Histoire : Mahé de Labourdonnais dans le viseur des anti-racistes

Certaines associations et des militants considèrent que la statue de Mahé de Labourdonnais n'a plus sa place devant la préfecture. Une photo circule sur les réseaux sociaux. @tikreol.re
Parmi les conséquences de mobilisation mondiale pour dénoncer et condamner le racisme, aux Antilles et en Europe, les statues à l'éffigie d'esclavagistes tombent.
La mort de l'américain George Floyd (l'homme noir décédé le 25 mai dernier après son arrestation par un policier blanc) a provoqué de larges mobilisations antiracistes à travers la planète.
 


Des statues vandalisées

Avec ces mobilisations, la question épineuse des statues à l'éffigie d'esclavagistes ou d'acteurs de l'esclavage refait surface.
En Martinique, deux statues de Victor Schoelcher (à qui on repproche son colonialisme) avaient déjà été détruites le 22 mai, jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage dans l'île. Mais les mouvements antiracistes nées après la mort de Georges Floyd ont aussi fait tomber la statue d'un marchand d'esclave à Bristol, en Anglettere.
 

Erigée en 1895 dans une rue qui porte son nom, la statue de bronze d'Edward Colston a été arrachée de son piédestal dimanche, par des cordes tirées par un groupe de manifestants. Ils l'ont ensuite piétinée et jetée dans le port fluvial.
 
En Belgique, une statue de l'ancien roi Belge Léopold II a été dégradée, dans le jardin du Musée de l'Afrique à Tervuren. Léopold II est critiqué pour son règne de terreur au Congo au XIXe siècle, alors que ce territoire lui appartenait personnellement. Après avoir été vandalisée elle aussi, une statue de l'ex-roi controversé a été retirée à Anvers, elle devrait être transférée dans un musée.
  

Mahé de Labourdonnais délogé à La Réunion ?

Les réunionnais ne font pas abstraction du sujet. Sur les réseaux sociaux, beaucoup appellent au remplacement de la statue du gouverneur des Mascareignes au 18ème siècle, située dans le square qui porte son nom, aux abords de la préfecture de la Réunion. Pour l'artiste millitant Gael Vellyen, leader du groupe kréolokoz :
 

un pays qui a reconnu l’esclavage comme crime contre l’humanité ne peut pas ériger une statue pour un esclavagiste. Nout société soi disant lé métissé mais en haut lé blanc et en bas lé noir.

 
Pour l'historien Raoul Lucas, cette statue ne devrait ni être détruite ni déménagée :

notre rapport à l'histoire et à notre passé est changeant, mais il ne faut pas confondre ce qui relève de l'histoire et ce qui relève de la mémoire.