Saint-Valentin : l'agence matrimoniale, une méthode pour trouver l'amour qui tranche avec les sites de rencontre

Dalila Lauret, agence matrimoniale Unicis Réunion
Bien différentes des applications et sites de rencontre qui sont désormais légion, les agences matrimoniales font de la résistance, offrant leurs services à des personnes bien décidées à trouver l'amour. Rencontre avec Dalila Lauret, qui chaque année, dit former une cinquantaine de couples à La Réunion.

Voilà déjà plus de 35 ans que Dalila Lauret est dans le métier : depuis 1989, elle fait se rencontrer des personnes désireuses de construire une vie à deux. Chaque matin, elle examine son fichier d'adhérents, âgés de 18 à 89 ans, qu'ils soient à La Réunion, en métropole, ou même à Maurice. "La priorité c'est de mettre mes adhérents en relation", sourit la responsable de l'agence Unicis Réunion. 

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Reportage dans une agence matrimoniale

Certaines périodes sont plus chargées que d'autres. "Le lundi par exemple, ça bouge : les gens ont passé un week-end tellement triste, qu'ils se disent qu'ils ne veulent plus continuer leur vie comme ça et m'appellent pour prendre rendez-vous", relate la responsable d'agence matrimoniale. 

Un premier entretien primordial  

Ici, pas question de remplir juste un profil avec des informations basiques et une photo, comme ceux qui cherchent l'amour pourraient le faire sur des sites internet ou des applications. Dalila Lauret, responsable de l'agence Unicis Réunion, a toujours un entretien en face à face avec la personne qui souhaite intégrer son fichier, que ce soit en visio ou en présentiel. Un premier entretien "pour faire connaissance, poser des questions ciblées sur sa vie sentimentale passée, ses expériences, qui elle recherche....". 

Les adhérents doivent par ailleurs prouver leur identité, leur célibat, et leur lieu de résidence pour éviter les mauvaises surprises. 

Sentir la motivation de chacun

Ce premier échange a aussi vocation à écarter les adhérents qui ne seraient pas tout à fait prêts pour cette expérience. "Quelqu'un qui a envie de rebondir mais qui a subi une rupture récemment, je ne l'inscris pas", cite par exemple Dalila Lauret. La professionnelle tente aussi, pendant cet entretien, de sentir la motivation des personnes. 

Des personnes "prêtes à construire une vie à deux"

Au fil des années, elle a aussi vu la typologie de ses clients changer. A l'ouverture de l'agence, en 1989, 60 à 70% de son fichier était constitué de personnes désireuses de faire des rencontres en métropole, pour y commencer une nouvelle vie, dit Dalila Lauret. 

"Aujourd'hui, ce sont des personnes qui d'abord passent par les sites de rencontres avant de se dire que ce n'est pas vraiment l'endroit où elles doivent être, et qu'elles préfèrent voir une professionnelle parce qu'elles savent ce qu'elles veulent et comment elles veulent avancer", constate-t-elle. "J'ai de plus en plus d'adhérents, réellement prêts à construire une vie à deux". 

"On a deux sortes de personnes : la personne très motivée, qui sait ce qu'elle veut, et la personne qui me dit "vous êtes ma dernière chance, j'ai tout essayé, je n'y arrive pas""

Dalila Lauret, responsable de l'agence Unicis Réunion

Des personnes passées par les sites de rencontre

Ainsi, sa clientèle est en grande partie composée de personnes qui, après des années à chercher par elles-mêmes ou sur les applications de rencontre, souhaitent s'engager dans une autre démarche pour se mettre en couple. "Avant, tout le monde venait, même ceux qui sortaient d'une rupture. Aujourd'hui, ces gens-là vont d'abord sur des sites de rencontre pour faire cette période de transition. Ceux qui viennent veulent vraiment construire une vie à deux", observe Dalila Lauret. 

Pas d'échange de photos

Parfois, un réel travail est nécessaire avec ces "adhérents" qui sont passés par les rencontres en ligne. Et en ont gardé certaines mauvaises habitudes, la principale étant de systématiquement requérir une photo de la personne avant une éventuelle rencontre. 

