Le braconnage persiste à La Réunion. Une dizaine d'éleveurs bovins ont exprimé leur exaspération, ce samedi matin, à la Plaine-des-Cafres. Chaque année, les chasseurs de tangue marron empiètent sur les exploitations privées, ce qui cause alors des dégâts lourds pour les éleveurs.
Des dégâts importants causés par des braconniers
Stress et angoisse font partie du quotidien des éleveurs bovins de Piton Bleu. "La zone de Piton Bleu n’est pas une zone de chasse, malgré la présence des tangues", rappelle Kévin Bègue, éleveur.
Ils prennent le sentier du Piton des Neiges pour accéder à la zone des forêts. Ils vont dégrader tout ce qui est clôture, système d’irrigation et tout ce qui dit botte d'ensilage. Ça fait déjà deux, trois ou quatre ans que ça dure. Les braconniers coupent les clôtures. On a des vaches aux abords des clôtures qui peuvent aller dans les sentiers. Le métier d’éleveur est difficile, et là, ça nous oblige à être sur nos gardes en permanence.
Kévin Bègue, éleveur
Même son de cloche pour Jean-Félix Payet, lui aussi éleveur à Piton Bleu. “Quand na les braconniers, automatiquement na des dégradations sur nos parcelles. Et puis, na tous les excréments des chiens qui restent dans les pâturages et qui causent des maladies aux vaches. I fait quatre ans que nous débatt’ comme ça et les autorités i bouge pas, personne i bouge pas", s'insurge-t-il.
"On ne dort plus la nuit"
Pour lutter contre le braconnage, certains éleveurs sont obligés de rester éveiller la nuit. C'est le cas de Jean-Félix Payet, qui tire la sonnette d'alarme.
Ça nous oblige à faire des rondes dans nos élevages, on ne dort plus la nuit. C'est un vrai stress.
Jean-Félix Payet, éleveur
Les éleveurs interpellent les autorités
Exaspérés par la situation, les éleveurs interpellent le préfet et la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DEAL).
Nous la peur quand nous arrive le matin que les vaches lé sur la route, que les fils barbelés lé coupé, que les tuyauteries de l’eau lé coupé. Tout ça i mét' pas nous bien.
Jean-Félix, Payet, éleveur
En cas d'accident, à qui la faute ?
Si les clôtures des exploitations sont détruites et que les bovins peuvent se promener en forêt et notamment sur les sentiers, la question de la responsabilité des éleveurs pose problème.
"S'il y a un accident avec un randonneur ou avec quelqu'un, comme il s'agit de nos bovins, il en va de notre responsabilité", souffle Kévin Payet.
Écoutez Kévin Payet sur Réunion La 1ère :
On voudrait qu’il y ait plus d’agents de l’Office National des Fôrets (ONF) et de la Police de l’environnement qui fassent des rondes. La gendarmerie est sensible à nos revendications, mais maintenant on veut que ça bouge. Il faut savoir qu’il y a beaucoup de braconnages la nuit, donc il faudrait mettre en place un système efficace.
Kévin Payet, éleveur
Le respect avant tout
Pour Jean-Michel Moutama, président de la Condéfération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), tout est une question de respect.
Les gens ne respectent pas les lieux autorisés pour la chasse tangue. Les gens ne respectent pas le travail des agriculteurs et des éleveurs. Les gens viennent sur les exploitations privées. Les troupeaux de bovins partent en divagation, c’est difficile de les ramener après. On a un problème qui est très grave. On demande aux autorités et aux chasseurs de respecter les zones de chasse et de nous respecter tout simplement.
Jean-Michel Moutama, président de la CGPER
Fin de la saison de la chasse tangue le 15 avril
La chasse tangue se poursuit officiellement jusqu’au 15 avril, mais à cause du braconnage les petits mammifères se font de plus en plus rares dans les zones de chasse dédiées. De leur côté, les éleveurs attendent de pied ferme que des mesures concrètes soient prises par les autorités.