Le public du Salahin au Sakifo n'était sans doute pas encore au courant des résultats des élections européennes alors qu'Akhenaton et ses dalons du groupe IAM entonnait leur nostalgique "Où va la vie" pour les 20 ans du festival réunionnais.
Pas question de casser l'ambiance pour cette édition anniversaire. Nos amis marseillais ont mis le feu à Saint-Pierre face à un public venu en masse reprendre leurs titres cultes : "Petit frère", "Je danse le mia", "Nés sous la même étoile", "Samouraï" ou encore "Ca vient de la rue"...
Du Grand Corps Malade
Un Sahahin déjà noir de monde un peu plus tôt pour écouter Grand Corps Malade et son flow envoutant. "Avec ma DeLoréan, c'est retour vers le présent", lance-t-il après avoir précisé un peu plus tôt qu'il n'était "pas vieux, j'ai encore de beaux restes". L'âge de "La Sagesse" répète-t-il en ne boudant pas son plaisir à chambrer le public saint-pierrois, ou encore à taquiner ses musiciens.
Presqu'un spectacle de stand-up, un peu à la manière des Pat'Jaune vendredi soir sur la scène des Filaos... Le genre d'interactions qui rappelle tout l'intérêt d'un concert live. Et de l'échange, il y en a eu également entre la belle et talentueuse Emma Nona et le public des Filaos.
La révélation Emma Nona
La petite saint-pauloise, soutenue par le solide et non moins talentueux bénédictin Tiboké, est décidément la révélation péï de ces dernières années. Elle a séduit les festivaliers avec son univers floral, sa magnifique tenue et bien sûr ses textes engagés chantés d'une voix douce mais sûre.
"Y fo nou tyin bo lo flambo maloya là. A moin mi lé fièr et zot, zot lé fièr ?", demande-t-elle à la foule. Et puis en parlant de talent, la saxophoniste Emy Potonié a elle aussi brillé au-dessus des Filaos, ce dimanche soir, à Saint-Pierre avec son Maloya Jazz Xperianz, un quintet musical hors pair. Ibrahim Maalouf l'avait déjà démontré samedi soir... Qui a dit que la musique instrumentale n'intéressait pas le grand public ?
La salle verte, une valeur sûre avec Simangavol
Et puis, c'est aussi une tradition au Sakifo. L'association Simangavole n'a pas déçu avec sa mythique salle verte. On n'oubliera pas de sitôt le passage survolté d'Olivier Araste de son groupe de maloya bénédictin Lindigo, l'énergie du franco-malgache Claudio Rabe et c'est Simangavol, le groupe, qui a lancé le dernier rond de maloya.
Le Sakifo 2024, c'est donc terminé. Durant ces trois soirs de concerts, c'est une vague de près de 37 000 festivaliers qui a déferlé sur le site de la Ravine Blanche. Le public s'attendait peut-être a du grandiose, cette édition s'est finalement révélé davantage intimiste, un brin nostalgique. Rendez-vous l'année prochaine.