"Souvent je me rends compte que les gens demandent une photo avant la rencontre, et s'arrêtent à une image. Alors que la vraie rencontre, c'est voir l'autre arriver, sa démarche, un regard... Tout ça c'est beau et c'est ça qui est intéressant"

Dalila Lauret, responsable de l'agence Unicis Réunion

Ici, ne comptez pas sur Dalila pour vous montrer la photo de celui ou celle dont elle vous parle, et qu'elle souhaite vous faire rencontrer. Le respect du droit à l'image l'en empêche de toute façon. Sauf si, comme certains le préfèrent, une décharge est signée pour autoriser l'agence à montrer sa photo à d'autres adhérents. 

"Construire une vie à deux va plus loin qu'une image !"

"Je décris la personne", plutôt que d'avoir recours à des photos, explique-t-elle, misant sur la relation de confiance construite entre le conseiller et son adhérent. En outre, baser son ressenti uniquement sur une photo avant d'avoir rencontré de visu une personne n'est pas bon pour partir sur une relation durable, fait-elle comprendre. "Construire une vie à deux va plus loin qu'une image ! Il faut s'intéresser à la personne, qui elle est, quels sont ces projets, est-ce qu'elle peut m'apporter l'équilibre que je recherche", considère Dalila Lauret. 

Intuition

Son outil préféré ? Son intuition. "Je connais mon fichier par coeur, sourit Dalila Lauret du haut de ses 35 ans d'expérience. Quand quelqu'un arrive, je pense de suite à une personne avec qui ça pourrait marcher, et quand je les mets en relation je suis convaincue. Et bien souvent c'est la bonne personne". Chaque année, elle est à l'origine d'une cinquantaine de couples, et revendique fièrement "80% de réussite".  

"Lorsque j'appelle une personne pour lui parler de quelqu'un, c'est que moi je pense à 80% que ça va marcher. Il faut qu'il y ait cette petite étincelle qui fait la différence, mais à la base j'essaie de respecter les critères de chacun. Je préfère faire patienter un adhérent plutôt que de lui faire rencontrer quelqu'un qui n'a rien à voir avec ce qu'elle recherche". 

Dalila Lauret, responsable de l'agence Unicis Réunion

Ne pas idéaliser l'âme soeur 

Bien sûr, il y a des fois où ça ne colle pas entre les deux adhérents mis en contact. "Les personnes s'arrêtent quelques fois à des petits détails. Mais c'est dommage, parce que quand on rencontre son âme soeur, ce n'est pas la personne idéale sur tous les points", regrette-t-elle. 

Un coût conséquent

Malgré un taux de réussite annoncé élevé, le recours à une agence de rencontres est peut-être restrictif pour certains budgets. Ici par exemple, faire partie du fichier de Dalila et bénéficier de son expertise coûte quand même 1 500 euros à l'année, soit environ 40 rencontres. 

"Arrêtez d'envoyer votre photo par message"

A ceux qui n'auraient donc pas de quoi faire appel à ses services, elle donne néanmoins quelques conseils. "Arrêtez d'envoyer votre photo par message", enjoint la professionnelle. "On ne fait pas circuler sa photo, car on ne donne pas à la personne la chance de nous rencontrer. Il n'y a pas de communication, parfois on voit la photo et on dit stop", juge-t-elle, soulignant l'importance d'un rendez-vous dans un lieu public agréable et propice à la rencontre. 

Ne pas tout déballer

Une fois en tête-à-tête, il y a aussi quelques impairs à ne pas commettre. Ne pas déballer sa vie personnelle, "un passé trop lourd ou compliqué", dire le moins de choses négatives possible de son passé... 

"Les gens recherchent une vie sereine. Si on ne se fabrique pas un petit environnement rempli d'amour et de douceur, on ne peut pas être heureux, avec tout ce qui se passe autour de nous", justifie-t-elle.

Peut-être, parmi les couples qui célèbreront la Saint-Valentin cette semaine, certains auront été réunis par les efforts de Dalila.