commenté le docteur Christine Kowalczyk, la présidente de la Confédération des syndicats médicaux français.