Les cyclones Batsirai et Emnati passaient au-dessus de nos têtes il y a déjà trois mois, et mettaient à rude épreuve les productions maraîchères de l’île. De nombreuses productions se sont retrouvées sous l’eau, et les chemins agricoles ont été ravinés, empêchant l’accès aux exploitations.
Regardez le reportage de Réunion La1ère :
Si une aide d’urgence avait été aussitôt annoncée par le conseil départemental, les agriculteurs réunionnais s’inquiètent de ne l’avoir toujours pas perçue. C’est donc afin de faire avancer la situation et d’obtenir des informations sur l’avancement du dossier qu’ils se sont rassemblés ce vendredi 13 mai 2022 à Saint-Pierre, à l’appel de la CGPER.
"Plus du tout de trésorerie"
Beaucoup d’entre eux sont en colère, pris à la gorge après avoir puisé dans leurs économies pour relancer leur activité après ces phénomènes climatiques.
“Ca fait bientôt plus de trois mois que les deux cyclones sont passés, on a vu au lendemain de ces cyclones pas mal de politiques, notamment du Département, qui sont venus nous rencontrer sur le terrain et nous garantir qu’il y aura une aide dite d’urgence pour relancer nos exploitations. Force est de constater aujourd’hui que nos exploitations ne sont toujours pas aidées. Les prix des produits explosent, il n’y a pas de production, tout le monde regarde les agriculteurs en pensant qu’ils sont en train de se gaver alors que c’est faux, on n’a pas les moyens de mettre en place nos productions parce qu’on n’a plus du tout de trésorerie ! Voilà la situation telle qu’elle est aujourd’hui”
Jean-Michel Moutama, président de la CGPER
Selon Jean-Michel Moutama, une grande majorité des agriculteurs ayant demandé cette aide d’urgence n'a encore rien perçu. “Beaucoup ont de gros soucis de trésorerie, on ne sait plus comment ni mener notre exploitation, ni comment vivre, tout simplement”, achève-t-il.
Cultures et chemins dévastés
Même son de cloche du côté d’Hermann Hosteing, président du groupement des agriculteurs biologiques de La Réunion, lui-même agriculteur du côté de La Rivière Saint-Louis. “On a subi beaucoup de dommages, au niveau des cultures, mais aussi au niveau des chemins d’exploitation qui sont à refaire, et on ne nous aide pas. Donc on est tributaires de nous-mêmes pour acheter des minéraux, envoyer des engins pour réhabiliter les chemins...”, expose-t-il.
“Personne ne nous a aidés. Mais une aide d’urgence, c’est une aide d’urgence. Pour repartir dans le bon sens, pour acheter des semences, les matières organiques, les bâches, refaire sa pépinière, ou même réhabiliter les parcs d’animaux, pour l’instant on n’a aucune aide”.
Hermann Hosteing, président du groupement des agriculteurs biologiques de La Réunion
Cette absence de financements pour mener à bien tous les travaux nécessaires équivaut selon lui à “du temps perdu sur les exploitations”. “Je vois que nos élus sont en pleine campagne des législatives, mais ils oublient que l’essentiel pour nos consommateurs et consommatrices, ce sont nos agriculteurs et éleveurs”, fait remarquer le président du groupement des agriculteurs biologiques.
Encore un tiers des dossiers à instruire
Ces inquiétudes ont pu être remontées au Département, dont le vice-président en charge de l’agriculture, Serge Hoareau, a rencontré une délégation syndicale ce vendredi matin. Une réunion improvisée au cours de laquelle un calendrier a été fixé. L’élu se veut rassurant.
“Les dossiers devaient être déposés au conseil départemental jusqu’au 4 mars, pour pouvoir répondre rapidement à l’urgence. Au moment où on se parle, nous avons enregistré 1350 dossiers de demande d’aide, dont 810 sont instruits et 535 sont payés. Il reste donc un peu plus du tiers sur lequel on est en train de terminer les instructions, et le Département s’engage à finaliser l’ensemble de ces dossiers pour fin juin”.
Serge Hoareau, vice-président du Conseil départemental en charge de l'agriculture
Le Conseil départemental a ainsi tenu à rassurer les professionnels en rappelant la réactivité de la collectivité locale, ainsi que la vocation de cette aide d’urgence, en attendant l’intervention de l’Etat pour le versement des indemnités de calamités agricoles, attendues, elles, à l’horizon du mois de juillet.