Josian Robert, portrait d'un tailleur de pilon à la Plaine-des-Cafres

Les pierres de la rivière de l'Entre-Deux, voilà la matière première des pilons de Josian Robert. Cet artisan de la Plaine-des-Cafres, simplement armé d'un marteau de carrossier et d'un ciseau de sculpture, creuse au fil des coups l'emplacement qui accueillera tantôt l'ail, le poivre, le piment et les autres épices si chères à la cuisine réunionnaise. 

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De l'huile pour noircir le pilon

"Mi choisi les roches bleues de la rivière de l'Entre-Deux, je sais qu'on peut les garder à vie", explique le tailleur de pierre, désignant ce pilon à la couleur bien foncée. Le secret ? "L'huile de carry ! Quand on le lave ensuite, il ne prend plus l'eau, il reste noir", dit Josian Robert. Une "roche bleue" de meilleure longévité que la roche "petit piqué", plus poreuse, mais qui va finir par se creuser. Ces roches, il sait même les reconnaître au bruit que fait le pilon en heurtant le mortier. 

Travailler en rythme

Le son est de toute façon important lorsqu'il est à la tâche, dans son atelier à ciel ouvert, chez lui à Coin tranquille, lieu-dit de la Plaine-des-Cafres. Lorsqu'il travaille, l'artisan a toujours dans la tête une petite musique pour accompagner ses gestes et les rendre moins pénibles. 

"On crée une musique autour du travail pour ne pas sentir la fatigue du bras le soir ! Quand il y a une rythmique, le pilon est déjà fini qu'on a même pas senti combien on a tapé" 

Josian Robert, tailleur de pierre

Creusement de "capsules"

Sa technique est simple pour tailler le bloc massif qui dévoilera à terme un pilon : creuser de manière conique ce qu'il appelle des "capsules". Une première, puis une seconde, une troisième et ainsi de suite, jusqu'à atteindre la profondeur désirée. 

"Pas un boulot facile" 

Ce savoir-faire ancien, il le partage volontiers avec des visiteurs de passage : ses techniques, les outils utilisés, le type de roche à privilégier... et sa passion de la sculpture de pierre. Car aujourd'hui, il souhaite retransmettre aux jeunes générations ces techniques. "C'est pas un boulot facile, faut aimer", dit-il. 

"Si quelqu'un est jeune et motivé, il peut gagner sa vie en tant que tailleur de pierre. Parce qu'il n'y a pas que les pilons, je fais aussi les pierres tombales, les sculptures de lettres..." 

Josian Robert, tailleur de pierre

Aujourd'hui, pour faire connaître ce savoir-faire et la tradition créole de la taille de pierre, il travaillera bientôt avec l'Office intercommunal de tourisme du Sud pour l'organisation de visites de son atelier, chez lui où il expose également ses créations.