A La Réunion, 52% de femmes, 48% d'hommes en 2020. Mais ce n'est pas parce qu'elles sont en majorité - minime certes - que les Réunionnaises s'en sortent le mieux, comparées aux Réunionnais. Les chiffres dévoilés par l'Insee Réunion (Institut national des statistiques et études économiques) à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes ne font que le confirmer une nouvelle fois.
Conditions de vie
Lorsqu'il y a famille monoparentale à La Réunion, dans la très grande majorité des cas, c'est une femme qui en est à la tête. Et c'est la catégorie de ménage au niveau de vie médian le plus faible à La Réunion. Les mères de famille monoparentales sont donc particulièrement exposées à la pauvreté.
En moyenne, le niveau de vie d'un foyer monoparental mené par une femme s'établit à 12 840 euros par an et par unité de consommation. Lorsque le foyer monoparental est tenu par un homme, ce revenu dépasse les 16 000 euros par an et par unité de consommation.
Aussi, 57% de ces mères de famille monoparentales vivent au-dessous du seuil de pauvreté (contre 36% de l'ensemble de la population réunionnaise). Une pauvreté encore plus criante dans le cas de familles nombreuses, où il y a trois enfants ou plus.
Santé
Les maladies chroniques, encore une affaire de femmes, malheureusement. Elles sont 42% à être concernée par une maladie chronique, contre 35% chez les hommes en 2019. Qu'il s'agisse de rhumatismes, de problèmes cardiovasculaires, d'allergies, d'obésité, de problèmes respiratoires ou de diabète, à chaque fois, les Réunionnaises sont davantage touchées que les Réunionnais.
En cause notamment, des problèmes de surpoids plus prononcés, et une obésite qui favorise l'apparition d'autres maladies chroniques.
Des femmes qui vivent plus longtemps, mais...
Et même si elles vivent plus longtemps en moyenne, elles sont aussi plus nombreuses à subir la perte d'autonomie et les limitations fonctionnelles, mais aussi plus nombreuses à vivre seules une fois âgées.
"Entre 75 et 84 ans, 43 % des Réunionnaises vivant à domicile ont des limitations physiques (se déplacer, monter un escalier, se servir de ses bras ou de ses mains), sensorielles (voir, entendre), ou cognitives (comprendre, se concentrer, prendre des décisions de la vie quotidienne), contre 34 % des Réunionnais du même âge".
Insee La Réunion
Violences
Notre département est au 5ème rang des départements français en termes de taux de victimes de violences conjugales. Sur 1 000 Réunionnaises de 15 à 64 ans, 13 ont été violentées par leur compagnon. Et encore, il ne s'agit là que des victimes connues des services de sécurité. Combien d'autres ont été battues ou frappées sans oser le dénoncer ?
Violences sexistes et sexuelles
En outre, selon l'enquête "Virage" menée en 2018, plus de 2 Réunionnaises sur 5 déclarent avoir vécu une violence sexuelle et sexiste dans l'espace public au cours de l'année précédente.
Le monde du travail n'est pas non plus exempt de cette violence : les femmes déclarent plus souvent que les hommes des critiques répétées et injustifiées. Sans oublier le harcèlement sexuel lui, touche 3% des Réunionnaises.
Education
Au vu des écarts de salaires, le chiffre peut être étonnant. Mais, oui, les femmes sont plus diplômées que les hommes à La Réunion. Parmi les jeunes de 15 à 24 ans qui sont sortis du système scolaire en 2020, elles ne sont que 25% à n'avoir aucun diplôme à l'exception du brevet des collèges, contre 30% des hommes. Quand 39% de ces jeunes femmes ont le baccalauréat, un brevet pro ou un diplôme équivalent, la proportion retombe à 32% chez les jeunes hommes. Enfin, 17% ont fait des études supérieures. Les jeunes hommes : 10%.
Emploi
Et pourtant... seulement 43% des femmes de 15 à 64 ans sont en emploi. C'est 8% de moins que les hommes. Et pour cause, lorsqu'elles ont des enfants, ce sont les Réunionnaises qui mettent leur carrière en pause, soit en travaillant à temps partiel, soit en arrêtant de travailler, ou en ne cherchant plus vraiment d'emploi.
"Alors que la situation sur le marché du travail est proche pour les femmes et les hommes sans enfant, seules 4 mères sur 10 travaillent à temps plein pour 7 pères sur 10 parmi les parents d’un ou deux enfants. À partir de trois enfants, 2 mères sur 10 travaillent à temps plein pour 6 pères sur 10."
Insee La Réunion
De plus, lorsqu'elles travaillent, les femmes réunionnaises ont des emplois moins qualifiés et donc moins bien payés que les hommes.
Des métiers genrés
L'Insee souligne également à quel point les métiers sont genrés. 7,7% de femmes conductrices de véhicules par exemple, alors que les professions d'assistant maternel, de secrétaire, ou d'aide à domicile, comptent plus de 90% de femmes. Des spécialisations genrées qui se remarquent dès l'orientation scolaire.
Salaires
Malgré les revendications qui se font entendre depuis de nombreuses années, le compte n'y est toujours pas : les salaires des Réunionnaises continuent d'être moins élevés que ceux des Réunionnais. Plus précisément de 7% chez les femmes salariées du privé et du public confondus. Une différence particulièrement marquée chez les cadres : 44 190 euros de salaire annuel net moyen pour les femmes cadres, contre 52 130 € pour les hommes cadres, soit 18 % de plus !
Néanmoins, il faut ajouter que les écarts de salaires sont moins marqués à La Réunion que dans l'Hexagone, où les hommes sont payés 17% de plus que les femmes... La cause ? Pas vraiment parce que les employeurs réunionnais ont décidé de se montrer plus égalitaires. Mais parce qu'il y a ici moins d'emplois du secteur privé - plus inégalitaire que le secteur public -, et aussi moins d'emplois de cadres, où les femmes sont moins bien payées que les hommes.
Sport et politique
Deux domaines où les femmes sont encore en infériorité numérique.
Dans le sport par exemple, en 2022, la seule discipline où les Réunionnaises sont plus nombreuses, c'est la natation (57% de femmes licenciées).
A l'inverse, en football, seulement 9% de femmes licenciées, en tennis 36%, ou en athlétisme 44%, en handball 45%...
4 femmes maires à La Réunion
En politique en revanche, il y a du mieux. Même si les femmes maires ne sont que soit 4 sur les 24 édiles de La Réunion (Ericka Bareigts, Juliana M'Doihoma, Vanessa Miranville, Sidoleine Papaya). Mais sur la précédente mandature, elles étaient encore moins nombreuses, signe peut-être d'un progrès.
Enfin, les conseils municipaux respectent presque la parité : 49,1% de femmes, contre 50,9% d'hommes. On peut remercier pour cela l'adoption de plusieurs lois depuis le début des années 2000, pour contraindre les partis à présenter autant d'hommes que de femmes sur leurs listes...