Et si un gigantesque cyclone s’abattait sur l’île ? Voilà l’hypothèse de départ du séminaire Cyclonex qui s’est déroulé toute la journée de ce mercredi 15 novembre à l’Université de Saint-Denis dans un amphithéatre plein à craquer.
Les leçons d'Irma aux Antilles
Impulsé par Jérôme Filippini, le Préfet de la Réunion, Cyclonex (deuxième édition) a démarré par la projection d’un documentaire diffusé par Guadeloupe la 1ère après le passage en 2017 du cyclone Irma : « L’énorme Madame Irma ».
Irma a ravagé aux Antilles les îles de Saint-Martin et Saint Barthélémy, causant la mort de 11 personnes et causant des destructions inouïes.
Une centaine d'acteurs
Une centaine d'acteurs concernés par la gestion de ce type de crise ont œuvré au sein d’ateliers de travail. Les services de la préfecture de la Réunion, les forces armées, la sécurité civile, les pompiers etc. mais aussi des services de santé, le rectorat ou météo France, notamment, ont contribué à cette journée. Se succédant à la tribune, des porte-paroles et spécialistes ont pointé la nécessité d’anticiper, à commencer par les prévisions météo.
Une saison moins active à venir
Cette année, "nous sommes sur une saison cyclonique moins active que la normale", estime Céline Jauffret, la nouvelle Directrice interrégionale de Météo France pour l’océan indien, zone où pourraient se former "5 à 8 systèmes cycloniques".
Mais des cyclones plus proches
Mais du fait du phénomène El Nino dans le Pacifique, leur trajectoire pourrait s’orienter davantage au sud ou sud-est que les précédents, rapprochant ces systèmes de la Réunion, déjà frôlée (190 km) par Batsirai (2022, pas de victime à la Réunion mais 120 morts à Madagascar) et Freddy (février 2023). Et de souligner : "il suffit d’un seul système cyclonique fort pour causer le chaos sur l’île".
"Préparer, protéger, résister, reconstruire"
Perspective pour laquelle "le risque n’est pas nul", et pour la quelle la réponse tient en quatre mots : "préparer, protéger, résister, reconstruire", résume Eric Faure, le Contrôleur général d’état-major interministériel de la zone.
En cas d’alerte rouge (confinement) voire violette (même les services de l’Etat ne sortent pas), de la pièce la plus sûre de la maison en cas de cyclone dévastateur (la salle de bain : "moins de prise au vent" et le cas échéant protection de la baignoire) à la sécurisation des communications (les radios amateurs ont pris la parole), en passant par le rôle des médias audiovisuels : des dizaines d’hypothèses sont passées en revue.
Soins, ravitaillement, sécurisation...
Sur le dernier point, le Préfet n’hésite pas à évoquer une "coproduction de l’information" et propose d’intégrer des journalistes en confinement au centre opérationnel -qui sera transféré à au centre de repli à Saint-Pierre "si Saint-Denis tombe".
Sous la loupe des spécialistes, la dimension des soins (rôle des hôpitaux et des médecins de "proximité"), du ravitaillement (évocation d’une « régulation » des achats pour éviter la constitution de stocks excessifs privant d’approvisionnement une partie de la population), de la sécurisation des sites sensibles (hydrocarbures, élagage des arbres…).
Une bascule de Roland-Garros à Pierrefonds pour les renforts
Eric Faure évoquera aussi la bascule de Roland-Garros à Pierrefonds pour l’éventuelle arrivée de renforts dans le cadre de "la solidarité nationale", tout en soulignant les problèmes logistiques de leur logement, de leur acheminement, à supposer qu’ils puissent atterrir.
En cas de cyclone dévastateur, "nous sommes seuls à résister au chaos", résume le préfet.