Pendant des années, Maurice Lebian n’avait pas de téléphone. Aujourd’hui, cet ancien guide du volcan les collectionne. A l’occasion de la journée sans smartphone, il nous a ouvert les portes de sa mémoire
Loïs Mussard •
Originaire de la Plaine-des-Cafres, Maurice Lebian est un personnage haut en couleur. Le verbe clair. Les idées précises. Le regard un brin tourné vers le passé. Il ressasse une ritournelle « que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » comme le chantait Charles Aznavour : « Pour moi un téléphone sert à téléphoner ! » s’exclame l’un des anciens guides du Piton de la Fournaise qui a du mal à concevoir que l’on puisse passer des heures connecté à un écran tactile pour communiquer virtuellement avec de la famille, des amis, des « contacts »…
Ce sont les gens qui étaient mobiles, pas les appareils…
« il fallait plus de 10 heures pour alerter les secours »
Devenus des appareils à tout faire, les téléphones portables ont empiété sur tous les secteurs de la vie quotidienne depuis le réveil matin à l’écran télévisuel, en passant par le lecteur MP3 et l’appareil photo. Au carrefour de nos relations sociales, il génère une addiction de plus en plus prégnante au point qu’un terme désigne aujourd’hui notre attachement à nos pavés à cristaux liquides que nous pianotons sans modération, la nosophobie.
Maurice Lebian cultive toujours sa passion pour l’histoire de La Réunion et pour les objets qui symbolisent son patrimoine. Collectionneur, il possède toute une variété de téléphones à cadrans, à touches, à pièces… Et en guise de lecteur MP3, il a jeté son dévolu sur les phonographes.
Si les Gramophone et Patéphone nécessitent quelques tours de manivelle et si les sillons des vinyles crépitent avec le poids du temps et de l’humidité, il a du mal à cacher sa fierté lorsque les sons empreints de nostalgie envahissent son salon. Un sourire béat pour une forme de partage en dehors des sentiers balisés par le Bluetooth, la 4G ou le wi-fi : le partage d’une émotion de cœur à cœur !
(Re)Voir le reportage de Loïs Mussard et Laurent Josse: