Pendant des années, Maurice Lebian n’avait pas de téléphone. Aujourd’hui, cet ancien guide du volcan les collectionne. A l’occasion de la journée sans smartphone, il nous a ouvert les portes de sa mémoire
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Originaire de la Plaine-des-Cafres, Maurice Lebian est un personnage haut en couleur. Le verbe clair. Les idées précises. Le regard un brin tourné vers le passé. Il ressasse une ritournelle « que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » comme le chantait Charles Aznavour : « Pour moi un téléphone sert à téléphoner ! » s’exclame l’un des anciens guides du Piton de la Fournaise qui a du mal à concevoir que l’on puisse passer des heures connecté à un écran tactile pour communiquer virtuellement avec de la famille, des amis, des « contacts »…
Il faut dire que Maurice est né en 1950. Dans sa jeunesse, il se souvient qu’il n’existait que quatre abonnés aux PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) dans son quartier à Bourg-Murat. Quatre foyers, quatre postes téléphoniques pour tout un village. «Si on souhaitait dire quelque chose à quelqu’un on se rendait chez lui. Si c’était vraiment important, on prenait rendez-vous chez untel ou untel pour avoir la communication à date et heure fixes » se souvient-il car c’est là la grande différence avec notre société moderne. Ce sont les gens qui étaient mobiles, pas les appareils accrochés au mur de la principale pièce des maisons, ou alors, trônant avec ostentation sur un guéridon comme signe intérieur de personne « branchée ». La téléphonie était un domaine réservé à de rares abonnés eu égard au coût élevé des communications et au nombre restreint des appareils disponibles dans les années 60. Avec les progrès de la technologie l’usage du téléphone s’est petit à petit démocratisé jusqu’à se banaliser à la fin des années 2000 avec le déferlement des smartphones.
Devenus des appareils à tout faire, les téléphones portables ont empiété sur tous les secteurs de la vie quotidienne depuis le réveil matin à l’écran télévisuel, en passant par le lecteur MP3 et l’appareil photo. Au carrefour de nos relations sociales, il génère une addiction de plus en plus prégnante au point qu’un terme désigne aujourd’hui notre attachement à nos pavés à cristaux liquides que nous pianotons sans modération, la nosophobie.
Certes difficile de nier l’utilité d’un téléphone que l’on peut emmener avec nous n’importe an ayant ainsi la sensation de n’être jamais seul quels que soient le lieu et l’heure. « S’il nous arrive quoi que ce soit, on peut appeler et demander de l’aide » confie Maurice Lebian qui avoue avoir eu lui aussi du mal à résister à l’appel de la modernité. « J’ai trop connu la misère. J’ai été tant de fois confronté à des situations où il fallait plus de 10 heures pour alerter les secours pour venir en aide à des gens sur le volcan, que j’ai moi aussi acheté un portable… » Il raconte qu’en cas d’incident à l’époque, un des porteurs était désigné pour redescendre sur la Plaine-des-Cafres afin de téléphoner aux gendarmes afin de mettre en place les dispositifs nécessaires. Pour autant pas question pour lui de «pianoter de manière intempestive sur les réseaux sociaux au point de rester insensible à tout ce qui nous entoure » s’empresse-t-il de rajouter.
Maurice Lebian cultive toujours sa passion pour l’histoire de La Réunion et pour les objets qui symbolisent son patrimoine. Collectionneur, il possède toute une variété de téléphones à cadrans, à touches, à pièces… Et en guise de lecteur MP3, il a jeté son dévolu sur les phonographes.
Si les Gramophone et Patéphone nécessitent quelques tours de manivelle et si les sillons des vinyles crépitent avec le poids du temps et de l’humidité, il a du mal à cacher sa fierté lorsque les sons empreints de nostalgie envahissent son salon. Un sourire béat pour une forme de partage en dehors des sentiers balisés par le Bluetooth, la 4G ou le wi-fi : le partage d’une émotion de cœur à cœur !
(Re)Voir le reportage de Loïs Mussard et Laurent Josse:
Ce sont les gens qui étaient mobiles, pas les appareils…
Il faut dire que Maurice est né en 1950. Dans sa jeunesse, il se souvient qu’il n’existait que quatre abonnés aux PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) dans son quartier à Bourg-Murat. Quatre foyers, quatre postes téléphoniques pour tout un village. «Si on souhaitait dire quelque chose à quelqu’un on se rendait chez lui. Si c’était vraiment important, on prenait rendez-vous chez untel ou untel pour avoir la communication à date et heure fixes » se souvient-il car c’est là la grande différence avec notre société moderne. Ce sont les gens qui étaient mobiles, pas les appareils accrochés au mur de la principale pièce des maisons, ou alors, trônant avec ostentation sur un guéridon comme signe intérieur de personne « branchée ». La téléphonie était un domaine réservé à de rares abonnés eu égard au coût élevé des communications et au nombre restreint des appareils disponibles dans les années 60. Avec les progrès de la technologie l’usage du téléphone s’est petit à petit démocratisé jusqu’à se banaliser à la fin des années 2000 avec le déferlement des smartphones.
« il fallait plus de 10 heures pour alerter les secours »
Devenus des appareils à tout faire, les téléphones portables ont empiété sur tous les secteurs de la vie quotidienne depuis le réveil matin à l’écran télévisuel, en passant par le lecteur MP3 et l’appareil photo. Au carrefour de nos relations sociales, il génère une addiction de plus en plus prégnante au point qu’un terme désigne aujourd’hui notre attachement à nos pavés à cristaux liquides que nous pianotons sans modération, la nosophobie.
Certes difficile de nier l’utilité d’un téléphone que l’on peut emmener avec nous n’importe an ayant ainsi la sensation de n’être jamais seul quels que soient le lieu et l’heure. « S’il nous arrive quoi que ce soit, on peut appeler et demander de l’aide » confie Maurice Lebian qui avoue avoir eu lui aussi du mal à résister à l’appel de la modernité. « J’ai trop connu la misère. J’ai été tant de fois confronté à des situations où il fallait plus de 10 heures pour alerter les secours pour venir en aide à des gens sur le volcan, que j’ai moi aussi acheté un portable… » Il raconte qu’en cas d’incident à l’époque, un des porteurs était désigné pour redescendre sur la Plaine-des-Cafres afin de téléphoner aux gendarmes afin de mettre en place les dispositifs nécessaires. Pour autant pas question pour lui de «pianoter de manière intempestive sur les réseaux sociaux au point de rester insensible à tout ce qui nous entoure » s’empresse-t-il de rajouter.
Un patrimoine à partager de cœur à cœur
Maurice Lebian cultive toujours sa passion pour l’histoire de La Réunion et pour les objets qui symbolisent son patrimoine. Collectionneur, il possède toute une variété de téléphones à cadrans, à touches, à pièces… Et en guise de lecteur MP3, il a jeté son dévolu sur les phonographes.
Si les Gramophone et Patéphone nécessitent quelques tours de manivelle et si les sillons des vinyles crépitent avec le poids du temps et de l’humidité, il a du mal à cacher sa fierté lorsque les sons empreints de nostalgie envahissent son salon. Un sourire béat pour une forme de partage en dehors des sentiers balisés par le Bluetooth, la 4G ou le wi-fi : le partage d’une émotion de cœur à cœur !
(Re)Voir le reportage de Loïs Mussard et Laurent Josse: