"La Réunion face au changement climatique”, c'est le thème de la dernière émission de SOBATKOZ diffusée ce jeudi 30 novembre à l'occasion de l'ouverture de la COP 28 aux Emirats Arabes Unis.
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L’année qui s’achève risque d’être la plus chaude jamais enregistrée sur terre. Jusqu’ici, La Réunion a été relativement épargnée par les effets les plus spectaculaires du réchauffement climatique. Pas de canicule, pas d’inondations catastrophiques, pas d'incendies de forêt gigantesques. Mais, comme partout dans le monde, des températures qui augmentent d’année en année. L’été qui arrive sera-t-il suffocant? Le prochain cyclone qui frappera notre île sera-t-il dévastateur? Comment participer à l’effort de réduction des gaz à effet de serre? Comment s’adapter à un réchauffement inéluctable? Réunion La 1ère ouvre le débat, jeudi 30 novembre, dans Sobatkoz, avec Gaëlle Malet et Jean Marc Collienne.
Ils reçoivent dans les studios de Réunion La 1ère:
- Guillaume Robert, directeur de l’association “Royulé mon Z’aviron”, mais surtout vous avez représenté la Réunion à la Convention citoyenne pour le climat
- Christophe Barbarini, membre mouvement écologiste Extinction Rébellion
- Nathalie Bassire, députée, membre du groupe Liot à l’Assemblée nationale, et membre d’un groupe de travail sur la transition énergétique
- Juliette Masson, agricultrice, élue à la Chambre d’Agriculture, membre du syndicat
- Jacques Ecormier, ancien chef prévisionniste à Matéo France … il a longtemps été LA figure de la météo la Réunion
- Alexis Chaussalet, militant au sein des partis La France insoumise et PLR (le parti d’Huguette Bello), militant associatif également au sein de L’APRES (Alliance pour une Réunion Écologique et Solidaire)
Une COP 28 pour "briser le cycle meurtrier du réchauffement"
Les invités de SOBATKOZ abordent bien évidemment les défis et le programme de la COP 28. 80 dirigeants mondiaux sont à Dubaï pour cette 28ème conférence des Nations Unies sur le changement climatique. Il y a quelques jours, le secrétaire général de l'ONU a appelé les dirigeants du monde qui seront réunis à la COP 28 à briser le "cycle meurtrier" du réchauffement et de ses impacts dévastateurs.
"Nous sommes piégés dans un cycle meurtrier", a déclaré à la presse Antonio Guterres, de retour d'un déplacement en Antarctique, "géant endormi (...) réveillé par le chaos climatique".
"La glace réfléchit les rayons du soleil. Quand elle disparaît, l'atmosphère terrestre absorbe plus de chaleur. Cela veut dire plus de réchauffements, donc plus de tempêtes, d'inondations, d'incendies et de sécheresses à travers le globe. Et plus de fonte, ce qui veut dire encore plus de réchauffement."
"A la COP28, qui commence à la fin de la semaine, les dirigeants doivent briser ce cycle", a-t-il martelé.
"Ce qui se passe en Antarctique ne reste pas en Antarctique. Nous vivons dans un monde interconnecté", a-t-il ajouté, évoquant les conséquences de la perte de glace de l'Antarctique sur la hausse du niveau de la mer et les dangers pour les villes et communautés côtières partout dans le monde.
Protéger les populations du chaos climatique
L'Antarctique a déjà connu une perte de glace accélérée au cours des dernières décennies et les scientifiques estiment que la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental - qui contient suffisamment d'eau pour élever le niveau des océans de plusieurs mètres - pourrait s'approcher d'un "point de bascule" climatique."Les dirigeants ne doivent pas laisser fondre les espoirs des populations à travers le monde pour une planète durable. Ils doivent faire en sorte que la COP28 compte", a insisté Antonio Guterres, appelant une nouvelle fois à sortir de "l'ère des énergies fossiles".
"Les solutions sont bien connues", a-t-il noté, appelant les dirigeants à agir pour "protéger les populations du chaos climatique".
"Nous avons besoin d'un engagement mondial à tripler les énergies renouvelables, doubler l'efficacité énergétique, et apporter de l'énergie propre à tous, d'ici 2030." "Il faut un engagement clair et crédible pour la sortie des énergies fossiles à une échéance alignée avec 1,5°C", a-t-il ajouté, en référence à l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C.
"Et nous avons besoin de justice climatique", avec "une hausse majeure des investissements pour l'adaptation et pour les pertes et dommages, pour protéger les populations des extrêmes climatiques", a-t-il également insisté.
Le réchauffement climatique intensifie encore plus que prévu les fortes pluies
Les épisodes de très fortes pluies, pouvant conduire à des inondations catastrophiques, deviennent aussi de plus en plus fréquents et intenses à mesure que la planète se réchauffe -- et ce davantage que les prédictions jusqu'ici, selon une étude publiée en début de semaine.
Pour anticiper les conséquences du changement climatique, les scientifiques utilisent des modèles climatiques, mais selon cette nouvelle étude, ceux-ci ont sous-estimé l'augmentation des précipitations extrêmes.
Ces travaux suggèrent que les conséquences "pourraient être bien pires que nous le pensions", a déclaré dans un communiqué Anders Levermann, de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact climatique (PIK), à l'origine de l'étude.
"Les pluies extrêmes seront plus fortes et plus fréquentes. La société doit s'y préparer", a-t-il ajouté.
Les hausses les plus fortes de précipitations surviendront dans les régions tropicales et les latitudes élevées, comme en Asie du Sud-Est et le nord du Canada, selon l'étude.
Le phénomène est lié au fait que l'air chaud peut contenir davantage de vapeur d'eau. Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses, qui entraînent des pertes de vies humaines et économiques importantes.
Cet avertissement est publié dans la revue "Journal of Climate", à quelques heures de l'ouverture de la COP 28, le rendez-vous international annuel sur le climat sous l'égide de l'ONU. Pour leurs travaux, les chercheurs ont comparé les simulations de nombreux modèles climatiques avec les changements observés historiquement. Ils ont utilisé des techniques leur permettant de filtrer quels changements sont liés ou non aux émissions de gaz à effet de serre des humains.
"Notre étude confirme que l'intensité et la fréquence des fortes pluies augmentent de façon exponentielle avec chaque hausse du réchauffement mondial", a souligné Max Kotz, auteur principal de l'étude.
Ces analyses montrent, selon leurs auteurs, que c'est bien l'augmentation des températures qui affecte le plus ces changements, et non d'autres facteurs comme les vents. "La bonne nouvelle est que cela rend plus facile de prédire l'avenir des pluies extrêmes", a souligné Anders Levermann. "La mauvaise nouvelle est: cela va empirer si nous continuons à pousser le réchauffement planétaire en émettant des gaz à effet de serre."
La COP 28 s'est ouvert ce jeudi 30 novembre aux Emirats arabes unis, avec au menu deux grandes batailles autour de la finance et des énergies fossiles, dont l'utilisation massive pousse l'humanité vers de nouveaux précipices climatiques.