Sécheresse : privés d'eau, les habitants de Salazie en colère

Salazie, cirque à sec.
Parmi les communes classées "en crise" face à la baisse de la ressource en eau, Salazie voit ses habitants faire avec des coupures quotidiennes ou de l'eau impropre à la consommation depuis des mois. La colère monte.

En principe humide et verdoyant, le cirque de Salazie est frappé de plein fouet par la sécheresse et ses conséquences. Déjà en état d'alerte renforcée il y a un mois, la commune est placée en état de crise depuis le vendredi 17 janvier, et va donc connaître de nouvelles mesures de restriction. Au désespoir de ses habitants, qui doivent déjà composer avec des coupures d'eau quotidiennes. 

Regardez le reportage de Réunion la 1ère :

Sécheresse à Salazie, la colère monte chez les habitants

Inquiétude pour la rentrée


"Tous les jours, on reçoit un mail : l'eau du robinet n'est pas potable. Et quand on l'a, elle n'est pas potable, on est obligés de la faire bouillir" se navre Orlane Puiveland, une mère de famille salazienne d'autant plus inquiète que la rentrée s'annonce dans deux jours. 

"Les enfants vont retourner à l'école ou au collège avec des carafes d'eau non potable, il n'y a pas d'eau en bouteille à leur disposition ou très très peu, en cette saison où il fait très chaud... Donc c'est vrai qu'en tant que maman je suis très inquiète parce qu'il n'y a pas de solutions qui sont proposées", déplore-t-elle.

Les touristes "compréhensifs mais contrariés"


Pour les professionnels du tourisme, cette situation est également un frein à leur activité. "L'eau étant coupée tous les soirs, on a dû adapter nos horaires de service du soir, on ne peut pas recevoir de clientèle tardive, et on essuie le mécontentement de nos clients" décrit Salma Martin, gérante de l'hôtel Le Relais des Cimes. 


"Ils sont étonnés car on leur a dit qu'ils venaient dans l'une des régions les plus humides du monde. Ils sont compréhensifs, mais contrariés", relève l'hôtelière. 

"Une catastrophe sanitaire et écologique"


Cindy Barbe-Robert, porte-parole du collectif Nout Gayar, rappelle que la situation perdure depuis des mois : "Les dernières pluies datent de janvier 2024, les coupures à répétition ont commencé depuis juillet. Donc ça fait six mois qu'on subit des interruptions, sans distribution d'eau ou de citernes mises à disposition".

"Ça devient un ras-le-bol et une catastrophe sanitaire et écologique sur le territoire", s'insurge la Salazienne, alors que les pompiers ont dû circonscrire au moins trois feux de végétation importants ces dix derniers jours, demandant l'intervention du Dash de la sécurité civile à Mare-à-Citrons ou Mare-à-Vieille Place.

Le basculement et l'état des réseaux pointés du doigt


"On demande des solutions d'urgence, des citernes supplémentaires et des bouteilles d'eau ainsi que des travaux. Pourquoi ne pas sortir un tuyau du basculement d'eau d'Est en Ouest et le laisser à disposition de la population ?", suggère Cindy Barbe-Robert. 


Une autre question soulevée est celle de l'état du réseau de distribution. "Cette année, on subit une sécheresse, mais il y a des problèmes plus anciens comme l'état des réseaux", reprend Salma Martin.

"On a évalué je crois à 40 % les pertes liées à l'état défectueux des réseaux. Ça fait des années qu'on le sait, et on n'a pas l'impression que des mesures aient été prises", déplore-t-elle. 


Alors que la météo prévoit une sécheresse s'installant durablement sur l'île, les Salaziens espèrent que des solutions seront rapidement mises en œuvre.