Il y a une semaine, à Bérive au Tampon, Nadia Dubar a bien cru qu'elle allait mourir. Alors qu'elle se rendait à pied chez son kinésithérapeute, pourtant à une cinquantaine de mètres seulement de son domicile, la Tamponnaise a été violemment attaquée par deux chiens de type bouledogues américains appartenant à un voisin.
Les deux animaux costauds d'une quarantaine de kilos, se sont jetés sur elle, la projetant par terre avant de lui infliger plusieurs profondes morsures au bras, au ventre, ou encore au sein. Au vu des atroces photos de ses blessures, il est aisé de deviner le cauchemar vécu par la Tamponnaise.
Le propriétaire des chiens, sollicité par notre rédaction, n'a pas souhaité s'exprimer au vu de l'ampleur des faits.
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Une victime traumatisée
Après une lourde prise en charge médicale et des actes de chirurgie réparatrice, Nadia Dubar est aujourd'hui traumatisée. Elle garde de cette scène épouvantable qui la hantera à vie, l'idée que les deux molosses avaient l'intention de la mettre à mort.
"Quand j'ai entendu leur grognement déjà, j'ai eu peur. On dirait qu'ils voulaient venir me tuer !", affirme-t-elle secouée de sanglots à l'évocation de ces souvenirs.
"Le pire c'est que mi aime les chiens"
La victime, au-delà de ses blessures physiques, est affligée face aux conséquences de l'attaque subie. "Maintenant c'est tout le monde, c'est ma famille qui souffre ! Je suis une grande victime", soupire Nadia Dubar, dans ce même lit qu'elle a peur de quitter depuis son retour à la maison.
"Ma la rien demandé à personne, moin c'est pas quelqu'un qui propage des problèmes, au contraire, j'ai toujours aidé tout le monde ! Le pire c'est que mi aime les chiens. Ma la sauvé beaucoup de chiens dans ma vie..."
Nadia Dubar, victime d'une attaque de chiens
Des proches démunis et choqués
Lorsque Nadia Dubar parle de la vie "gâchée" de sa famille, elle parle notamment de son mari, Thierry, profondément choqué depuis les faits. L'homme se sent démuni. "Il faut accepter ce qu'il s'est passé", souffle-t-il.
Pour autant, Thierry Dubar s'inquiète que d'autres personnes puissent subir le même sort que son épouse, remarquant que des enfants ou des personnes âgées continuent de passer sur les lieux de l'attaque. "Si sa i ariv' un marmay', li peu mort", se soucie-t-il.
"Lé dur de retenir la colère. La vie lé gâchée".
Thierry Dubar, mari de la victime
Depuis l'attaque, les enfants de Nadia Dubar passent beaucoup de temps au chevet de leur mère. Emmanuelle Robert, leur fille, est aussi en colère contre le voisin, propriétaire des deux animaux mis en cause. "On ne peut pas avoir deux molosses comme ça chez soi, avec juste un grillage comme clôture, et un portail ouvert", signale-t-elle.
L'inquiétude d'une nouvelle attaque
Le plus inquiétant, considère l'avocat de Nadia Dubard, Me Farid Issé, est que "rien n'a été fait par rapport à ces deux chiens, tueurs en puissance toujours sous la garde de leur propriétaire, et qui peuvent à n'importe quel moment s'attaquer à d'autres passants".
La famille de Nadia pointe aussi du doigt un manque de réactivité des autorités.
"Le jour de l'accident, quand on a contacté les gendarmes, personne n'est venu sur place pour constater dans quelle situation ces chiens ont pu s'échapper. Qui dit qu'il (le voisin, ndlr) n'a pas pu traficoter quelque chose pour minimiser les faits ?", reproche Emmanuelle.
Elle a désormais pour objectif que justice soit rendue pour sa maman.
Une plainte déposée
Une plainte a été déposée deux jours après les faits, le temps que Nadia Dubard sorte de sa prise en charge médicale à l'hôpital.
"La victime est aujourd'hui complètement traumatisée. Elle n'a porté plainte que deux jours après les faits, parce que malheureusement il a fallu une prise en charge importante au niveau médical. Elle a eu une chirurgie réparatrice parce que les blessures sont profondes, extrêmement graves, jusqu'à l'os"
Me Farid Issé, avocat de la victime
Néanmoins cette plainte n'aurait pas été aisée à déposer, signale l'avocat de la victime, Me Farid Issé, évoquant "beaucoup de tergiversations pour que la gendarmerie du Tampon ou le commissariat de Saint-Pierre accepte de prendre sa plainte".
Pour la suite, le conseil de Nadia Dubard réclame l'euthanasie des deux animaux à l'origine de la violente attaque. Une mesure qui peut être décidée par les autorités judiciaires et administratives dans certains cas, au cours d'une mise sous surveillance sanitaire et d'une évaluation comportementale du chien mordeur.
Les précisions de Me Farid Issé, invité sur le plateau de Réunion La 1ère :